Le lendemain matin, pendant le petit-déjeuner, je n'adresse pas un mot à Madame Horane. Elle me prépare mon repas, mais aucune de nous deux ne semble vouloir engager la conversation. Je sens son regard sur moi, mais je préfère l'ignorer. Juste au moment où je me lève pour aller me préparer, elle me lance :
— Ophélie, cette ville est dangereuse. Ne fais confiance à personne.
Je m'arrête net et la regarde, exaspérée. Franchement, c'est le comble ! Les secrets, c'est vraiment quelque chose que je ne supporte pas, et cela commence à me mettre hors de moi.
Je m'habille d'un pantalon en cuir noir, d'un long pull à col roulé rouge et de mes Doc Martens rouges. Je prends mon sac et je sors. Une fois dans ma voiture, je prends la route vers le lycée, la colère bouillonnant en moi. Entre les événements d'hier soir et les paroles de ce matin, j'ai besoin d'une explication de la part de Madame Horane. Je veux comprendre ce qui se trame dans cette ville maudite. Plus de secrets, il y en a déjà eu assez dans ma vie.
En arrivant au lycée, je me remémore ma conversation avec Miss-Je-Suis-Toujours-En-Retard. Avec tout ce qui s'est passé la veille, j'avais complètement oublié notre échange d'hier midi. Ce n'est que lorsque je la vois s'approcher, vêtue d'une jupe à carreaux rouges, d'une chemise noire ornée de colliers bling-bling, de bas résille et d'une paire de bottines à talons, que tout me revient en mémoire. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine.
Dès que je la repère, je ne peux détacher mon regard d'elle. Une telle aura émane d'elle. Lorsqu'elle passe à côté de moi, elle me sourit et je sens son parfum, un mélange de pin et de sève, comme une forêt au petit matin. Je ferme les yeux, complètement déstabilisée. Qu'est-ce qui m'arrive ? Est-ce que je suis en train de craquer pour... une fille ? Je grogne intérieurement. Jamais je n'ai ressenti d'attirance pour une fille auparavant, et ce n'est pas le moment de commencer. Il faut que je reprenne mes esprits.
Je regarde autour de moi, réalisant que je suis seule sur le parking. Je monte dans ma voiture, jette mon sac de cours à l'arrière et démarre en faisant crisser les pneus sur le bitume. Je n'aurais jamais dû accepter de vivre ici ; la prison aurait été bien mieux. Je prends la route vers une colline surplombant la forêt.
Je roule assez vite, je ne regarde pas trop le compteur. Je vois le paysage défiler devant moi, mais j'en ai plutôt marre de ces secrets. J'en ai marre que l'on me prenne pour une andouille. Déjà les flics me pensent stupide, Madame Horane qui ne me croit pas digne de confiance. Je braque le volant à cause d'un virage et puis soudain je pile, je tourne le volant et je quitte la route.
Quand j'ouvre les yeux, je me retrouve sur le toit de la voiture, la tête en bas, et je vois de la fumée s'élever devant moi. Une douleur lancinante me frappe à la tête et à la jambe. J'essaie de bouger ma jambe, mais elle est coincée. Je gémis de douleur, ne sachant pas comment me sortir de cette situation. En tournant la tête, je constate que la portière est arrachée, mais le tableau de bord bloque ma jambe.
Je sais que je dois sortir de la voiture et appeler les pompiers. Avec un grognement, je détache ma ceinture et glisse, ce qui ne fait qu'augmenter ma douleur. Je pousse le tableau de bord de toutes mes forces et parviens à retirer ma jambe, hurlant sous l'effet de la douleur. Je m'efforce de m'extirper de la voiture, passant par la fenêtre, mais des éclats de verre se logent dans mes bras déjà ensanglantés, et d'autres me griffent le corps. Je gémis, mais je réussis tant bien que mal à sortir de la voiture.
Allongée sur l'herbe, je regarde ma jambe gauche, qui est déjà violette. Génial, elle doit être cassée ou foulée. Je me redresse sur les coudes et touche ma cheville, qui semble intacte, mais mon genou est visiblement disloqué. Je grogne en le touchant. Comment vais-je m'en sortir ? Je jette un coup d'œil à la carcasse de la voiture, puis vers la route. C'est alors que je remarque quelqu'un qui me fixe. Je reconnais immédiatement cette jupe rouge. Que fait-elle ici ?
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Gang de Loups menée par une fille
LobisomemEt si, pour une fois, l'Alpha était une femme, et que son âme sœur l'était également ? Découvrez l'aventure de Théa la Louve et de son âme sœur, Ophélie.