Line

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Line.

Line, Line, Line.

Le nom claque dans l'air avec un bruit de fouet. Pas un diminutif, un nouveau nom.

Il est fort. Beau. Nouveau.

Aïka me regarde, ses yeux me fixant avec intensité. Ma jambe me lance atrocement, mais je ne montrerais pas de signe de faiblesse. J'avale ma salive.

- Line, répétais-je.

Comme si elle ne l'avait pas bien entendu. Le  nom se répercute en écho dans le couloir, et Aïka cille. Elle peine à comprendre. Finalement, je tourne les talons et descends les escaliers. On pourrait prendre ça pour du jean-foutisme, mais j'ai juste mal à la jambe. Un genoux cassé, ce n'est pas une sinécure ! J'entends Aïka qui court, dévale les escaliers qui me précèdent, à toute blinde. Qu'elle se torde une cheville ! Pour ce que ça me ferait !

Je m'avance. Je claudique. Aïka va rapporter au grand manitou, le tout puissant et tellement sage Elias, Arthur, ce petit crétin qui ne mérite même pas une rognure d'ongle, va bien rire, Calie, cette sorcière, va se foutre de moi, Alex va baisser les yeux avants de chercher à me voir. Faut que je sorte, que je prenne l'air, je suis entrain d'étouffer, de m'asphyxier, de mourir à petit feu. Line, Line, mais quelle connerie, encore ! Elle va me tuer, elle m'enfonce un couteau dans le dos, elle me forcit le cœur,  mais à quel prix, hein ? J'ai déjà perdu, de choix, ma famille. Mes amis. Ma ville. J'ai tout quitté pour une fugue toute bête, que, oui, je regrette amèrement. Mais pour rien au monde, pas la fortune de Bill Gates, pas la beauté d'une actrice, pas l'amour d'untel, rien, je ne rentrerais chez moi. Jamais. J'ai fait une croix là-dessus, au stylo bic, on ne peut pas revenir dessus. On assume.

Alors on avance, on bombe le torse, on lève le tête, on redresse les épaules, on offre un beau sourire à l'assistance par ce que faut bien jouer la comédie, peut-être qu'à force de jouer les dure on en deviendra une, peut-être qu'à force sourire faussement on sourira vraiment, peut-être qu'à force de faire semblant d'oublier, on oubliera vraiment.

Je l'espère. Je le crois.

Clac, clac, clac, fait mon plâtre sur le sol de béton gris.

Pom, pom, pom, fait mon cœur dans ma poitrine.

Boum, boum, boum,  fait mon poing contre le mur.

Plic, ploc, plic, font les gouttes de sang sur le sol.

Calc, clac, clac, fait mon plâtre dans les escaliers.

Pow, pow, pow, fait le sang qui pulse dans mes tempes.

Cric, crac, cric, font les griffures de mes ongles contre la serrure de la porte.

Blam, blam, blam, fait mon épaules contre le métal.

Cri, cri, cri, fait la porte qui s'ouvre en grinçant.

Plic, ploc, plic, fait mon sang sur le sol.

Fiuuuu, fait le vent qui souffle.

Clac, clac, clac, fait mon plâtre sur le toit.

Boum, boum, boum, font mes poings sur le muret.

Ploc, plic, ploc, font mes larmes sur le sol.

Grrr, grrr, grrr, font mes dents en grinçant.

Bram !, fait mon corps sur le béton.

Pom, pom, pom, pom, fait mon cœur contre mes côtes.

T'es foutue, t'es morte, Line n'est rien, fait ma tête...

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Heeeeeeeeey ! Un chapitre assez court, mais c'est pour, je pense que vous le comprendrez, montrer ce qui ce passe un peu dans la tête de cette petite. Qu'en avez vous pensé ?  Au fait, vous aimez les NDA, en fin de chapitre ? Faites vos suggestions, vos idées, vos théories sur la suite dans les commentaires ;-)


Enfants Fugueurs MeurtriersWhere stories live. Discover now