Chapitre 3

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Nous suivions le rythme imposé par le décompte en imitant ses gestes. Nous répétions une énième fois la chorégraphie de Smooth Criminal, améliorant du mieux qu'on pouvait l'effet que l'on donnait. Michael était, comme nous nous amusions à l'appeler, un insatisfait de service. Il fallait toujours recommencer, parce que ça pouvait être mieux.

J'avais déjà entendu des tonnes de « Dis-nous ce que tu veux, MJ. », mais il ne semblait pas vraiment savoir décrire précisément ce qu'il attendait. Mais il savait quand ça s'en approchait.

Je reconnais que je commençais à être un peu agacée des techniciens qui n'avaient toujours pas compris qu'il voulait qu'on attende son signal: c'était pourtant simple, il n'arrêtait pas de le répéter.

- Ok, on va faire une pause déjeuner, pensez à boire, avait annoncé le chanteur en descendant de la scène après avoir retiré son micro.

J'avais immédiatement retiré mon chapeau pour m'attacher les cheveux en un chignon tordu, afin de me rafraîchir. Je descendai les quelques marches de la scène les jambes en feu tout en secouant mon couvre-chef noir vers mon visage pour me faire de l'air. Je transpirais et soufflais pour tenter d'évacuer la chaleur. Je m'empressais de rassembler mes affaires pour pouvoir sortir du bâtiment, rêvant à l'avance de la fraîcheur de l'extérieur.

Je souris en sentant une légère brise passer sur ma nuque encore dégagée de mes mèches châtaines. Puis je sortis un sandwich sur lequel je m'attaquais en avançant dans les rues de Los Angeles.

Comme à chaque fois que je passais devant, je scrutai un instant les affiches du kiosque. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire à chaque fois que je voyais les magazines people affichant en gros « Le grand retour de Michael Jackson ! ». Alors que je regardais avec mépris les titres qui parlaient de « Wacko Jacko ».

Et quand j'avais fini mon repas, je retournais aux salles de répétitions en me remémorant les derniers conseils de Michael.

J'étais perdue dans mes pensées, hésitant encore sur le pied droit ou gauche, et je reproduisais les mouvements pour tenter d'y voir plus clair alors que j'entendais déjà la voix du Roi de la Pop résonner dans les hauts-parleurs.

Je me dirigeai alors dans la salle dans laquelle il se trouvait, curieuse de savoir ce qu'il faisait.

Il testait la plateforme qui l'élèverait dans, par exemple, Earth Song.

Je riais en le voyant supplier tel un enfant d'aller plus haut, ce à quoi on lui répondait qu'il devait être prudent. Têtu comme il était, il n'écoutait évidemment pas, et se suspendait aux barres dans le vide, retenu par ses pointes de pieds.

Il insistait pour augmenter la hauteur de l'engin qui était déjà assez haut, et je reconnu le rire de mon père au milieu d'autres de ses collègues.

On le fit finalement descendre, à son plus grand regret.

Je me retournai vers l'horloge, constatant qu'il me restait une vingtaine de minutes avant de reprendre les répétitions intenses. Alors je repris mon débat solitaire du pied gauche ou droit.

Vous connaissez cette sensation d'être observé ? Que quelqu'un vous fixe ? Et bah à ce moment-là, c'était exactement ce que je ressentais. Et je me rendis bien vite compte que c'était en réalité deux personnes qui me dévisageaient en discutant.

Mon père et Michael parlaient, sans aucun doute, de moi, alors je leur jetai un regard interrogateur et m'approchai d'eux avec curiosité.

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