Chapitre 4

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Allongée sur le dos, les mains derrière la tête, je fixe le plafond glacial de ma chambre.
Quelques heures plus tôt j'étais encore dehors, assise sur ce banc, dessinant un Charles visiblement vexé par mon mutisme.
Après un certain temps passé à attendre que celui-ci m'adresse la parole ou revienne vers moi, je m'étais fait une raison et étais remontée dans ma chambre sans piper mot. Maintenant toutes sortes de pensées me passent par la tête. Et pas des plus positive.
Bercée par le vrombissement régulier du respirateur, je finis par m'endormir, plongeant dans l'inconscience la plus totale.

Je marche silencieusement sur un trottoir. Les passants se bousculent sans une excuse, les voitures roulent à une vitesse anormale, des claxones retentissent de toute part. La ville est sous tension. Un peu plus loin le H rouge de L'hôpital répend une lumière inquiétante sur la peau des piétons. Je continue de marcher, me laissant guider par mes pas, vers une destination qui m'est inconnue. Ce qui m'inquiète c'est le réalisme surprenant de mon rêve. Un vibrement dans ma poche m'indique que quelqu'un essaye de m'appeler, je sors le téléphone. Sur l'écran lumineux est affiché "Maman". Je décroche, remarquant au passage que mes mains ressemblent fortement à celle d'un homme. Je parle, répondant mécaniquement à cette personne. Ma voix est différente, grave et profonde. Je comprend alors, que ce personnage n'est pas moi. Je suis dans le corps de quelqu'un d'autre. Peu importe c'est un rêve, pensais-je au plus profond de moi même.
Après avoir raccroché, je m'arrête devant le passage piéton, attendant que le feu passe au vert. Un garçon qui doit avoir mon âge, me bouscule et s'engage sur la voie piétonne encore rouge. Une voiture arrive, celui-ci ne la remarque d'abord pas, puis alerté par les cris des piétons dont le mien, il se retourne. Trop tard malheureusement, la voiture le heurte de plein fouet. Son corps est propulsé quelques mètre plus loin, je cours vers lui accompagné de la foule, arrivé à ses côtés, je compose le numéro des urgences. Mais, Blanche, qui est dans le corps d'un homme quelquonque reconnaît le garçon, et se réveille en hurlant.

Encore complètement chamboulée par ce rêve déstabilisant, je me lève pour aller me rafraîchir le visage. Je pose doucement mes pieds par terre, puis avance en direction de la sortie de ma chambre.

-LAISSEZ PASSER ! DÉGAGEZ LE PASSAGE, hurlent des ambulanciers poussant un brancard avec un jeune garçon blessé et couvert de sang sur tout le corps.

Une sensation de malaise me prend au ventre.

-Charles Dawson, 17ans, renversé par une voiture, côte droite et bras gauche fracturés, possibilité de lésion cérébrale, annonce une femme dont je n'entends déjà plus que très faiblement le son de sa voix.

La tête me tourne, je me sens tomber et me fracasser une nouvelle fois par terre.
Mon rêve n'en était pas un, c'est un cauchemar vivant.

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