Prologue:

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         Une odeur d'antiseptique, des chuchotements angoissés, des pleurs silencieux, des cris hystériques, des regards perdus dans le vide, des enfants devenus orphelins et, au milieu de tout cela, moi, Blanche, pauvre adolescente malade dont personne ne semble remarquer la présence, trop occupé par ses propres tourments.
Je me tortille sur le siège en plastique bleu délavé, sur lequel mon fessier douloureux repose depuis plus de 3h.

-Peu importe, pensais-je, es-tu si pressée que cela de savoir si le cancer a continué sa lente progression traîtresse bien au chaud dans ta poitrine ?

Pourquoi suis-je encore en vie ? Aucune idée. La vrai question est plutôt "Pourquoi n'ai-je pas encore mis fin à mes jours ?". Ahhh.... si seulement j'en avais le courage.

Je tourne la page de mon livre, dont mes yeux survolent les pages sans même chercher à comprendre le sens des mots.  Je n'ai pas le cœur à ça, plus le cœur à rien, ce depuis longtemps.
Un petit vibremment dans ma poche, m'informe que mon père a pris la peine de me répondre.

Complètement surchargé par le travail. Pourrai pas venir, je suis de tout cœur avec toi.
Papa.

En réalité mon père est au chômage, depuis 2ans à cause de la mort de ma mère. Morte de la même maladie qui est en train de me détruire à petit feu,  ça a complètement bouleversé mon père. Mes parents s'aimaient profondément, j'en suis certaine. C'est peut être la seule chose dont je suis sûre à l'heure d'aujourd'hui, mise à part, bien sûr, ma mort imminente...

Je ferme mon livre d'un geste rageur et me lève brutalement, bien décidée à aller toucher deux mots à mon imbécile de médecin et son patient qui me font patienter depuis 3h, seulement mon corps ne supporte pas ce simple effort trop rapide à son goût et m'abandonne lâchement comme il l'a toujours fait. Je m'évanouis, me fracassant par terre  avec une seule envie, frapper le monde entier pour son injustice et sa cruauté.

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant