Cinquième année : Abus de pouvoir

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La cinquième année était une année redoutable, aux dires de chacun des professeurs de Poudlard. En effet, à la fin de l'année scolaire, l'examen des BUSE attendait les élèves. Ils avaient bien eu des examens, à la fin de chacune des années précédentes, mais cela n'avait pas grand-chose à voir. En effet, les résultats que chacun obtiendrait à ses BUSE détermineraient les matières qu'il pourrait conserver l'année suivante, et donc les métiers qui lui seraient ouverts.

Mais pour Molly, les BUSE avaient un avantage : elles lui offraient un parfait sujet de conversation avec Arthur. Et pas seulement à l'oral, mais aussi à l'écrit. En effet, la jeune fille avait été interrompue en plein milieu de ses questions à son camarade de classe lors de l'un des repas, dans la Grande Salle. Agacée contre les importuns, elle sortit alors un bout de parchemin et une plume de son sac, et elle gribouilla quelques mots dessus.

« Tu peux me rappeler la loi de Golpalott, s'il te plaît ? »

Elle enroula ensuite le parchemin, avant de le glisser dans le sac d'Arthur. Molly ne savait pas du tout si elle obtiendrait une réponse de sa part, elle oscilla toute l'après-midi entre l'espoir et la résignation. Mais le soir même, un grand sourire illumina son visage lorsqu'elle découvrit un bout de parchemin roulé dans son sac qui ne portait pas son écriture à elle, mais ces mots : « Bien sûr, mais ce sera plus facile de vive voix. Quand est-ce que tu veux qu'on fasse ça ? ».

La jeune fille s'empressa de lui répondre de la même manière en glissant un parchemin portant son prénom sous la porte du dortoir des garçons de sixième année : « Demain treize heures à la bibliothèque, ça te va ? ».

« Plutôt à seize heures trente, sinon ça risque d'être trop juste avant la reprise des cours. » contenait le mot plié qu'elle reçut peu après, et qui était arrivé en volant. Décidément, c'était bien pratique d'être tous les deux à Gryffondor !

Le lendemain, à la bibliothèque, Arthur se montra tout d'abord gauche et intimidé. Mais Molly prit rapidement les choses en main. Elle leur trouva une table libre dans un coin un peu isolé et sortit ses affaires de classe. Le jeune homme restait droit sur sa chaise, crispé, et elle se demanda avec un pincement au cœur s'il appréciait d'être là avec elle.

Mais dès qu'elle mit sur le balai le sujet qui lui avait servi de prétexte, la loi de Golpalott, Arthur s'anima aussitôt et se mit à lui expliquer avec passion et de manière détaillée son fonctionnement. Et très vite, la jeune fille se sentit obligée de prendre des notes. Elle n'imaginait pas qu'il en savait autant sur le sujet, ni que ce serait aussi intéressant !

Malheureusement, pas la moindre trace d'avancée dans le domaine qui l'intéressait vraiment : inciter Arthur à se rapprocher d'elle. La veille, lors de leur échange de petits mots pour se donner rendez-vous, Molly s'était persuadée qu'il savait où elle voulait en venir et qu'il jouait le jeu. Pourtant, maintenant qu'il lui expliquait la loi de Golpalott, Arthur ne semblait pas spécialement enclin à répondre à son flirt, au grand dam de la jeune fille... Un peu déçue, Molly se concentrait sur sa prise de notes, tout en se promettant de renouveler ses tentatives.

Le soir même, tandis qu'elle cherchait en vain le sommeil, elle repensa longuement à leur entrevue. Elle prit le temps de décortiquer soigneusement chacun des gestes et des paroles d'Arthur pour essayer de déterminer si, oui ou non, elle avait une chance avec lui. À force de repenser aux mêmes moments, Molly finit par se convaincre qu'elle avait vu, dans certaines attitudes d'Arthur, une preuve qu'il l'appréciait vraiment.

Et comme elle était une personne déterminée, dès le surlendemain, elle glissa un nouveau mot dans les affaires du jeune homme : « Est-ce que tu peux m'expliquer les révoltes gobelines dont Binns nous rabat les oreilles, s'il te plaît ? Je n'y comprends pas grand-chose, c'est mal barré pour les BUSE... ». La réponse ne tarda pas : « Ce n'est pas mon point fort mais je veux bien essayer. Ce soir à dix-sept heures, toujours à la bibliothèque, ça te va ? ».

Évidemment, ça lui allait très bien, parfaitement bien, même.

C'est ainsi que, petit mot après petit mot, Molly se prépara à ses BUSE, travaillant plus efficacement qu'elle ne l'avait jamais fait. Arthur l'aidait toujours aussi volontiers, et ses excellentes explications avaient aidé la jeune fille à obtenir de bien meilleures notes tout au long de l'année, ce qui lui attira, au passage, les félicitations de ses professeurs et de ses parents.

Malheureusement pour elle, Arthur ne semblait pas avoir compris son manège. Malgré un certain nombre de remarques de leurs camarades respectifs. Plusieurs des amies de la jeune fille tentèrent de lui faire comprendre que c'était une cause perdue. Mais Molly refusait de baisser les bras. Elle était persuadée qu'il fallait seulement qu'Arthur ouvre les yeux !

La fin de l'année scolaire approchait, aussi décida-t-elle de tenter le tout pour le tout.

« Arthur, j'ai besoin qu'on parle... As-tu déjà visité Poudlard de nuit ? Rejoins-moi à minuit devant le tableau de la Grosse Dame, c'est important. Molly »

Décontenancé par ce message, le jeune homme ne savait tout d'abord pas quoi répondre, mais finit par lui envoyer un « J'y serai. » laconique.

Cette nuit-là, ils déambulèrent à travers le château tout en parlant de choses et d'autres, et surtout en évitant les professeurs et le concierge qui patrouillaient. À son grand dam, Molly ne réussit pas à mettre le sujet qui l'intéressait sur le balai : à chaque fois, Arthur semblait biaiser.

Néanmoins, le temps fila sans qu'ils ne s'en aperçoivent. Il n'y avait quasiment plus de rondes, et ils relâchèrent inconsciemment leur attention. Un peu trop, malheureusement : le concierge, Apollon Picott, les surprit au détour d'un couloir. Molly s'enfuit aussitôt, tentant d'entraîner Arthur à sa suite. Mais c'était peine perdue, le jeune homme était resté figé, incapable de réagir, et le concierge empoigna son bras pour l'entraîner et l'emmena de force.

Molly ne dormit pas très bien, cette nuit-là, rongée par l'inquiétude. Lorsqu'elle vit Arthur à la table de Gryffondor, le lendemain matin, le soulagement la submergea. Mais il fut de courte durée. Le jeune homme semblait particulièrement pâle et tendu, et se tenait d'une drôle de manière. Comme il était entouré par ses amis, elle n'osa pas l'aborder directement, mais préféra lui glisser un petit mot discret : « Tout va bien ? Tu ne m'en veux pas d'être partie ? »

La réponse ne tarda pas trop, heureusement : « Non, tu as bien fait de partir, j'aurais dû faire de même. Le concierge n'est pas très... conciliant... Je te raconterai, si tu veux. » Si elle voulait qu'il lui raconte ? Évidemment ! « Je suis toute prête à t'écouter. On se retrouve où et quand ? » « À la bibliothèque à dix-sept heures. »

Attendre aussi longtemps parut bien long à Molly, mais elle finit par retrouver Arthur dans le calme de la bibliothèque. Là, il lui raconta ce qui lui était arrivé : pour le punir de s'être trouvé aussi tard dans les couloirs, mais aussi frustré de n'avoir pu attraper que lui, le concierge lui avait durement fouetté le dos.

Horrifiée, Molly se confondit en excuses. Elle n'avait absolument pas voulu cela ! Arthur la rassura, il ne lui en voulait pas du tout.

Suite à cet épisode malheureux, apprenant ce qui s'était passé, deux des camarades de dortoir d'Arthur eurent une discussion franche avec lui. Ils tentèrent de lui faire avouer qu'il sortait avec Molly. Sans succès, évidemment. Mais, en apprenant tout ce qui s'était passé entre les deux jeunes gens durant l'année, ils lui ouvrirent les yeux : la jeune fille désirait certainement sortir avec lui.

Molly, quant à elle, était tellement révoltée par ce qui était arrivé à Arthur qu'elle finit par prendre son courage à deux mains, et aller en parler au professeur Dumbledore lui-même. Avec fougue, elle argumenta sur les méfaits des sévices corporels, prenant appui sur les écrits d'un médicomage réputé, Olivier Maurel. Le professeur Dumbledore l'écouta attentivement. Il lui répondit calmement, comme il l'aurait fait avec un adulte, et lui promit de tenir compte de ce qu'elle lui avait dit.

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Je n'ai pas inventé l'histoire du concierge frappant Arthur, je l'ai volontairement reprise des livres de Harry Potter, Molly racontant cette anecdote à un moment.

Ouvrir les yeux - Harry PotterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant