69 - Passé

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Deux semaines plus tard, Aaron est réveillé par le soleil, qui lui brûle la peau. Et Léo, dans son dos, ayant approximativement la même température qu'une bouillote, n'arrange rien. Mais il n'ose pas se détacher de lui. Il n'ose plus se détacher de lui. Parce que depuis qu'il l'a retrouvé, le jeune homme ne le lâche plus d'une semelle. Et ça ne dérange pas Aaron. Ça lui plaît, en fait. Lui aussi ne lâche pas Léo d'une semelle. Quand ils dorment ou lorsqu'ils regardent un film, dans leur canapé, ils sont emmêlés. Ils se tiennent, s'accrochent l'un à l'autre. Le bouclé a peur d'avoir l'air trop collant, d'envahir l'espace de son petit ami lorsqu'il serre fort sa main, glisse son bras dans son dos pour le rapprocher encore de lui, mais il a besoin d'être près de lui. Le plus possible. Et il sait que cela ne dérange Léo, bien au contraire. Il sait que cela le rassure, de se sentir à nouveau proche de lui. De ne plus avoir l'impression de marcher sur des œufs. Il sait que Léo aime lorsque le brun lui attrape les bras et le tire sur ses genoux pour le serrer fort, sans raison apparente. Lorsqu'il se blottit contre lui. Lorsqu'il lui susurre des mots doux à l'oreille. Il n'ose plus se détacher de lui, et le châtain semble ne pas vouloir le faire non plus.

Aaron s'était éloigné parce qu'il était brisé, mais il se rend compte maintenant à quel point être distant de Léo lui a fait du mal. Il lui a beaucoup trop manqué. Bien sûr, il n'est pas encore totalement remis. Le fait est qu'on ne se « remet » pas. Il n'y a pas de retour en arrière. On apprend à vivre avec, c'est tout. Les choses sont plus faciales, peut-être, mais elles sont toujours là, bien sûr. Disons qu'il n'est plus brisé. Les morceaux se recollent petit à petit. Il faut dire que le fait de retrouver sa vie et de retrouver Léo lui a fait faire un bond en avant.

Il faut dire qu'après que son petit ami lui ait secoué les puces, ils ont eu une longue conversation, qui a été comme un exutoire, pour lui. Une conversation de plusieurs heures. Il a beaucoup pleuré, tellement qu'il a eu les yeux gonflés le lendemain. Mais il a pu évacuer ce qu'il gardait au fond de lui pendant les dernières semaines. Il a pu dire à quel point Blanche lui manquait. À quel point ça lui rappelait la perte de sa mère. À quel point (et malgré le fait qu'il ait Léo et les autres auprès de lui) il se sentait seul, sans elle. Il a pu parler, tout simplement. Et le châtain l'a écouté, l'a serré contre lui, a embrassé ses cheveux quand un sanglot soudain l'empêchait de continuer sa phrase.

Et puis, les jours suivants, ça allait mieux. Il n'avait plus ce poids sur les épaules, ou du moins, il ne le portait plus seul. Il ne se sentait plus complètement vide. Il a même fini par se remettre à manger normalement, au fur et à mesure. Léo y a bien contribué, surveillant de près ce qu'il avalait.

Maintenant, le souvenir de Blanche est une douleur plus légère, plus supportable.

Il s'étire doucement, prenant garde à ne pas faire bouger Léo contre lui, à ne pas le réveiller. Il sent son souffle dans ses cheveux, il ronfle doucement, parfois. Il remue le plus doucement possible pour attraper son portable sur la table de nuit, et regarde ses messages :

Thomas : Coucou. Je reviens faire un tour en ville, demain. On pourrait se voir ?

Laïa : Thomas va venir.

Nate : Salut trou d'cul, Thomas revient !

Il hausse les sourcils, s'attendant presque à voir des panneaux publicitaires dans les rues lui annonçant la venue du jeune homme. Puis il plisse les lèvres. Voir Thomas, hein ? Il imagine déjà la mine de Léo se décomposer, il imagine déjà le jeune homme bouder ou s'énerver. Il faut dire que dès le départ, il ne l'a pas aimé. Il sait maintenant que derrière le « je ne l'aime pas parce qu'il t'a trompé », il y avait une part de « je ne l'aime pas car tu l'as aimé », mais dans les faits, ça ne change rien : le châtain n'apprécie pas son ex.

Pinky promise [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant