27 - ... la mia luna

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Alessio

Elle savait comment désamorcer une de mes crises.Enfant déjà, elle me troublait suffisamment pour endiguer mes colères légendaires. Grâce à elle, j'appris plus vite comment gérer mes émotions trop violentes. Elle referma ses bras autour de ma nuque. Je pourrais l'embrasser indéfiniment. Ses caresses se révélaient aussi douces que passionnées, aussi timides qu'entreprenantes. Une dualité constante à laquelle elle me pliait si facilement que je le veuille ou non. Avec une autre, la fuite aurait été de mise depuis longtemps, je détestais l'instabilité.
Je l'éloignai un peu. La peur que je perçus, lueur fugace dans ses iris claires, m'apprit combien elle doutait d'elle. Elle devait s'imaginer que je rebroussais chemin.

- Tu es blessée, lui rappelai-je.

Elle avisa le sang séché sur ses bras et rougit.

- C'est vrai. Pardon ! Baragouina-t-elle.

Ses épaules se redressèrent mais elle évitait de me regarder. Elle s'engouffra dans le couloir menant à des escaliers qu'elle grimpa le dos voûté. Je marchais sur des œufs avec elle.Quand bien même sa jumelle ou ma mère me mettaient en garde, je ne savais pas comment agir. Alors qu'en pleine action, elle fonçait sans doute une seconde – au point d'en oublier ses proches inquiets-, seule avec moi, elle semblait prête à s'enterrer vivante au moindre pas de travers.
J'entrai dans la salle de bain et tirai ses mains de sa blouse qu'elle ne parvenait pas à ôter. Le tissus collait aux plaies.

- C'est une sale blessure mais ça ira, soupirai-je rassuré.
- Je devrais me réjouir de sa mort, murmura-t-elle.

Je levai les yeux vers son visage. Pour un inconnu, elle paraîtrait maîtresse d'elle-même, mais je vis en une seconde que le pétage de plomb approchait à grands pas.

- Tu n'as pas besoin de l'être, lui rétorquai-je paisible. Je le suis pour nous deux.

Dès que l'occasion se serait présentée, je n'aurais pas hésité pour exiger le prix de la vie de ce connard.

- Je l'aurais tué tôt ou tard, certifiai-je d'une voix plus dure.

Je la déshabillai, mon regard verrouillé au sien.

J'appréciai grandement la voir nue devant moi toujours habillé. J'aimais cette fragilité qu'elle n'hésitait jamais à me dévoiler. Elle ne me craignait pas et sa confiance m'était exclusivement réservée dès qu'elle ressentait le besoin de réconfort.
Qu'aurait pu demander de plus un homme de sa femme que cette abnégation ?

- Ne bouge pas ! Ordonnai-je.

Je tournai le robinet de la douche pour que l'eau se réchauffe. J'ôtai mes vêtements, à l'aise devant son regard scrutateur, puis je la guidai dans la douche italienne. Elle leva le visage vers l'eau . Je la savonnai tout en inspectant ses plaies les unes après les autres. Une autre cicatrice zébrerait son épaule mais celle à la tête disparaîtrait rapidement. Le coup l'avait à peine frôlée. Elle saisit le gant de mes mains et me rendit la pareille.
Aucun mot ne fut échangé. Nous n'en avions pas besoin.
Ce ne fut qu'une fois secs que l'atmosphère changea. Elle s'alourdit d'une tension presque palpable. Je passai la serviette humide sur le bout de ses cheveux noirs puis ses épaules. Sa poitrine monta et descendit quand elle relâcha son souffle.

- Tu peux me dire non, crus-je bon de lui dire.

Elle me dévisagea, incertaine, avant de me questionner :

- C'est ce que tu veux ?

Un sourire sardonique se dessina sur mon visage. Ce que je voulais ? Ma main attrapa ses cheveux au niveau de sa nuque et la tira contre moi. Je ravis sa bouche pendant que mes mains parcouraient son dos, ses hanches et s'arrêtèrent à ses fesses.
Ce soir, elle faillit m'échapper de bien des manières.Je ne resterais plus immobile alors qu'elle affichait clairement sa reddition.
Mon corps prit feu quand ses dents mordillèrent ma lèvre inférieure. Sa peau parsemée de minuscules bosses sous mes doigts se colla à la mienne. Son gémissement enflamma mes sens.
Si tant est que cela soit possible à ce stade de désir.
Je passai mes mains sous ses fesses et la soulevai dans un geste dénué d'efforts. Elle accrocha ses jambes à ma taille,ses mains crispées sur mes épaules. Un glapissement s'échappa d'elle quand je la laissai tomber sur le lit. Je constatai la tension soudaine de son corps.

- Arrête d'angoisser, murmurai-je.

Ses ongles griffèrent légèrement mes poignets de part et d'autre de sa tête.

- Tu es une survivante, soufflai-je. Une battante.

Je traçai la plus voyante de ses cicatrices, de son sein droit à son épaule blessée, du bout de la langue. Son corps se souleva vers le mien. Ses mains passèrent sur mes bras dont les muscles tremblaient sous l'effort. Elle caressa mes pectoraux, mes hanches et palpa mes fesses. Je souris contre la peau de son cou.

- Fétichiste ?

Un rire la secoua.

- Même les femmes fantasment sur des parties de corps, gémit-elle plus détendue. Et j'avoue que ton cul est un bon fantasme.

Je posai mon front contre le sien.

- Tant qu'ils portent sur moi, ne te prive pas !

Nos lèvres se soudèrent à nouveau. Mon corps paraissait parcouru par des milliers de volts inépuisables. Nos respirations devinrent vite irrégulières et nos gestes plus brutaux. Elle qui ne supportait pas les rapprochements physiques semblait vouloir se fondre en moi. Ses doigts palpaient, griffaient,marquaient partout où elle pouvait atteindre ma peau. Je ne restai pas à la traîne et apposai ma marque partout où mes lèvres et mes dents se posaient.
J'aurais pu la frustrer jusqu'à l'entendre me supplier,la pousser dans des retranchements qu'elle ne se soupçonnait pas, j'en fus bien incapable. Je me sentais comme un ado lors de sa première fois : incapable de contrôle, de penser à autre chose qu'au corps sous le sien.
La posséder fut une apothéose indescriptible. Elle m'appartenait depuis toujours mais, en cet instant, cette évidence ne fut jamais aussi concrète et vraie. 

Memento Mori - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant