- C'est vrai? Me demanda une fille de seize ou dix-sept ans.
- Quoi donc ? Répondis-je sèchement.
- Que tu as défoncé un poteau pour rentrer au lieu d'escalader.
Encore une ! C'est la septième qui vient me demander ça. Et dès que je le confirme, ils me regardent craintivement et s'en vont.
- Oui.
La fille me regarde de haut en bas avant de dire :
- C'est Roxie qui me l'a dit. Je ne l'ai pas crue sur le moment...
- C'est chose faite, j'imagine, dis-je.
La fille me regarda curieusement. Je brisais le silence :
- Tu n'aurais pas vu Aïka ?
- Je l'ai vue sortir de chez Elias blanche comme un linge, puis filer dans sa chambre.
Aïe. Si elle à des soucis, ce sera à cause de moi.
- Tu peux me montrer sa chambre ? Demandais-je à la fille.
- Ce sera la tienne également.
- Pourquoi ? Dis-je en suivant la fille.
- Quand on ramène une recrue, celui ou celle qui l'a trouvé devient son mentor et veille à ce que la recrue finisse marquée... mais vu que tu l'est déjà, je ne sais pas trop ce qu'il va ce passer.
Je ne répond pas, tout simplement par ce que je n'aie rien à dire. La fille me fait descendre un étage, pour me retrouver dans l'ancienne aile résidentielle. Elle me guide vers une pièce fermée par un rideau rose fluo. Elle me fait signe d'entrer avant de repartir. Je souffle un coup et pousse le rideau. Je découvre Aïka, la mine sombre, assise sur son rebord de fenêtre. Je tousse pour signaler ma présence mais elle ne bouge pas. Je m'assois donc en face d'elle :
- Aïka, qu'est-ce qu'Elias t'a dit ? A propos de ma marque ?
- Il m'a dit qu'il verrait s'il te gardait. Que tu avais passé l'épreuve du grillage haut la main. Mais ce n'est pas pour ça qu'il était furax.
- Pourquoi l'était-il ?
Aïka retourna une mine renfrognée vers moi, sembla hésiter, puis me dit tout bas :
- Tu sais garder un secret ?
- Bien sûr, dis-je.
- Tonio est mon frère, soupire t-elle. On n'est pas des fugueurs. On est des Enfants de la Ville.
- C'est quoi, des Enfants de la Ville ?
- C'est quand la mère accouche mais ne déclare aucun de ses enfants. Pas de papiers pour eux, donc. Ces enfants là vivent souvent dans la rue, parfois toute leurs vie. Tonio et moi sommes comme ça. Puis on a trouver refuge chez les E.F.M. C'est devenue ma famille. Mais quand Tonio est partit, j'ai regretté de ne pas avoir passé plus de temps avec lui.
Elle soupire et colle sa tête au mur :
- Elias était furax par ce qu'il sait que je rendais visite à Tonio. Et il à peur que je lui livre des infos sur les Enfants Fugueurs.
- Mais tu ne l'as pas fait ?
- Non, même si Tonio aimerait bien. Il a choisi de faire un nouveau gang, de se faire un camp. Moi je reste ici. Mais Elias redoute une chose plus que tout.
Je me relève pour fouiller dans les yeux d'Aïka, mais je ne vois rien.
- De quoi a-t-il peur ? Questionnais-je.
- Il à peur des liens du sang, lâcha AÏka du bout des lèvres.
- Je ne comprends pas, avouais-je.
Aïka se leva pour aller s'assoir sur un matelas posé au sol.
- Les liens du sang, c'est comme un élastique avec un point d'attache. Si tu tires sur l'élastique, il s'éloignera. Mais il te reste deux solutions : soit le liens casse, soit le lien repart vers son point d'attache. C'est ça qu'Elias redoute : que mon élastique revienne vers Tonio.
J'acquiesce, même si je ne comprends pas trop. Aïka se lève et se tourne vers moi :
- Tu as mangé ?
Je fait non de la tête.
- Bouge pas, je te ramène une assiette.
Elle passe le rideau rose fluo et disparaît. Je m'assois sur le matelas et détaille la pièce. Je peux dire qu'en y regardant bien, je peux voir que c'était la chambre de deux ados, assez proches. Il y a des traits de taille, des mains de peinture, un "A" et un "T" entrelacés dans un coin et d'autre petits dessins fait à la bombe. Aïka semblait vraiment inquiète. Vu comment on m'a décris Tonio, j'ai du mal à croire qu'il ait un lien avec la douce Aïka qui m'a offert un sandwich. Du coup, le gang des B.E.E, c'est le frère d'Aïka qui le dirige. Les trois types devaient être au courant, vu comment ils nous on traité. Pauvre Aïka ! Elle est prise entre deux feus, entre la loyauté et son frère. Son élastique est des plus tendus, et il va bientôt casser... ou retourner à son point d'attache, comme Elias le redoute. Qu'est-ce qui se passerait, si l'élastique retournais vers Tonio ? Est-ce que ça signifierait la fin des Enfants Fugueurs Meurtriers ? Combien de gosses se retrouverait à la rue ou dans des foyers, dans ce cas ? J'entends des pas dans le couloir de béton et je me prépare un sourire alors que ma mentor revient, deux assiettes fumantes dans les mains. Elle s'assoie en tailleur devant moi en me tendant une assiette :
- C'est du ragoût, me dit-elle. J'espère que tu as faim.
- Je meurs de faim!
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Helllllo ! Que pensez-vous de la révélation du fait qu'Aïka et Tonio soient frère et sœur ? Pensez-vous Aïka fidèle aux E.F.M ou à son frère ? J'attends vos petits commentaires !
A la semaine prochaine,
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Enfants Fugueurs Meurtriers
ActionEline est en fugue. Elle est recherchée. Elle crève la dalle. Elle ne tiendra pas longtemps. Mais voilà qu'elle rencontre Kaylie, qui lui fait miroiter l'espoir d'un refuge, où elle sera en sécurité, et surtout, où elle ne risque pas de se faire tro...