Le Ralentissement Imprévu

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Je cours, cours et cours encore, par ce que je n'ai que ça à faire.

La destination ? Je n'en sais rien.

Le plus loin possible de ces gangs, c'est sur.

Alors, je cours. Je cours à m'en faire mal aux pieds, à avoir les poumons en feu, à ne plus sentir mes jambes.

Les passants m'accordent à peine un regard, malgré mon allure effrénée. Certains m'insultent, me disent que je devrais ralentir, question de politesse.

Je ne fais qu'accélérer.

Alors que j'emprunte une rue peu fréquentée, je trébuche et m'étale de tout mon long.

Mon genoux droit claque sèchement sur le macadam et on peut entendre nettement le bruit d'un os qui craque. Une vive douleur irradie de mon articulation, si forte que j'en ai les larmes aux yeux. Le moindre mouvement manque de m'arracher un cri de douleur, et je n'ai d'autre solution que de me traîner vers le mur le plus proche, gémissant à chaque geste, mon genoux me lançant et ne bougeant plus.

J'essuie une larme de douleur qui a coulée avant de renverser la tête en arrière, me la cognant au mur.

- Aïe ! Fis-je, pour ma tête et mon genoux.

Une larme, ronde et salée roule alors sur ma joue, suivie par une autre, puis encore une autre, et c'est pour finir une armée de petites billes salées qui dévalent mes joues à toutes vitesses.

Je pleure pour mon genoux et pour les conneries que j'ai faites.

Mais non. Je sèche mes joues avec rage, me jurant de ne plus pleurer pour les choix que j'ai faits, car ils sont irrévocables. On ne peut pas les changer, il faut vivre avec.

Je tente de me lever, mais la douleur est trop forte dans mon genoux. On voit déjà qu'il a enflé aux travers de mon jeans sale. Je ne vais aller bien loin, avec un genoux cassé. Mais il faut que j'avance. Sinon Ils vont me chercher. Sinon Ils vont me retrouver.

J'inspire un grand coup, place une main recouverte de ma manche dans ma bouche et prend appui sur une poubelle pour me hisser.

La douleur est telle que je m'en mords férocement la main, créant une nouvelle douleur comme pour oublier la première. Une fois debout, les yeux humides, je lâchais ma main, mordue presque au sang. Mon genoux pendouille mollement le long de mon corps. Je tente d'appuyer un peu sur ma jambe, histoire de faire un pas, mais un cri de douleur m'échappe. J'ai des élancements jusque dans mon cou, comme de grosses veines de douleurs palpitantes.

Je retente mon coup, me plaquant une main sur la bouche pour étouffer mon cri; avançant néanmoins de quelques centimètres.

Je prends une barre de fer, issue sans doute d'une vielle douche, qui traîne à côté de la poubelle et m'en sers comme d'une canne, avançant presque à cloche pied.

J'avance centimètre par centimètre, gémissante, tremblante et en sueur.

Et je marche, marche, et marche encore, me tuant le genoux, manquants de m'évanouir une ou deux fois. Les gens sont plus attentif, sont plus intrigués par cette ado au visage rouge, avec les larmes aux yeux, se tenant à une barre de fer, ne bougeant pas son genoux droit, boitant. Quelques adultes me demandent si je vais bien, et je leurs répond que oui, que je rentre chez moi.

Peuh, la blague !

Quel chez soi ?

Je fini par arriver sur ces grandes routes où l'on ne voit que des champs, qui servent un peu de raccords entre les villes, les villages...

Mon genoux me fait trop mal.

Mais je continue à avancer.

Les voitures avancent vite à mes côtés, mais je n'y prête pas attention, fixant mon regard sur l'horizon, où le soleil commence à se coucher.

Sam, que Dieu le bénisse, m'a fait gagner de précieuses minutes en me laissant partir. Même s'il a signalé qu'il m'avait trouvé, les autres mettront trop de temps pour déduire où je suis. Il y a une infinité de possibilité.

Mais un genoux cassé, ce n'était pas prévu, et ça me ralentit considérablement.

- Mad'moiselle Rey, ralentit pas, tu va r'culer ! Lance une voix pleine de sarcasme.

Paniquée, je tourne brusquement la tête, vacillant sur mon genoux valide. Une fourgonnette blanche s'est garée sur le bas-côté de la route. Elle est conduite par une fille, dans la vingtaine. La gosse qui m'a hélée est la passagère, qui me fait de grand signe de la main. Elle doit avoir onze ans, avec ces deux nattes symétriques, ces joues rondes et ses yeux noisettes, un peu comme les miens.

- Ouais, s't'a toi que j'parle ! Me fait-elle.

Je tente de faire un pas en arrière, mais je trébuche dans l'herbe et tombe à la renverse, me mordant la lèvre au sang pour ne pas hurler quand mon genoux blessé rentra en contact avec le sol.

- V'l'à qu'elle est blessée ! Dit la gamine.

J'entends une portière s'ouvrir, puis une autre. Comment m'ont-ils retrouver ? Ce ne sont pas des Enfants Fugueurs Meurtriers, elles sont trop... Comment dire ...? Bien habillées ? Civilisées ? Trop bien nourries ? La gamine arrive, vêtue d'une jupe à volant et d'une chemise en flanelle, elle est suivie par l'autre fille, en tenue plus pratique : pantalon ample, t-shit simple, veste militaire, chaude mais pas encombrante.

- Eh ben, t'y blessée, ça s'voit ! Dit la petite fille.

Elle parle bizarrement, avalant des syllabes, parlant trop vite.

- Calme-toi, Gabrielle, lui dit la grande. Et arrête de parler aussi vite, on ne comprends pas un mot sur trois que tu dis !

Je tente de bouger en profitant de la distraction momentanée de la grande pour la petite, mais cette dernière le voix et d'un geste brusque et presque irréfléchi, elle place son pied, chaussé d'une ballerine vernie bleu marine sur mon genoux cassé. Je pousse un cri de douleur, me contractant. La petite fille, Gabrielle, retire immédiatement son pied alors que la plus grande s'agenouille devant moi et sort un canif de sa poche. Je me tortille pour m'éloigner, mais Gabrielle me coupe sec dans mon élan :

- T'y bouges, j'te r'colle mon pied sur t'a g'noux !

Ça me calme direct. La grande roule des yeux, exaspérée par le langage incompréhensible que je pense être sa sœur.

Elle me regarde avec des yeux calmes :

- Tu vois ce canif ?

- Oui je le vois trèès bien, dis-je en lorgnant dessus.

- Je vais découper un trou autour de ton genoux pour évaluer les dégâts, OK ?

Je ne répond pas.

- Gabrielle, tient lui les épaules, ordonne la grande.

- C'est comme s'y c'tait fait ! Vas-y, Aubane !

Minute. Aubane ? Gabrielle ? "A" et "G" ? Vingt ans et onze...

- Vous êtes des Colds Blood ! Criais-je.


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Hey, hey, hey !! Alors ? Un genoux cassé ? Aubane ? Gabrielle ? Qui sont-elles ? Juste une pitite faveur : proposez-moi des prénoms, peu importe le genre, qui commencent en "B" et en "H", please. Vous comprendrez pourquoi dans le prochain chap' !

Bye, à la semaine prochaine,

@LivraMajor

Enfants Fugueurs MeurtriersWhere stories live. Discover now