Chapitre 5

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Les rares pauses qui nous étaient accordées, je les passais avec Michael.

Je me souviens particulièrement de cette fois où les ingénieurs son, après s'être confondu en excuses, avaient déclaré qu'une pause leur était nécessaire pour corriger le problème survenu.

Michael avait d'abord été contrarié, même s'il n'avait rien dit. Nous étions descendus de scène, et à en juger par ses pas lents et ses yeux perdus, il semblait songeur.

Il s'était assis sur un banc et fixait un point invisible droit devant lui.

- Quelque chose ne va pas ? m'étais-je inquiété en m'installant à ses côtés après avoir bu une gorgée d'eau.

Il sursauta, comme si le retour à la réalité l'avait surpris. Il me dévisagea un instant. Peut-être se demandait-il s'il pouvait m'avouer ses pensées...

- Hum... Je peux te poser une question ?

Je ris. J'aimais beaucoup le voir se comporter comme un petit enfant timide.

- Bien sûr que tu peux.

Il baissa la tête sur ses pieds chaussés de mocassins qu'il faisait frotter contre le sol.

- Qu'est-ce que tu ferais, toi, pour changer le monde ?

Sa question m'avait prise de court. À vrai dire, je n'y avais jamais pensé auparavant.

Il m'avait fallu quelques minutes de réflexion. J'aurais, certes, pu répondre la première chose qui me passait par la tête, mais je me sentais obligée de tourner et retourner la question, de peser le pour et le contre. Mais il m'était plutôt compliqué de se concentrer là-dessus avec une chanson dans la tête.

- Je me regarderais et je ferais que ça change, avais-je pouffé en récitant les paroles de Man In The Mirror.

Il avait ricané en secouant la tête, puis j'étais redevenue sérieuse:

- Sincèrement, je pense qu'à mon niveau, les seules choses que je puisse faire sont des choses toutes simples... Donner aux pauvres... Faire du bénévolat... Soutenir une cause ou faire un don à une association... Mais je ne suis pas assez riche et connue pour faire un véritable changement. Je crois que...

- Peu importe la petite chose que tu donneras, me coupa-t-il, le petit geste que tu feras, où les personnes que tu aideras, tu feras changer le monde. Pas besoin d'être riche. J'ai écrit Man In The Mirror, ou encore Heal The World et History pour tout le monde, pas seulement pour les personnes pleins aux as avec de l'influence. Imagine que nous donnions tous les deux la même somme à une association ou à un hôpital, la seule différence sera que mon action sera sûrement diffusée dans tous les magazines people. Pourtant, j'aurais donné la même chose que toi. Simplement, le fait que je sois célèbre aura fait parler de ce que j'ai fait. C'est pour ça que tout le monde pense qu'il faut être riche pour changer le monde. Mais ce n'est pas vrai. Certes, l'argent permet de donner plus, mais ça ne suffit pas. Pour changer le monde il faut juste le vouloir.

J'étais muette. Que répondre à ça ? Soudain je réalisais. Il m'ouvrait les yeux. Je n'avais jamais vu ça sous cet angle.

Voyant que je ne disais rien, il finit par me sourire et affirmer:

- Peu de personnes comprennent cela, mais je sais que toi tu peux.

Mes joues s'empourprèrent, et il me donna un coup de poing amical dans l'épaule pour me taquiner.

- C'est bon, on peut reprendre ! avait lancé une voix.

Michael se leva alors et me lança:

This Is ItOù les histoires vivent. Découvrez maintenant