Chapitre 3:

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Blanche

Le sourire sincère qui illumine son pâle visage me met soudainement mal à l'aise. Je suis peut-être sa source de réconfort aujourd'hui, plus tard quand viendra le jour où je ne ferai plus partie de ce monde, je serai certainement celle de sa soufrance.

-J'ai besoin de prendre l'air.., murmure t-il après un long silence de notre part, on pourrai sortir dans le jardin ?

Je retourne mon attention sur lui. De toute façon je ne peux pas l'abandonner lâchement au moment où il a le plus besoin de moi. Je le ferai plus tard quand il ira mieux...
Mais.. est-ce qu'il ira réellement mieux un jour ?

-Mhhh..

Je lui souris tristement et prend la direction du jardin à ses côtés, mon respirateur dans un sac à dos afin de pouvoir me promener "librement".

Lorsque l'air frais gagne mes poumons, mes bras se couvrent de frisson, des senteurs exquises envahissent tout mon être et je ne peux retenir un sourire. Ma réaction amuse visiblement Charles car celui-ci me regarde d'un œil moqueur comme ci tout allait bien. Comme si sa mère n'était pas morte et comme si moi je ne l'étais pas à moitié.

-Quoi? demandais-je en fronçant les sourcils
-Depuis combien de temps tu n'est pas sortie de ce bâtiment immonde ?

Je rougis subitement.

-Longtemps..
-Et tu comptais rester enfermée là dedans jusqu'à ta mort ? demande t-il toujours sur son ton amusé

Je secoue la tête et lui donne un petit coup sur l'épaule. J'inspire une nouvelle fois l'air parfumée me fichant éperdument des airs moqueurs de Charles à côté de moi.

-Ça sent divinement bon, murmurai-je finalement en indiquant une fleur blanche

Il s'approche de la fleur, la cueille et me la dépose délicatement dans les mains.

-C'est un lys, il signifie l'amour naissant. Mais il symbolise aussi la mort et la peur.., afirme t-il

J'enfouis mon nez dans la fleur pour éviter de répondre à ces paroles trop significative à mon goût. Quand je relève enfin la tête, il s'est éloigné de moi et observe des fleurs un peu plus loin. Je soupire faiblement et m'assoit sur un banc solitaire écaillé et fade au milieu de ce jardin fleuri. Je ferme les yeux quelques instants, profitant encore de cet air qui me fait un bien fou, puis sort mon carnet de dessin, bien décidée à garder un souvenir de Charles. Plongé dans ses pensées, il ne remarque probablement pas mon regard insistant. Tant mieux, je suis libre de l'observer à ma guise et d'enregistrer tous les petits détails de son être pour les reproduire sur papier.
Mon crayon en main, je trace les traits un à un, en essayant de me convaincre qu'un jour ou l'autre je devrai stopper notre amitié grandissante, parce qu'à un moment ou un autre je quitterai ce monde injuste et complètement inégalitaire, parce qu'un jour je mourrai simplement. Il n'y a pas d'autre mot.

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant