Chapitre 7

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Pendant une semaine, je ne l'ai pas revue. Étrangement, cette absence m'a affecté plus que je ne l'aurais imaginé. J'étais plus agressive que d'habitude, énervée pour la moindre petite chose. Je ne pouvais même plus supporter l'idée d'aller en cours, parce que je savais qu'elle n'y serait pas, à cause de moi.

Cette nuit-là, j'étais confortablement installée dans mon lit, un roman à la main, cherchant désespérément une échappatoire dans la fiction. Tout était silencieux, juste le doux bruissement des pages tournées. Mon téléphone, posé à côté de moi, s'alluma soudainement, brisant la tranquillité de la nuit. Mon cœur bondit à l'idée que ce soit un message de Théa. L'espoir, irrationnel, mais puissant, me fit attraper le téléphone avec une hâte nerveuse. J'avais prié si fort pour un signe, pour un mot d'elle, pour combler ce vide qu'elle avait laissé.

Mais lorsque je vis le nom qui s'affichait sur l'écran, tout ce qui était en moi se figea.

"Ophélie, tu penses encore à moi ? Je t'aime. Papa."

Non... non... C'était impossible. Comment pouvait-il m'envoyer un message ? Comment avait-il eu mon numéro ? Il était en prison, coupé de tout contact avec moi depuis des années. Mon corps tout entier se mit à trembler alors que je déglutissais difficilement, sentant une panique grandir dans mon estomac.

Et puis un autre message s'afficha, glaçant mes veines :

"Tu t'amuses bien à Judetown ?"

Mon téléphone glissa de mes mains, s'écrasant lourdement sur le sol dans un bruit sourd. Je restai pétrifiée, figée comme une statue, le regard rivé sur le vide. Chaque mot de ces messages était une porte grande ouverte vers les ténèbres de mon passé. Tout ce que j'avais tenté d'oublier, tout ce que j'avais enfoui au plus profond de moi, venait de resurgir d'un coup. Ces souvenirs, que j'avais passé des années à combattre, refaisaient surface. Je sentais la peur envahir chaque cellule de mon corps.

Madame Horane, alertée par le bruit, m'interpella doucement depuis l'autre pièce.

— Ma puce, est-ce que tout va bien ?

Je restai un moment silencieuse, essayant de retrouver ma voix, d'échapper à l'emprise de la terreur qui me paralysait. Je baissai les yeux vers mon téléphone dont l'écran venait de se fissurer. J'essayai de rassembler les morceaux de moi-même pour lui répondre, sans la moindre conviction.

— Oui, oui, tout va bien, pardon Madame Horane.

Mais tout allait mal, terriblement mal. Mon passé, que je croyais derrière moi, venait de refaire surface, plus menaçant que jamais.

Je dois absolument me calmer. Une seule chose peut m'apaiser : une promenade. J'enfile un sweat gris et un jogging noir avant de descendre les escaliers. Madame Horane est occupée à ranger la cuisine, alors je sors discrètement. Je n'ai pas le droit de marcher longtemps avec mon genou dans cet état, mais je ne peux plus rester enfermée. Je boîte en direction des bois, cherchant à fuir la tempête intérieure qui me dévore.

Je n'ai aucune idée d'où je vais, mais je laisse mes pas me porter. La colère monte en moi, un tourbillon d'émotions que je ne parviens pas à contenir. Je repense à tout ce qui s'est passé, aux révélations, aux mensonges. Théa... une louve Alpha... et moi... son âme sœur ? Comment est-ce possible ? C'est au-delà de ma compréhension, et pourtant, ce n'est pas la seule chose qui me tourmente.

Je revois mon père... cet homme qui aurait dû me protéger, mais qui ne voyait en moi qu'un fardeau. Je revois mon frère, l'aîné adoré, celui qui a su transformer cette admiration en tyrannie. Les deux, complices d'un enfer quotidien. Mes poings se serrent instinctivement. Chaque muscle de mon corps se tend, prêt à exploser. Je me souviens des nuits passées enfermée dans cette petite chambre froide, sans fenêtre, la "chambre de la punition", comme ils l'appelaient. C'était leur manière de m'apprendre la soumission, leur manière de m'écraser.

Gang de Loups menée par une filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant