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||FIFTEEN||

La nuit semblait soudain encore plus lourde que précédemment. Un silence monstre était tombé sur la rue menant à la maison étudiante et à l'université elle-même. Les derniers éclats de rires et dernières notes de musique avaient sonnés la fin d'une nuit de débauches et de joie. Tout semblait calme, hors du temps, comme une vieille photographie monochromatique que l'on aurait saisie sous la garde de la nuit étoilée ; ne laissant que les passants s'imaginer le reste du tableau. Il était tard, à l'heure où les fuyards et déprimés du clair de lune se pavanent sur le corps de Morphée, dansant sous une couverte lumineuse, chantant au désespoir et priant de ne jamais voir le soleil se lever de nouveau.

Là, au milieu d'une de ces rues sinueuses et seules, se trouvaient deux âmes égarées, pessimistes, défaitistes, rageuses, colériques, abimées, bousculées, bouleversées, ravagées ; comme deux plaies ouvertes, béantes et sanguinolentes dont même la plus forte des sutures ne parviendrait à refermer. Au court des années, elles avaient plus perdues que gagnées, s'étaient plus perdues que trouvées ; s'étaient plus battues que reposées, avaient plus été battues et vaincues que véritablement victorieuses. On aurait pu voir ces deux êtres comme deux petites étoiles éteintes au fin fond de la galaxie, de celles qu'on a oublié et qu'on ne retrouve que dans nos songes, celles qui hantent nos nuits à nos consciences inconscientes. Seulement, au milieu de tout ce brouillard, de cette épaisse nuit froide et solitaire, de cet univers si vaste et terrifiant ; ce trouvait deux âmes apaisées, soulagées, enjouées, rêveuses, joyeuses, souriantes, aimantes, optimistes, confiantes ; comme deux jolies fleurs, nouvelles, délicates et colorées qui venaient d'éclore sous la plus belle des lunes.

Chanyeol se trouvait devant un Baekhyun grelottant de froid, ses fins bras serrés autour de son corps dans l'espoir de gagner un peu plus de chaleur. Ses cheveux sombres tombés sur son front, ses yeux profonds semblaient se perdre dans la noirceur de la nuit, son visage poupon était marqué par de larges rainures noirs créées par son maquillage ; le plus grand des deux ignorait si cela était dû à l'eau ou bien aux probables larmes du plus petit. Ce dernier était toujours habillé de cette fameuse tenue qui avait immédiatement attirée l'attention de Chanyeol - et pas que la sienne d'ailleurs - ce dernier étant sur qu'elle le hanterait encore pendant des nuits. La peau laiteuse des hanches de Baekhyun était visible, laissant tout le plaisir de pouvoir observé la montée de roses qui ornait son corps ; ainsi qu'à Chanyeol tout le plaisir de pouvoir imaginer ses mains sur le corps du plus petit. Il en était de même pour ses jambes, soulignées d'un pantalon noir qui le moulait divinement bien, laissant toute la fantaisie d'imaginer le reste, y compris le dessous de ses vêtements.

Cependant, bien plus que le désir du corps et des chairs qui grondait dans l'abdomen de Chanyeol, le désir qui bouillait dans son coeur, jusqu'à ses tempes en passant par son sang, était bien différent ; et il n'en revenait pas lui même. Oui, il avait envie de savoir quels sons Baekhyun était capable de produire, savoir quels points de son corps étaient les plus sensibles ; mais Chanyeol mourrait d'envie de prendre Baekhyun dans ses bras, de le serrait fort contre son coeur, de l'entendre parler pendant des heures et des heures, même de plomberie, tant qu'il lui parlait, tant qu'il le voyait, tant qu'il était près de lui. Chanyeol eut peur de ses pensées, pour la millième fois de la nuit.

- Kyungsoo ne va jamais nous lâcher avec ça, il nous en voudra encore dans 10 ans, grogna Baekhyun.

S'il ne nous tus pas avant, rajouta-t-il en pensée.

- Et tout ça par ta faute !

Chanyeol regretta toutes ses précédentes pensées ; dans l'immédiat, il avait surtout envie de partir en courant loin de Baekhyun.

- Je te signale, juste au cas ou, que c'est toi qui m'a balancé un verre en pleins visage, expliqua calmement Chanyeol en mettant ses mains dans ses poches.

- Tu-

Baekhyun s'arrêta de parler par lui même, fermant les yeux, les poings tout aussi serrer, le souffle court. Il ne savait même pas pourquoi il devait essayer. Il était bien trop fatigué, mentalement et physiquement, pour se battre contre Chanyeol maintenant, ou contre quiconque. Il avait passé sa soirée à se battre avec lui même pour s'empêcher de faire quelque chose qu'il aurait fini par regretter le lendemain. Il était bien trop épuisé pour tenir tête à l'homme qui se tenait devant lui, le même qui ne savait assumer ses responsabilités, celui qui le retournait complètement par sa simple présence, celui vers lequel il était irrémédiablement et constamment poussé. Il décida que c'était mieux de ne plus essayer, d'abandonner ; il préférait le laisser gagner que se perdre lui même.

- Bonne nuit, Chanyeol.

Ce fut soufflé rapidement, doucement, comme un murmure inaudible dans l'obscurité que Chanyeol eut du mal à entendre. Cependant il l'avait entendu, exactement en même temps qu'il avait entendu son coeur se fissurer. Il avait poussé trop loin, il avait fait une erreur ; et Baekhyun lui avait tourné le dos, le laissant seul avec lui-même.

Il ne pouvait pas laisser ça arriver, non, il était hors de question. Alors il se mit en mouvement, tendant son bras vers le plus petit, attrapant le bras de celui-ci. Ca lui fit bizarre, il le sentait si frêle près de lui et dans sa main, il eut peur de le casser. Pourtant, Baekhyun ne bougea pas, ne se cassa pas, ne se brisa pas, non ; il se tourna vers Chanyeol, les yeux rouges, le visage colérique et le regard perçant en direction du plus grand.

- Je ne vais pas te laisser rentrer chez toi dans cet état, tu-

- Depuis quand tu te préoccupe des autres, huh, Park ? la voix de Baekhyun se fit haineuse.

Chanyeol soupira, mais ne laissa pas tomber. Il n'abandonnera pas ; il préférait tout tenter que d'avoir des regrets.

- Arrête. Viens chez moi ce soir, tu vas tomber malade, finit Chanyeol, sa voix étrangement douce et son regard renfermant une émotion que Baekhyun ne parvint pas à comprendre.

Le temps se suspendu à nouveau ; comme une vieille photographie monochromatique prise sur le vif, imprégnant les mémoires des expressions surprises et aimantes des deux hommes se tenant au milieu de la nuit sous une pluie d'étoile, avec comme seule spectatrice la lune recouverte de brume entre les bâtiments grattant le ciel.

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((Ce chapitre est différent des autres, et est très important pour moi ; j'espère qu'il vous aura plut. :))))

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