13 - Le début des emmerdes

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Alessio

Seth entra dans la voiture, deux rues plus loin. Il jeta les papiers couverts de sang dans le sac en plastique qu'il tenait difficilement.

- On a reçu le fric, m'informa-t-il, mais il était un peu trop revêche à mon goût.

Je ne commentai pas. Seth savait ce qu'il devait faire, dans quelle mesure et jusqu'où il pouvait se permettre d'aller pour obéir à mes desiderata.

- Par contre, j'ai entendu un truc étrange.

Mon attention se concentra uniquement sur lui.

- Matteo Marconi et Antonio Fabro sont recherchés par la police !
- Pour meurtre sur deux enfants de dix et douze ans, acquiesçai-je.
- Dorotea ne le sait pas, soupira Riccardo.
- Je veux d'abord connaître la gravité de la situation. Si nous ne pouvons pas aider les garçons, je ne veux pas qu'elle se mette en danger inutilement.
- Elle va t'en vouloir.
- Elle m'en voudra à l'abri de la presse et de nos ennemis, grognai-je excédé.

Ma raison et mes émotions se disputaient déjà suffisamment pour que mes amis en rajoutent une couche. Je débarquai au poste de police de la ville. Le vieux Giordano attendait dans le hall. Je m'approchai.

- Ils ne sont pas ici, m'apprit-il.

Je fronçai les sourcils.

- Où ?
- Je l'ignore. Je fais jouer mes contacts mais l'information est cloisonnée.

Je ne comprenais pas. Si les gamins avaient bel et bien été pris en flagrant délit de meurtre, ils devraient se trouver dans le poste centrale de la ville dans l'attente d'une incarcération à la prison et non pas enfermés ailleurs.
Le vieux Giordano passa un quart d'heure au téléphone à invectiver ses contacts pour qu'ils lui retrouvent les deux garçons. La situation me dépassait totalement. Seth s'approcha et me tendit une feuille. Je la dépliai et y découvris un message écrit à la va-vite. Je froissai le papier dans mon poing et sortis suivi de mes hommes et du capo de Reggio.

- Alessio ? S'inquiéta-t-il.
- Un coup monté, lui répondis-je en tendant la boule de papier entre mes doigts.
- Je peux t'aider à protéger Dorotea.

Sa proposition me prit par surprise.

- Qu'auriez-vous à y gagner ?

Il éclata d'un rire sonore, tapota mon épaule et s'engouffra dans sa voiture.

- Tu iras loin, ragazzo.

Riccardo gara la voiture à quelques centimètres de mes jambes. J'inspirai profondément et décrochai mon téléphone qui ne cessait de vibrer.

- Alessio, hurla ma mère, que veulent dire tous ses appels qui me demandent ce qu'il se passe avec les Marconi ? Où est Dorotea ? Où es-tu ?
- Je rentre, calme-toi !
- Me calmer ?

Les jurons qu'elle proféra m'obligèrent à éloigner l'appareil de mon oreille. Ma mère pouvait se révéler particulièrement grossière et sa voix très stridente lorsqu'elle se trouvait en état de stress intense.

- Je n'ai pas besoin de me calmer. J'ai besoin de réponse.
- J'arrive !

Je raccrochai avant qu'elle ne puisse insister et sortir totalement de ses gonds. Je tenais mon impatience légendaire d'elle, je savais donc comme endiguer le problème.

- Tu y crois à cette merde ? Me questionna Seth.
- Pas le moins du monde.
- Que comptes-tu faire ?
- Honnêtement. Je n'en sais rien, avouai-je à voix basse.

Le silence tomba dans l'habitacle. Une donnée m'échappait. Je tentai plusieurs fois de joindre Dorotea. Son silence n'arrangea pas mon état d'esprit. Je sortis en trombe pour débouler dans ma maison. Au sein du salon, la matriarche Ivaldi usait le tapis de ses ballerines vernies.

Memento Mori - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant