Chapitre 10

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Alors que Théa disparaissait dans la foule, une étrange sensation s'empara de moi. Une chaleur nouvelle, mêlée à une détermination que je n'avais jamais connue, envahissait mes pensées. Le chaos qui régnait autour de moi, les cris des enfants, les directives des guerriers se préparant à la bataille, tout semblait s'estomper. Mon esprit se focalisait sur une seule chose : être à ses côtés, la protéger comme elle l'avait fait pour moi, mais aussi pour cette meute qui, peu à peu, devenait la mienne.

Je reste immobile un instant, observant ce petit village au cœur de la forêt s'activer sous l'imminence du danger. Les enfants, les plus jeunes d'entre nous, étaient regroupés près du feu central, encadrés par des femmes aux visages graves mais résolus. Chacune d'elles savait que ce n'était pas seulement un départ temporaire, mais une séparation qui pourrait durer, sans certitude de revoir les visages familiers qui se préparaient à la guerre. Les cabanes en bois, si chaleureuses et rassurantes la veille, semblaient maintenant étrangement fragiles face à l'ombre grandissante de la menace.

Je pris une profonde inspiration et me dirigeai vers l'endroit où la plupart des guerriers étaient déjà réunis. En passant, je croisai plusieurs visages familiers, certains me souriant avec encouragement, d'autres marqués par la peur, mais tous habités par une même volonté : défendre leur foyer.

Parmi eux, Elias, un loup massif au regard perçant, s'approche de moi. Son air grave contrastait avec la légèreté qu'il affichait d'ordinaire.

— Tu te joins à nous, n'est-ce pas ? exigea-t-il, son regard scrutant mes traits.

— Oui, répondis-je, tentant de dissimuler l'angoisse qui me nouait la gorge. Je combattrai à vos côtés.

Il hocha la tête, respectueux, avant de me désigner un endroit où plusieurs membres de la meute s'équipaient en silence. Je les rejoignis, attrapant une arme rudimentaire, une dague forgée il y a des années par un des artisans du clan. Elle était simple, mais solide. En la serrant dans ma main, je sens une vague de confiance monter en moi, comme si cet objet portait en lui la force des anciens.

Les préparatifs s'accélèrent. De plus en plus de guerriers se regroupaient autour de Théa, qui, en véritable chef de meute, donnait ses dernières instructions. Ses yeux balayaient la foule, transmettant à chacun une énergie nouvelle. Elle n'avait plus besoin de mots. Sa simple présence suffisait à galvaniser les siens.

Je m'avance, mes pas me guidant instinctivement vers elle. À chaque pas, la tension montait, mais en croisant son regard, je sens cette peur s'effacer.

— Nous sommes prêts, dit-elle simplement, son regard brillant d'une détermination farouche.

Elle leva son bras, et un silence soudain s'abat sur la meute. Tous les yeux étaient rivés sur elle.

— Cette nuit, déclare-t-elle, nous allons nous battre pour ce qui nous appartient. Notre terre. Nos enfants. Nos vies. Nous ne cherchons pas la guerre, mais elle est venue à nous, et nous ne nous cacherons pas. Nous combattrons pour notre futur, pour nos familles, et pour chaque âme qui vit sur cette terre.

Un grondement s'élève de la faute. Le feu de la guerre brûlait déjà dans le cœur de chacun. Je ressentais ce même feu en moi, une flamme que Théa venait d'attiser.

— En avant ! s'écria-t-elle, sa voix résonnant dans la nuit qui tombait.

Le groupe se mit en mouvement. Les guerriers, femmes et hommes, suivaient leur alpha, prêts à tout. Je me joins à eux, mon cœur battant à tout rompre. Nous marchions dans l'obscurité de la forêt, enveloppés par le chant des arbres et des animaux nocturnes, grandiose de l'ennemi apparaisse à l'horizon.

Gang de Loups menée par une filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant