Chapitre 8

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Nous étions entrés dans le magasin de jouets que Michael avait visiblement réservé pour que nous soyons seuls. Seuls quelques gardes du corps et employés étaient restés autour de nous, gardant tout de même leur distance pour nous laisser une certaine intimité.

Michael était un véritable enfant. Il touchait à tout, voulait tout essayer, je suis même sûre que s'il avait pu, il aurait tout acheter.

- Regarde ça ! s'exclama-t-il soudain.

J'étais en train de fouiller dans les jouets de plein air, mais je m'arrêtai pour observer ce qu'il voulait me montrer. C'était une grande boîte dans les teintes oranges et noires. Des voitures miniatures et un circuit en plastique y étaient représentés, entourés de flammes qui avaient été ajoutées lors d'un montage photo pour attirer l'attention des enfants.

- Je comptais les acheter pour mes enfants. Tu crois que ça leur plairait ?

Je déposai le ballon gonflable pour m'approcher de la boîte et la prendre dans mes mains.

- Tu as trois enfants, c'est bien ça ?

- Yep.

- Et bien c'est parfait, il y a pile trois voitures !

- Mouais, j'espère qu'ils ne se battront pas trop... Tu les connais pas ! gloussa-t-il en faisant une grimace.

Je ris à mon tour, puis il se tourna vers le rayon derrière lui. Il attrapa un pistolet à eau et le contempla dans tous les sens, avant d'hausser les épaules et de le reposer.

- Je l'ai déjà... soupira-t-il.

Je le fixai en haussant un sourcil.

- Bah quoi ?

- Rien, rien... Tu me surprendras toujours ! gloussai-je.

Il haussa les épaules et continua sa route dans le magasin, s'arrêtant à presque chaque nouveau jouet.

Soudainement, je n'avais plus le chanteur le plus connu du dernier siècle devant mes yeux, ni un homme de cinquante ans qui allait sur ses cinquante-et-un, mais plutôt un petit garçon de huit ans dans un paradis pour lui. Michael avait littéralement les yeux qui brillaient. Il était si heureux que lorsque l'un de ses gardes du corps vint lui chuchoter quelque chose, l'air grave, il n'y prêta presque pas attention.

- Euh... Qu'est-ce qu'il se passe ? m'inquiétai-je auprès de ce garde du corps.

- Je crois que vous devriez demander à MJ, je ne suis pas censé le dire à quelqu'un d'autre...

Je rejoignis timidement Michael et lui reposai la question, un peu honteuse de me mêler d'affaires qui ne me regardaient pas vraiment.

- Oh... Tu sais, je ne suis pas aussi riche qu'à l'époque de Thriller... m'avoua-t-il en continuant sa recherche du graal.

- Euh... C'est-à-dire ? insistai-je.

- Je suis beaucoup endetté, Sam. J'ai plus autant d'argent qu'avant, et je ne devrais pas pouvoir m'offrir tout ce que je veux, en temps normal. Mais puisque tu es là, je peux bien faire quelques exceptions...

Je me sentis d'autant plus mal lorsqu'il m'annonça cela, me mettant à culpabiliser.

- Michael, si tu as des difficultés financières, tu n'es pas obligé de m'offrir des choses ! Je vais te rembourser pour le repas... commençai-je en fouillant dans mon sac à la recherche de mon porte-monnaie.

Mais une main m'arrêta dans mon geste.

- J'aime beaucoup offrir. Je t'en prie, ne me donne rien du tout.

- Mais...

- Ça ne t'a pas fait plaisir ? me coupa-t-il, le regard inquiet.

- Si ! Bien sûr que si ! Mais...

- Pas de "mais", si ça t'as fait plaisir, alors à moi aussi. Garde ton argent, je peux me débrouiller.

Il me sourit et se retourna à nouveau vers les peluches à l'effigie de différents dessin-animés. Mais je restais sans bouger, encore coupable et honteuse.

- Hey, Sam ! Relax ! Même si je n'aime pas bien l'admettre, j'ai presque trente ans de plus que toi ! Ne t'inquiète pas pour moi ! me rassura-t-il en riant.

Je forçais un sourire qui ne resta que quelques secondes, puis refermai mon sac. Lorsque je relevai la tête, Michael avait pris dans ses mains un chat en peluche et me le montrais en le faisant bouger comme s'il était vivant. Je ris, amusée par son comportement, et me mis à côté de lui.

- Regarde ce petit chien ! Il est trop mignon !

- Hm... J'aime pas trop les chiens... soupira Michael.

Je plissai les yeux, défiante.

- T'aimes pas... ou t'en as peur ?

Il me donna un coup de poing dans l'épaule, sourire timide aux lèvres.

- Pourquoi ? m'intéressai-je.

- Tu es très curieuse, Sam, constata-t-il.

- Tu n'es pas obligé de répondre, pardon, m'excusai-je sincèrement.

- Quand j'étais petit, mon petit frère s'est fait mordre par un chien devant mes yeux. On a dû l'emmener à l'hôpital tellement il l'avait mordu fort ! répondit-il tout de même.

- Tu as vraiment peur de tous les chiens ? Même les plus petits ?

- Oui, mais j'essaye de faire des efforts tout de même... Par exemple, j'ai offert un chien à mes enfants, il y a quelques années, pour Noël...

- Vraiment ? souris-je.

- Oui, mais j'évite de trop l'approcher, c'est eux qui s'en occupent ! rit-il.

Je pouffai moi aussi, puis nous continuâmes notre recherche dans le magasin.

- Bon, on se retrouve demain, alors ! me salua Michael, après les répétitions.

- Ouaip ! Repose-toi bien !

- T'inquiète pas pour ça !

Nous échangeâmes une dernière accolade, puis partîmes chacun de notre côté. Sur le chemin du retour, je repensais une dernière fois à ma journée. Les personnes autour de moi semblaient se précipiter chez elles, comme si quelque chose arrivait.

Après tout, c'était la saison des orages, et peut-être n'avais-je pas entendu la météo. Non, ça ne pouvait pas être ça, le ciel était d'un bleu parfait. Et puis, ça n'était qu'une impression. C'était simplement moi qui marchait plus vite que d'habitude.

Oui, c'était ça, j'étais réellement pressée de rentrer chez moi. Je voulais absolument dormir le plus tôt possible, et pour cela il fallait que je sois rentrée au plus vite.

J'avais un tas de choses à faire avant de tomber dans les bras de Morphée. Me laver, me changer, mettre mes affaires dans le lave-linge et en préparer de nouvelles, dîner...

... et appeler ma mère qui fêtait sa cinquantaine en ce 24 juin 2009.

This Is ItOù les histoires vivent. Découvrez maintenant