MYTHOLOGIES

17. La revanche d'Apollon

Nos vacances de Noël se poursuivaient et le réveillon pointait le bout de son nez. Ma petite famille s'afférait à préparer le repas de l'année et mon esprit ne pouvait se détacher de ma mission. Je devais cuisiner ma mère et lui faire dire tout ce que je pouvais afin d'éclairer ma lanterne. Elle savait forcément des choses que même Clara ignorait, et même si ma colloc' n'avait jamais osé me lancer sur cette piste, je savais tôt ou tard que cette conversation aurait lieu. Ma mère était très fermée et hésitante au départ, mais mon intérêt pour son passé avec les Olympiens avait fini par la convaincre de m'en dire d'avantage. J'allais droit au but et lui posait des questions sur l'olympien sur lequel j'avais le moins d'informations : Ilkay Akturk.

"Il m'a demandé si j'avais des enfants, je lui ai dit un." répondit-elle calmement. Je devais savoir si les olympiens pouvaient se douter de mon existence. "Puis je lui ai parlé de toi et ton histoire, et ses yeux ont étincelé. Il n'avait pas souri depuis des mois. C'est un garçon très dépressif."
"Tu lui a dis que ce qui m'est arrivé ?!" m'étranglais-je presque.
"Non." répondit-elle sèchement. Sa chaleur avait disparu, elle était à nouveau sur la défensive. "Ne pose pas de question idiote." mais son ton ne me rassurait pas du tout.
"Tu lui as dit qui j'étais?!"
"Baisse d'un ton Emma, je ne suis pas ta copine ! Je ne lui ai pas donné ton prénom." reprit-elle d'un ton un peu plus calme. Ma mère savait probablement que j'allais à nouveau disparaître et ne plus revenir à la maison si elle me prenait trop la tête. Et en même temps elle ne voulait faire aucune concession.

"Pourquoi toute cette mascarade ? J'en ai marre de me cacher..." pensais-je à voix haute.

"Parce que des rumeurs étranges courent sur lui, et sur ce qu'il aurait fait à une jeune fille et je ne veux plus prendre de risques insensés !" aboya-t-elle. 

Ma mère venait de me toucher en plein cœur. Elle ne voulait plus prendre de risques insensés ?! Qui prenait des risques chaque jours en allant à ses cours de Latin ?

"Bah oui ce serait embêtant, faudrait encore tuer un bébé." assénais-je avec froideur. Je voulais la blesser. Rien de moins.
"Ça suffit !" hurla -t-elle d'une voix si stridente que je cru qu'une des vitres allait éclater. Ma mère n'avait jamais été aussi énervée. Sa main était suspendue au dessus de ma tête et je la mettait au défi de venir s'écraser sur mon visage. J'étais hors de moi, et encore plus maintenant que je venais de voir que ma mère voulait résoudre cette situation par la violence. Ma bulle éclata, et tout ce qu'il y avait à l'intérieur se répandit sur le sol. Toute la rage, la frustration et l'incompréhension que j'éprouvais à l'égard de ma mère et ses choix lui éclaboussèrent au visage : 

"Qu'est-ce qui suffit ?! Les mensonges ou les messes basses ?! T'as jamais eu aucune considération envers moi. Tu m'a toujours considérée comme une attardée mentale, et c'est pour cette raison précise que tu perds encore ton temps à me dire ce que je devrais ou pas faire!"

Une partie de moi avait peur et voulait s'arrêter là. Sortir en claquant la porte, mais une autre partie de moi, plus forte et plus révoltée s'agrippait au temps de parole qu'elle était parvenue à glaner. Ma mère était complètement abasourdie. Sa main retomba mollement et la glace de ses yeux se mit à fondre. Mais il était déjà trop tard...

"J'ai toujours été cet enfant bon à rien qui faisait de l'ombre à ta carrière. Au point que tu te débarrasses de moi en me laissant seule avec un homme qui n'était même pas mon père ! Au point que tu décides de considérer comme tes enfants une classe de malades mentaux qui n'ont aucun respect les uns pour les autres !" Ma voix s'affaiblissait et ma vue se brouillait. "J'aurais pu entrer dans cette école et leur dire dès le premier jour que j'étais ta fille. Et tu sais quoi?"  les larmes roulaient sur mes joues à présent et je déglutit avant d'achever ma phrase :