Chapitre 1:

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-Au moindre symptôme anormal, vous vous adressez directement à moi, murmure une voix lointaine

Je reprends peu à peu connaissance, et à mon réveil, des yeux verts profonds me fixent tristement. Quelque peu perdue, je reprends mes esprits lentement et tente de me redresser.
-Hop, hop mademoiselle Snow, restez allongée, il faut que je vous osculte.

J'ignore la voix autoritaire de mon médecin, peine perdue il me rallonge d'une main ferme et rapide sur le métal glacé.
-Restez tranquille.

Énervée, je repose mon regard sur le garçon aux yeux verts et le détaille, cherchant à comprendre ce qu'il fait encore dans ma salle d'oscultation. Lui de son côté semble extrêmement gêné de sa présence.

-Peut être devrai-je sortir monsieur, demande t-il d'une voix rauque
-Vous pouvez rester mon garçon, sauf si cela dérange Miss Snow, réplique le médecin, s'approchant de moi avec un regard inquiet

Je secoue la tête négativement et continue de fixer le garçon, qui a pris place sur une chaise devant le bureau. Mon médecin prend mon pouls, marmonne dans sa barbe et continue son examination de mon corps malade.

-Il semblerai que le cancer est envahi les ganglions lympathiques, ce qui cause une plus grande faiblesse au niveau de votre respiration et donc cet évanouissement causé, je présume, par un effort stupide de votre part ?

Sa remarque ne fait qu'empirer mon état d'esprit déjà bien bas par la nouvelle dont je connais les conséquences.

-On va vous mettre sous respirateur, pour aider vos poumons, continue t-il sans se soucier de ma réponse. Ce sera un déambulateur mais de toute façon, étant donné que vous restez ici 24h/24, cela ne posera pas de soucis dans vos déplacement.

Je me lève silencieusement et me dirige vers la porte.

-Ce sera tout? demandais-je d'une voix que je voulais confiante
-On viendra vous expliquer le fonctionnement du respirateur dans l'après midi... Oh, si vous pouvez raccompagner Mr Dawson à la chambre 211, c'est sur votre chemin.

J'hoche la tête et ouvre la porte. Le garçon me suit, le pas lent.

-Charles Dawson, me dit-il en me tendant sa main gauche

Je tourne la tête vers lui et le dévisage, incrédule. Pas de "je suis désolé pour ta maladie" ni de "tu n'as vraiment pas de chance". C'est la première fois que je ne suscite pas la pitié et ça me plaît. J'ai presque l'impression de ne pas être la pauvre enfant malade. Je lui adresse alors un petit sourire et serre maladroitement sa main.

-Blanche Snow.

Il hoche la tête doucement, et nous continuons notre chemin en silence.

Chambre 211. M'attendant à trouver la chambre vide avec un lit attendant que Charles le rejoigne, la vision qui s'offre à moi me choque d'autant plus. Une femme y repose, squelettique, avec d'énormes cernes violacés et un homme pleurant à chaudes larmes à ses côtés. Seul le bip lent et irrégulier indique qu'elle est encore parmi le monde des vivants. Charles me lance un regard désespéré.

-Je crois que je vais rester avec toi finalement, murmura t-il d'une voix tremblante

Je lui fais signe de me suivre et entre dans ma chambre quelques mètres plus loin, complètement chamboulée par la femme malade, me rappelant que trop bien les derniers jours de ma propre mère.
Nous nous asseyons en silence sur mon lit et pendant un temps, ni l'un ni l'autre n'ose briser ce silence pesant.

-C'est le stade final, finis-je par dire d'une voix calme
Charles lève les yeux vers moi et je peux remarquer qu'il a pleurer.
-Oui..
-Ma mère est morte de ce cancer il y a 2ans, et je vais en mourir bientôt.
-...Ce n'est pas trop dur ?
-De mourir? C'est lent.., murmurai-je dans un souffle

Charles s'allonge sur mon lit en soupirant. Je le regarde faire puis décide d'en faire autant.

-Pourquoi? demande t-il d'un ton las et mélancolique
-C'est ce que je me demande tous les jours, dis-je en tournant la tête vers lui.

Nouveau silence. Agréable cette fois ci, réconfortant même. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens presque bien. Mes paupières deviennent lourdes, mon souffle s'apaise et je sombre dans le monde des rêves.

Ce n'est que bien plus tard que je me réveille à la sensation d'un vide à côté de moi. J'ouvre les yeux lentement et m'aperçois que Charles est parti. Je soupire faiblement et me redresse. La sensation de plénitude acquise par sa présence est bien vite remplacée par le mal-être de son absence.
Combien de temps est-il resté ? M'as t-il regardé dormir ?

L'arrivée de l'infirmière coupe court à mes interrogations.
On m'amène mon respirateur..

DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant