Aaron baille, assis à une table. Il est presque envieux de Camilla, qui fait les comptes dans son bureau. Il a essayé d'aller l'aider, mais elle l'a congédié parce qu'il la distrayait. Il est donc retourné dans la salle principale, déçu. Pourtant, faire les comptes est une activité inintéressante au possible. Mais en ce jour pluvieux -d'après lui, pluvieux est un euphémisme pour décrire cet après-midi-, il n'y a aucun client, et il a déjà fait tout ce qui pouvait être fait. Il a nettoyé toute la salle du sol au plafond, les chaises, les tables, le bar, le billard, le jeu de fléchettes, les verres, les décorations (...). Il s'est même entraîné à faire de nouveaux cocktails et est allé aider le cuisinier.
Mais il est finalement arrivé (trop vite à son goût) à court d'idées d'occupations. Aussi s'est-il assis devant la télévision, mais aucun programme n'est, jusqu'ici, digne d'intérêt.
Pas de client. Ni Blanche, ni Laia, ni Nate.
En parlant de Nate...
Il s'est écoulé trois semaines depuis la réception. Dans les premiers jours qui ont suivi, il n'a pu s'empêcher d'imaginer Léo passer la porte du bar. Puis il s'est rendu à l'évidence : le jeune homme lui a juste demandé l'adresse, pour y passer. Il ne lui a pas fait de promesse, ne lui a pas donné de rendez-vous. Il passera sûrement un jour, presque par hasard. Ou alors il a juste demandé par politesse, mais ne compte pas venir le voir. Si ça avait été le cas, il lui aurait demandé son numéro. C'est ce qu'Aaron aurait fait. Et pourquoi il ne l'avait pas fait, lui-même, d'ailleurs ?
Ce n'est pas qu'il est obsédé par ce jeune homme, qu'il n'a côtoyé que l'espace de quelques malheureuses heures. Mais ces quelques heures partagées avec Léo lui ont laissé une impression d'inachevé. Il a le sentiment que le châtain est le genre de petit soleil rayonnant que sont certaines personnes. Ces gens qui, naturellement, ajoutent mille couleurs à la vie. Ces gens qui rendent votre vie merveilleuse quand vous l'aimez, ces gens qui la rendent plus vivable puis fantastique quand vous la trouvez morose.
Aaron n'est pas un homme déprimé, ni froid, mais il a sa petite routine et il en sort peu. Il fait les choses comme il les pense, et se laisse peu entraîner (sauf par Nate et Laia, mais ces deux énergumènes sont des cas particuliers). Et Léo, l'espace de quelques heures, a tout chamboulé. Il lui a fait apprécier une réception à laquelle il s'est rendu la mort dans l'âme, ce qui est un exploit.
Alors le bouclé veut encore que Léo lui parle, qu'il enchaîne les questions sans qu'il puisse le suivre, il veut bien, même, l'écouter faire un monologue de plusieurs heures.
Léo est un peu comme Nate, mais avec quelque chose d'autre. Il a ce grain de folie, cet humour qu'Aaron a toujours adoré chez son ami blond, mais il y a autre chose. Le brun a eu l'impression qu'une certaine proximité s'était tout de suite installée entre eux.
En quelques heures.
Il a tout de suite eu l'impression que Léo était fait pour être dans sa vie. Peut-être pas pour être son meilleur ami, parce que Nate trône à cette place depuis tellement longtemps que son postérieur doit avoir fusionné avec ce trône. Mais peut-être pour être un ami proche.
Sauf que.
Sauf que peut-être que Léo a juste demandé l'adresse du bar par politesse, et qu'il est bien trop occupé pour repenser à Aaron. Après tout, il était à cette réception. Il y était vraiment. Il n'était pas venu en touriste, comme le bouclé. Alors sûrement qu'il avait bien d'autres choses à penser que venir dans le bar de Camilla pour dire bonjour à son barman.
Et Aaron n'a pas demandé son numéro.
Parce que, qui est-il pour s'imposer dans la vie des gens ?
Mais il aimerait bien avoir une machine à remonter dans le temps pour rectifier cette erreur. Au moins pour savoir si Léo pourrait, parfois, avoir une pensée pour lui, ou si vraiment il s'est fait des films avec cette histoire de proximité.
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Pinky promise [Terminé]
Romance-C'est en bonne voie. Mais promets moi de le garder pour toi, d'accord ? Aaron lui lance un regard espiègle : -Quoi ? Demande-t-il en riant. -Promets moi de le garder pour toi. Tout ça. C'est entre nous, d'accord ? -Heu ok, si tu veux ? -Eh, ça ma...