Chapitre 6:

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Le lendemain matin, je me lève avec un point au cœur. Au début, je ne comprends pas vraiment, puis quand mes souvenirs me reviennent, je replonge ma tête dans l'oreiller. Charles est dans le coma, par ma faute. Je me relève presque aussitôt, bien décidée à retourner le voir. Je m'habille en vitesse et m'introduit une nouvelle fois en douce dans sa chambre.
Il est toujours là, immobile, les yeux clos. Je m'assoit silencieusement à la même place qu'hier puis prend sa main dans la mienne.

-Bonjour.. Je.. je t'avais dit que je reviendrai. À vrai dire je me sens un petit peu idiote de te parler alors que tu ne m'entends probablement pas mais humm, j'ai lu que ça pouvait aider le patient à revenir alors.. Tu sais je suis désolée de t'avoir abandonné l'autre jour mais j'ai peur. Peur que tu t'attaches et que tu souffres ensuite, par ma faute. Mais je crois aussi que j'ai peur de m'attacher.., je souris tristement puis continue mon monologue, en réalité je crois que c'est trop tard. Je tiens à toi, déjà bien plus que je ne le souhaitais.

Je soupire faiblement et me cale dans le fauteuil. Mes yeux dévient vers le  petit carnet marron sur la table de nuit. Je me mordille la lèvre quelques instant puis le prend dans mes mains.

10 juillet 2017
15h19
Blanche est partie. Nous étions dans le jardin, elle était heureuse, du moins elle semblait l'être. Je l'étais aussi de voir son sourire franc sur ses petites lèvres. Mais je l'ai brusqué, il me semble qu'elle a pris peur.. Pourquoi suis-je réduit à aimer des personnes mourantes ?
Je vais aller faire un tour en ville, ça m'aidera probablement à réfléchir.. Ou peut être pas. Quand je rentrerai j'irai la voir et.. j'improviserai.

Je tourne la page avide de connaître la suite. Mais après ça plus rien. Je me sent soudainement idiote. Bien sûr qu'il n'y a plus rien, parce qu'après ça,  Charles a eu son accident. Et depuis.. il n'a pas repris conscience. Je repose sagement le carnet puis prend un petit papier plié en quatre que je n'avais pas remarqué hier.

Pour toi,
Quand les mots ne viennent plus
Quand je ne sais plus...
Vouloir y croire
Mais savoir
Que c'est sans espoir
Mais y croire quand même
Même si ça fait mal
Même si c'est sans espoir
Mais y croire...
Et pleurer...
Mais c'est la vie
Parfois elle est belle
Mais tellement cruelle
Vouloir y croire
Même si c'est sans espoir
Je veux y croire
Mais je pleure
Et j'ai peur
Quand je ne sais plus...

Une larme glisse le long de ma joue, je ne l'essuie pas. Personne n'est là pour me voir alors je la laisse finir son chemin et s'écraser sur la feuille, effaçant le mot "espoir" avec elle. Je repose le papier puis ferme les yeux pour imprimer les mots dans mon esprit.

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant