9. Pan et Syrinx 2

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Le bouclé avait peut-être raison, la température de ma chambre semblait avoir pris quelques degrés. Ou j'étais tout simplement en chaleur. Je n'avais plus été aussi proche d'un garçon depuis des lustres, et si je n'étais pas si jeune, je pourrai presque en déprimer. Mes cheveux étaient entièrement démêlés à présent et leur texture se rapprochait beaucoup de celle de Clément. Lui qui fut décrit par Léo et Charlotte comme le crado de la classe... Il prenait mieux soin de ses cheveux que moi. J'allais finir par accepter le surnom :

"Balai-brosse ?"
"M'appelle pas comme ça putin !" couinais-je.
Nous étions assis l'un en face de l'autre, aux deux extrémités du lit. Et pourtant l'odeur de ses huiles essentielles parvenait jusqu'à moi. Nous parlions de tout et de rien, et lorsque je vis qu'il commençait à baisser ses gardes j'ai décidé de lui poser des questions bien plus intéressées :

"Xavier et toi, vous vous êtes connus comment ? Pendant un viol à une Skin Party ?" je me surpris moi-même par mon audace. Mais mon corps lui n'avait pas oublié ce qui s'était passé à cette soirée. Mes jambes s'étaient resserrées et j'agrippais les draps de toutes mes forces. Clément ignora mon sarcasme. Son visage se durcit, il était encore en colère.

"Il est vraiment con."
"Je comprends mieux, c'était sûrement le coup de foudre au premier regard !"
Il sourit avant de plonger son regard dans le mien. Son manque de confiance en lui avait disparu.
"Il se fait du mal à lui-même." pensa-t-il à voix haute. "J'ai pitié de ce mec, sérieusement." finit-il. Comprenant que le moment n'était plus à la blague, je cessais de lui lancer des piques.
"Parce qu'il te rappelle ta propre personne..." pensais-je à voix haute.
"Ouais..." glissais-je. "Mais j'ai pas pitié de moi-même, c'est assez étrange."
"Effectivement."

"Tu vois un psy ?"
"Ca m'arrive."
avouais-je.
"Pour des problèmes dont tu ne veux pas me parler j'imagine ?"
"Non, pas vraiment..."
"Qui ont un lien avec ton arrivée dans notre classe."
devina-t-il à mon grand désarroi.
"Personne ne redouble sa terminale avec plaisir. Et encore moins pour atterrir dans une classe de tarés." pensais-je à voix haute. J'avais malgré moi révélé des indices sur mon secret : j'avais été contrainte à m'inscrire dans cette classe. Je fis comme si de rien n'était et poursuivais la discussion. Mais une chose était sûre : Boucle d'or était en train d'enquêter !

"Quand tu ne reçois comme preuve d'amour de tes parents que des choses matérielles tu finis par leur donner plus d'importance qu'elles n'en n'ont. C'est ma malédiction."
"Je..."
"Parfois je n'ai absolument aucune idée du pourquoi, mais je le fais quand même."
"Parce que ça fait moins mal quand la peine est causée par soi-même ?"
"Comment tu sais ça ?"
"Parce que c'est mon petit pouvoir. Je suis super empathique."
"Dingue !"
ironisa-t-il. "Moi qui pensais que t'étais juste super reloue..." je le frappais à plusieurs reprises avec mon coussin. Il finit par saisir ce dernier et me tirer vers lui. Je tombais, tête la première sur sa poitrine, pour constater qu'elle était chaude comme la braise. Je me redressais aussitôt et changeais de sujet. Gênée.

"J'ai l'impression qu'Ilkay ne te porte pas dans son cœur." commençais-je. "Il avait quand même eu raison de vouloir m'avertir sur ta petite fête bizarre..."
"C'est pas une raison pour kidnapper les gens, c'est un grand malade."

"Pas faux..." admis-je. "Mais je pense que je préfère être kidnappée par lui que tringlée par ton acolyte."
"On peut arrêter d'en parler s'il te plaît ?!"
"Bien. Revenons-en à Ilkay alors..."

[...]

"Ouais il est un peu coincé du cul, il a juste besoin de tirer un coup et foutre la paix aux gens avec ses théories bidons."
"Ses théories bidon ?"
"Longue histoire."
"Comment tu sais qu'il tire pas son coup ?"
lui demandais-je. "Après les secrets d'Alice tu surveilles aussi les bourses d'Ilkay ?"
"Ah-ah-ah." fit-il en applaudissant lentement. "Tu devrais faire carrière !"

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