Mindest

Chapitre 5 - Calypso

Musique : Illenium - Needed You

Et c'est reparti pour une nouvelle journée de travail.
On dit qu'il ne faut pas se jeter corps et âme dedans pour ne pas se perdre soi-même mais parfois, on a justement envie que ce soit le cas.
On aimerait se noyer, s'immerger intégralement dedans afin d'oublier tous ses soucis et ses problèmes.
Ça peut paraître lâche mais au moins, pendant une durée indéterminée, on ne réfléchit plus pour chercher une solution, on n'y pense plus et peut-être qu'on finira par oublier...
Sauf si on finit par s'oublier soi-même.
Mais est-ce vraiment important ? Ou s'agit-il juste d'un mal pour un bien ?

Je ne sais point.
De toute manière, lorsque l'on est seul, tout ça n'a plus aucune importance. Autant se laisser emporter par le flot de la vie et n'y mettre aucune résistance pour que ça aille plus vite.
C'est donc sur cette pensée que j'atteins le café La croisée des temps.

Je salue simplement d'un hochement de tête Alex qui vient donc de finir son service. Il va très certainement retrouver Cordélia qui ne bosse pas aujourd'hui. Ils en ont de la chance.

Je lâche un soupir et je vais poser mes affaires dans la pièce du fond. Je commence mon service sans aucune conviction. Je suis juste aimable comme il faut avec les clients pour qu'on ne me le reproche pas. À vrai dire, je ne les regarde même pas, je fais seulement confiance à mon ouï de louve. Puis, je passe juste de table en table en étant perdue dans mes pensées.

La clochette résonne, encore une fois, donc un nouveau client vient de faire son entrée. J'écoute avec mon ouï où il s'installe et je me dirige vers lui.

-Bonjour vous voulez ?

Un blanc plane pendant que j'attends la réponse mais la seule chose que j'entends est un raclement de gorge. Je relève à présent les yeux et lorsque je croise son regard, je percute qui se trouve en face de moi Je comprends l'erreur que j'ai faite. Il ne faut pas que je me fis uniquement à mon ouï mais aussi à mon odorat.
Et maintenant que je le fais, son parfum si atypique me percute de plein fouet.
Il ne parle jamais, que rarement.

-Désolée... Je reviens immédiatement, lâchais-je avant de repartir avec mon plateau sous le bras.

Mais il ne l'entend pas vraiment de cette oreille puisqu'il me retient par le poignet. Un frisson incontrôlé se propage dans mon bras et je reste pétrifié.

-Impossible... Murmurais-je.

Le plateau que je tenais tombe au sol et le vacarme que cela provoque me fait un minimum revenir sur Terre. Je prends ça pour un signal. Je ramasse rapidement ce que j'ai fait tomber et je cours presque jusqu'à la cuisine pour tout préparer.

Non.
Ne plus réfléchir, ne plus se demander quoi faire, ne plus rien ressentir.
Plus jamais.
Ma main tremble ce qui est plutôt mauvais signe.

Je ferme les yeux un instant et j'expire longuement pour me calmer.
Décidemment cette semaine va être longue, très longue. Et je doute également que ça s'arrête à cette semaine uniquement.

Je m'efforce à respirer calmement et je porte le contenu de ce fichu plateau à cet homme.
Une fois proche de lui, je me dépêche de tout poser sur la table, de lui souhaiter, malgré tout, un bon appétit et après avoir jeter un regard circulaire à la pièce, je me précipite à la porte de derrière pour pouvoir sortir prendre l'air.

Je respire, gonfle mes poumons d'air frais et j'expire longuement, le tout plusieurs fois.
Il va falloir que je lui en parle à lui. Si je ne le fais pas, il va tout de même s'en apercevoir et je vais encore me faire sermonner comme une petite fillette de cinq ans, chose que je ne supporte pas vraiment.
En vérité, je ne supporte que très peu de chose.