Le soucis du détail

44 3 0
                                    

Nous entrons dans la salle et nous asseyons aux mêmes places que dans les autres cours. Il s'agit du même endroit que le cours de Dessin d'Observation, de Perspectives et de Couleurs. Seul le professeur change et à chaque intervenant son univers. 

« Souvenez-vous de l'un de nos premiers cours de cette année, commence le prof. Nous avions parlé de la lumière, de la perception des objets dans l'environnement selon son intensité et surtout, nous avions travaillé à reproduire les effets de la lumière sur des objets. 
— Oh ouais, on avait dessiné des cubes sur du papier kraft, se rappelle Logan. 

En effet, pour des novices en la matière, dessiner des objets sans se baser sur leur structure, mais plutôt grâce à la réflexion de lumière, c'était une première. Une première plutôt déconcertante, mais au final, avec un résultat assez intéressant. 

— Maintenant que vous avez abordé différentes approches du dessin, poursuit Ernesto, notamment grâce avec vos professeurs de Dessin Narratif et de Dessin d'Observation, nous allons reprendre l'étude de ce thème. Vous ne dessinerez non pas des formes basiques, cette fois-ci vous allez-vous compliquer la tâche avec des formes complexes. 
— Parce que la simplicité c'est pour les faibles, chuchote Jordan dans ma direction. 

Logan le regarde.

— C'est ta daronne la faible, dit-il sobrement.
— Pouah faaaible ! » Répond Jordan en mimant un air choqué, ce qui fait rire la petite troupe. 

Ernesto, attablé au centre de la pièce, bras croisés, s'interrompt pour nous fixer. Soit il va reprendre son monologue dans dix secondes, soit on va manger sévère. 

« Donc je disais, reprend-il, notre cours va porter sur le dessin de formes complexes. Il ne devra y avoir aucune trace de structure prédéfinie de l'objet, seuls les effets de clair/obscur seront acceptés. À vous de faire ça le plus réaliste possible en vous basant sur le premier cours. »

À l'écoute de sa dernière phrase, tout le monde se met à la tâche. Comme d'habitude, d'un geste totalement machinal, nous ouvrons nos blocs A3 et commençons à élaborer une forme complexe sur laquelle se baser pour le devoir. 
Soudainement, la nature du cours me refait penser à l'autoportrait. Le clair/obscur joue une part importante dans l'expression du portrait, ce qu'il dégage, ce qui en ressort. 

« T'as pensé à la lumière pour l'autoportrait ? Demandé-je à Logan en chuchotant.
— J'pensais contraster la photo pour accentuer les détails sur mon visage, lance Gwen après m'avoir entendu papoter. 
— Ça pourrait donner quelque chose de chouette, lui répond Logan. Toujours opée pour la photo avec ton chat ? 
— Ouais tiens, ajouté-je, tu comptes prendre la pose comment toi ? 

Gwen s'approche pour faire des messes basses.

— Je vais poser ma petite bestiole sur mon épaule, commente-t-elle avec enthousiasme, et je pense qu'avec un projecteur sur le côté, le contraste sera plutôt bon. 
— Tu te sens prête à reproduire le pelage d'un chat au plus réaliste possible ? Demande Logan avec consternation. 
— Mais ouuuui, tempère-t-elle, ça va aller. À partir du moment où tu vas dessiner ta tronche en hyperréalisme, tu peux dessiner n'importe quoi. C'est un souci de détail, et puis.. Un challenge. 

Logan et moi acquiesçons. 

— Je pense que je vais m'amuser avec le clair/obscur sur mon autoportrait, répliqué-je. Y aura pas mieux qu'un peu d'assombrissement, vu le thème que j'ai choisi. 
— Oh moi je vais faire jouer l'éclairage global, rétorque Logan. Un regard tourné vers l'avenir et le tour sera joué. »

La séance photo approche à grands pas. Malgré notre perte de créativité, j'ai l'impression qu'on ne s'en sort pas trop mal.

La Dose CréativeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant