Buck et Édouard avaient enfin pu se reposer après leur journée de marche et la nuit d'hier. Il était un peu plus de midi, ils étaient attablés dans l'auberge devant un repas chaud et assez consistant pour le prix qu'ils avaient payés, cependant ils avaient dû se passer d'alcool. La salle était plutôt bondée, à cette heure se côtoyaient des personnes de toutes les horizons, comme des voyageurs jouant aux dès, des marchands aisés échangeant des bourses, des soldats prenant leurs repas ou bien des troubadours jouant des airs de tambours et de luth populaires. Peu après la fin de leur repas l'animation de la salle se stoppa net quand un homme plutôt jeune ouvrit violemment la porte, interrompant les conversations, les chopes et les serveuses. Il s'exclama.
- Venez tous ! Il va y avoir une exécution publique !
La salle reprit vie, cependant les activités cessèrent et la foule effervescente commença à sortir de l'auberge pour assister à l'événement. Au milieu de ce mouvement de masse Édouard et Buck suivirent le pas et accompagnèrent les gens dans la rue qui se dirigeaient vers la place de la ville. La foule s'amassait, presque toute la ville était présente, autour d'une estrade sur laquelle un homme debout sur un billot, une corde pendant d'une poutre attachée autour de son cou. Une autre estrade était installée, cette fois excentrée de la place et accolée à un bâtiment. Sur celle-ci on pouvait y voir une petite tente chapiteau ouverte, avec dessous deux trônes en bois ou était assis le Baron Gruenewald, seigneur du château et à sa droite une jeune femme. Édouard et Buck arrivèrent à une distance leur permettant de mieux voir la scène. Soudain Buck s'exclama.
- Hé mais !?
Cependant il fût coupé par un coup de coude que lui avait donné Édouard pour le faire taire. En effet tout deux avait reconnu l'homme qui se tenait sur le billot et malgré le fait que Buck l'ai verbalement exprimé, tout deux était dans un mélange d'incompréhension, d'incrédulité et de questionnement vis à vis de la situation. L'homme qu'ils avaient reconnu n'était autre que Lucien Goulart l'homme qu'ils devaient rejoindre dans leurs étape d'après, la ville de Wiedeldörf. Un homme en armure sur l'estrade, qu'il reconnurent comme étant le prévôt, sorti un rouleau de parchemin, s'éclaircit la voix et commença à lire.
- Lucien Goulart, vous êtes condamné par la présente pour acte de violation de domicile dans le château de Bellon, délit de fuite et tentative de meurtre sur la personne de damoiselle Aurore Gruenewald, fille du Baron Éric Gruenewald. Vous êtes condamné à la pendaison.
À la fin de sa tirade le prévôt fit signe au bourreau, qui resserra la corde autour du cou de Lucien, puis se tourna vers le Baron. Celui ci fit un léger mouvement de tête. Le prévôt leva le poing puis l'abaissa pour indiquer au bourreau de retirer le billot. Juste avant que le billot fût poussé, Lucien cria.
- Aaern'ehtvarn faerlteïnem !
La fin de ses mots se perdit dans le bruit de l'étranglement de sa gorge après sa chute. De la foule un questionnement général apparût, les gens chuchotant entre eux, soulevant des interrogations sur les derniers mots du condamné. Le Baron était lui aussi en pleine réflexion, il n'avait aucune idée de la signification de ses mots, et cela malgré le fait qu'il sache parler l'ancien dialecte et ai des notions du langage sacré. Il se fit extraire de ses pensées par la voix de sa fille.
- Père, je pense qu'il serait temps de rentrer.
Le Baron se leva, suivi de sa fille, il délaissa au prévôt le soin de s'occuper des dernières modalités de l'événement et accompagnés d'une cohorte de gardes, ils rentrèrent au donjon. Arrivés dans la grande salle, Aurore retourna dans ses appartements, tandis qu'Éric alla jusqu'à la salle du conseil. Il ordonna à son chambellan de quérir la présence de son mage de cours et s'assit sur un siège, la tête dans les mains pour réfléchir.
- Ai-je bien fait de condamner cet homme de la sorte ? Après tout, à part le fait de l'effraction dans le château et sa présence, un couteau à la main, dans la chambre d'Aurore, il n'a pas tenté quoi que ce soit. De plus il ne s'est pas débattu quand on l'a attraper et il affirmait, quand on l'a interrogé, qu'il ne lui voulait aucun mal. Malgré tout je suis tenu par la loi de condamner cet homme.
- Mon Sir, vous m'avez fait mandé ?
Une fois de plus Éric sorti de sa torpeur, son mage de cour se tenait debout face à lui, de l'autre côté de la table, il ne l'avait pas entendu arrivé.
- Ah Viktor ! Oui assis toi, je voulais te voir, sait tu ce qu'a dis le condamné pendant la pendaison ou connaît tu la langue qu'il a parlé ?
Le mage s'assit à droite d'Éric
- Non seigneur, pardonnez moi, je n'ai aucune idée de ce que peut être ce langage, il est certain que ce n'est ni de l'ancien dialecte, du langage sacré, du parlé de Körgoïn ou bien la langue de création.
- Hum...C'est donc une langue qui n'est pas censé être connu par beaucoup de personnes.
- C'est peut être un dialecte d'une sous-culture mon Sir.
- Ou bien un langage secret...
Soudain le chambellan arriva affolé dans la pièce, interrompant la réunion.
- Sir ! Sir ! Dame Aurore a disparu !
Éric se leva de fureur et commença à marcher d'un pas rapide en direction de la chambre de sa fille.
- Où sont les deux gardes que j'avais affectés à sa protection permanente ?!
- Ils ont disparûts aussi Sir.
Éric ouvrit violemment la porte de la chambre et y découvrit une pièce vide, les meubles étaient dérangés et les draps du lit a baldaquin tombés à terre. Eric entra et examina les traces de luttes par terre et de couteaux sur les draps. Soudain la porte se claqua dans son dos, il se retourna et entendit un cliquetis de clé dans la serrure. Il accourut à la porte et tenta de l'ouvrir, mais elle était fermé a clé. Eric savait qu'il serait impossible de forcer la porte, il avait lui même demandé de la changer pour une plus solide après l'attaque sur sa fille. Il tambourina à la porte en appelant son chambellan, mais aucune réponse ne se fit entendre. Une odeur de fumée lui parvint alors jusqu'aux narines, il faisait de plus en plus chaud dans la pièces et la porte était brûlante au toucher. Elle commença alors à s'embraser, Éric recula, et chercha un moyen de stopper le feu qui commençait à se propager sur les murs et le plafond de la pièces. Les draps était trop déchirés pour pouvoir aider et aucune sources d'eau qui aurait pu s'avérer salvatrice n'était présente dans la pièce. La fumée qui s'accumulait au plafond commençait à gagner du terrain et a descendre progressivement. Il faisait une chaleur infernale, les murs était ronger par les flammes. Les cendres et les braises ardentes se répandaient sur le sol en pierre et le feu se propageait au mobilier, resserrant l'étau autour du Baron. Éric commençait à suffoquer, l'air devenait rare et vicié, la teinture des tissus brûlés avaient une odeur âcre, Éric était démuni, cherchant une solution qui ne venait pas. Soudain il eu une idée, une idée risquée, déplaisante et dangereuse mais c'était sans doute la seule. Il se tourna vers la fenêtre de la chambre et l'ouvrit, un peu de fumée s'échappa mais la plupart resta, le mobilier commençait à s'effondrer sur lui même, resserrant encore l'espace d'Éric, il regarda par dessus la fenêtre, il aperçu, à une douzaines de mètres en dessous de lui, les douves sales entourant le donjon et le logis seigneurial. Pris de vertige il recula, mais il eu alors les flammes dans le dos, il retourna à la fenêtre. Si il ne sautait pas il était conscient qu'il mourrait brûlé, cependant l'idée de sauter où même juste de regarder le vide le hantait depuis tout petit. Il n'avait pas le choix, il ferma les yeux pris une bouffée d'air encore frais, se pencha tout en gardant les yeux fermés. Il sentait dans son dos les flammes se rapprocher de plus en plus. Il attendit le dernier moment, que la chaleur fût insoutenable, mais son instinct de survie le poussa à sauter, et dans un grand et long cris de peur il tomba dans le vide et atterrit violemment dans l'eau.
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Le Baron Gruenewald
FantasyLe Baron Gruenewald est un noble homme fier, honnête et juste, un baron comme il devrait y en avoir plus souvent en royaume de Tolen. Cependant il se voit un jour, contraint de quitter son titre, ses terres, et son château afin de poursuivre un obje...