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Chapitre 2 - Calypso

Média: Le bar/café La croisée des Temps

Au final, le reste du dimanche s'est passé dans la flemme totale. Le lundi fut difficile au vu du fait que je faisais l'ouverture. En soit, je suis censée avoir bien dormie pour devoir arriver à six heures au bar, mais le problème c'est que je me suis couchée à deux heures du matin pour cause de besoin de balade nocturne.

Je suis en train de mettre en place les chaises pendant que des croissants et des pains au chocolat se réchauffent tranquillement dans le four. Certaines personnes aiment bien venir ici prendre leur petit déjeuner avant de partir travailler. Je termine par passer un coup de chiffons rapide sur les tables.

Six heures et demie, tout est en place. Je retourne la pancarte signalant notre ouverture et déverrouille le verrou juste après. Les premiers clients ne tardent pas à pointer le bout de leur nez et je les accueils avec un grand sourire commerciale collé aux lèvres.

-Salut Calypso ! Me salua l'un d'entre eux que je connais depuis que je bosse ici.

-Salut Call, lui répondis-je. Comme d'hab' ?

-Exactement ! Me répondit-il en s'asseyant.

Je prends les commandes de ceux dont je ne me rappelle plus ce qu'ils prennent et je pars en cuisine préparer tout ça. L'un des inconvénients du lundi matin c'est qu'avant onze heures, je suis la seule employée présente. Aucun laisser aller ne m'est permis si je ne veux pas me faire virer.

Je prends un chariot et y dépose les commandes dessus, ça ira beaucoup plus vite et ce sera plus simple pour moi de me déplacer. Un pied au milieu du chemin, ce ne sera pas un problème. Un petit coup, ou pas, de charriot dedans et hop, ni vue ni connue je t'embrouille en disant que je n'avais rien vu.

Heureusement pour la plupart des clients du matin, ils ont l'habitude que je fasse ça donc ils évitent de mettre leurs membres en plein milieu. Néanmoins, il arrive parfois que l'un d'entre eux oublie et je me fais à chaque fois un plaisir de le lui rappeler en essayant de lui faire un bleu avec l'objet métallique.

Sinon, lorsqu'un petit nouveau apparaît, tout le monde rigole d'avance de ma soi-disant méchanceté gratuite. Ce que je fais n'a rien de méchant, je leur apprends simplement la politesse de dégager le passage comme ce qu'ils ne font pas, c'est tout. J'avais déjà essayé la manière douce en demandant pardon pendant un bon mois mais, ils n'en avaient rien à faire donc j'utilise à présent la manière forte et ça sera tout le temps comme ça.

Après, je pourrais faire des allers-retours en utilisant qu'un plateau mais, j'ai déjà essayé une fois et j'en ai un très mauvais souvenir. Si je le revoie un jour ce mec qui avait osé relever un peu son pied pile quand je l'enjambais, je l'étripe. J'ai dû par la suite me farcir le nettoyage de la fenêtre et qu'est-ce que c'est énervant de nettoyer les surfaces vitreuses ! Il faut au moins passer deux chiffons dont un plusieurs fois pour ne pas laisser de traces. Le mouillé pour nettoyer, le sec à passer pendant dix ans jusqu'à ce que la surface soit sèche. Bref, si je retrouve ce mec aux cheveux décolorés, je nettoie les vitres avec sa langue et essuie le tout avec sa crinière volumineusement affreuse. Je sais, ce mot n'existe pas mais ça décrit cette masse tellement bien, que j'aurai du mal à en trouver un autre.

Je dépose tranquillement les commandes devant les clients à qui je fais un sourire lorsque je les vois retirer leur pied et je ne tarde pas à me remettre derrière le bar, assise sur un tabouret à attendre comme une cruche que quelqu'un se décide à bouger. J'aurai presque l'impression de jouer à un, deux, trois, soleil ! si tout le monde jouait le jeu d'être une statue, une fois passé sous mon regard de Méduse.

Après avoir inspecté la salle du regard pour voir si quelqu'un avait besoin de moi, je repose mon regard sur le journal du jour que je lis même si je me fiche complétement de savoir ce qui se passe dans le monde. Je suis très bien dans le mien. À la une ce lundi, « Vol à l'étalage ». Je me mets à lire l'article à voix basse sans vraiment savoir pourquoi :