Chapitre 5 ~ Keridwen

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Je me laisse tirer par le poignet, ou plutôt déboîter l'épaule, par un Chax en colère. Arrivé dans notre endroit, il me lâche violemment et me fait face, contrôlant avec peine son envie de m'étrangler. Le serpent blanc me toise, et je sais qu'au fond il espère que je me mette à genoux pour pleurer comme quand j'étais petite. Mais ce temps-là est fini malheureusement pour lui, je le fixe sans ciller, implacable, attendant qu'il crache son venin comme d'habitude.

- Pourquoi t'as fait ça ? T'aurais pu te faire attraper ! C'est la deuxième fois cette semaine ! Fais gaffe, j'ai pas envie de finir en prison à cause de toi, me crache-t-il à la figure.

- J'ai payé mes dettes. Maintenant à toi de remplir ta tâche.

- Payé tes dettes ? Tu crois ? Ricane-t-il avant de choper violemment mon poignet. Je crois que t'as pas bien regardé le dessin hein. Ton motif se précise, c'est dans ton sang que le venin court, pas dans le mien. C'est toi, qui fait mal le travail.

- Eh bien j'en marre de ce pacte, arrête-le. 

- Mais tu ne peux pas ma chère, soit il te laisse en vie, soit il te tue. Fallait y réfléchir avant.

- Tu m'avais manipulé encore. Si, je peux, tu m'as dit que j'étais plus puissante que toi.

- Calme-toi et ton égo, t'es peut-être la fille de Samael et Lilith, mais pour l'instant je reste plus puissant que toi. T'es trop jeune pour avoir la même expérience que moi. C'est moi qui te domine, pas l'inverse.

- Pour apprendre en dix ans l'identité de mes parents et mes pouvoirs ? Dans ce cas, je peux très bien me débrouiller sans toi, je n'ai pas besoin de ton aide.

- Te débrouiller sans moi ? Eh bien, vas-y. Mais ne compte pas sur moi pour venir te chercher entre la vie et la mort, comme des centaines d'autres fois auparavant. Tu te souviens de l'histoire de la pleine lune bleue ? Et du Sabbat ? Et du solstice d'hiver ? D'été ? Et celle de l'étau ? A moins que tu ne préfères celle de la forêt meurtrière et du marais ensorcelée ?

Je me raidis, comprenant et réalisant toutes ces fois où il m'a sauvé alors que j'étais persuadée de m'en sortir seule. Il s'approche de moi, ondulant presque, et m'attrape les joues d'une seule main, comme il faisait encore une fois quand j'étais gamine.

- T'as besoin de moi petite, même si ça te fait enrager. N'oublie pas que t'étais en train de mourir dans un fossé d'immondice, asphyxiant dans un sac poubelle à la naissance, lorsque je t'ai trouvé. J'aurais pus t'aider à mourir plus vite, comme ça tu n'aurais pas survécu la nuit, mais j'ai fait la connerie de t'aider à vivre. Je crois que t'adopter à mes dix ans était ma plus grosse connerie de toute ma vie.

- C'est pas comme si que tu t'étais plains lorsque tu as appris que tu pouvais m'utiliser.

- Evidemment, j'avais droit à un palace, je n'avais qu'à te donner à tes parents. Mais le pire c'est que j'ai sympathisé avec une pourriture comme toi.

- La pourriture t'emmerde.

- Maintenant, regarde-moi bien dans les yeux, dit-il en me prenant par le menton pour me forcer à le regarder dans ses yeux, devenu vert luisant. Tu vas arrêter ta petite crise d'adolescente, je suis là pour te contrôler, pas pour être ton psy.

Je grogne, et essaie de tourner la tête pour ne plus croiser son regard, mais mes muscles ne réagissent pas. Et merde il utilise encore un envoûtement. Il sourit, triomphant.

- Maintenant répète avec moi : "Maudis mes yeux et brûle mes poumons, que notre aura se libère et frappe sa cible. Montrons à tous que ne sommes pas comme tout les autres, tuons ce soir, délivrons les assoiffés de peur et vengeance. Tirons notre révérence, et disparaissons avant l'aube"...


MindestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant