13. Le treizième travail

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Ma mère brisa le cercle pour aller à la rencontre de Corentin. Tout le monde retint son souffle. Je cru bien qu'elle allait le gifler. Je connaissais ce regard. 

"De toute façon j'allais pas l'avoir ce bac..." dit-il en ricanant. Un rire timide échappa de la bouche d'Alice, bientôt suivi par un rire franc d'Ilkay et Thomas. Puis c'est toute la classe qui se mit à rire. Mais lorsque Charlotte se détacha du cercle pour aller une nouvelle fois à la rencontre de sa moitié, la situation redevint tout aussi pesante. Elle embrassa tendrement avant de lui caresser la joue, ignorant les policiers. Ces derniers finirent par reprendre leur marche et nous réalisions tous avec terreur qu'ils l'emmenaient vraiment.

Ilkay, Thomas, Léo et les autres étaient bien silencieux, comme s'il s'agissait de l'ordre naturel des choses. Comme si tout devait forcément se finir par un sacrifice et en l'occurrence son sacrifice. Ce genre de situation c'était déjà produit il y a quelques années. Félix y avait perdu l'usage total de ses jambes et le mystérieux Camille avait disparu. Dans quelles circonstances ? Je ne le saurai jamais.

Pour quel motif Corentin avait-il été inculpé ? Je l'ignorai, mais si il avait tenu parole, j'en avais ma petite idée. Je fus bousculée et le visage de ma mère se durcit. C'était M. Girard le proviseur adjoint. Il toisa ma mère de toute sa hauteur et mais cette dernière assuma ce duel oculaire. Si l'on pouvait tuer d'un simple regard, Girard serait déjà mort 3 fois. Je ne connaissais pas la nature de leurs relations au sein du lycée, mais si cet homme était décidé à se débarrasser de nous, il devait forcément avoir ma mère dans sa ligne de mire. Elle était le dernier verrou à faire sauter afin de pouvoir réellement accéder aux olympiens. Le proviseur adjoint suivit les policiers dans le silence le plus plat. Quelques secondes plus tard, Clara apparue accompagnée de Fabien et la prof de Philosophie, elle avait visiblement été retenue par le proviseur adjoint en personne. Elle se plaça à mes côtés sans dire un mot, mais je sentais sa tristesse. C'était sa classe aussi.

Personne n'osa suivre les forces de l'ordre jusqu'au commissariat. Ce serait aussi désespéré que de repartir en guerre juste après une défaite. Nous devions compter les blesser, nous ré-organiser, et pro-

"Les événements d'aujourd'hui ne doivent pas vous déconcentrer de votre but initial." m'arracha ma mère à mes pensées. "Vous devez avoir ce BAC et avancer dans vos vies respectives." finit-elle avant de tourner les talons. Comment pouvaient-ils s'attacher à un être aussi froid ? Je savais que ma mère était dure parce qu'elle aimait, mais eux ? Comment entendaient-ils ces paroles ?

Je me retournais et la scène que je vis m'ému presque aux larmes. Isabelle était réconfortée par Léo et entourée par toutes ses amies. Yaëlle et Nour ne se lâchaient plus, si bien que je cru qu'elles allaient fusionner. Alice et Kimya se tenaient par la main, tentant toutes les deux de consoler Charlotte. Thomas et Ilkay parlaient à voix basse, Clara n'était plus à mes côtés elle consolait un Clément au bord des larmes. Donovan qui avait assisté à la scène de loin vint timidement mettre une main sur le dos de la fausse blonde. Je cru qu'elle allait lui déchirer le visage d'un coup de griffe, mais elle le prit dans ses bras afin de pleurer de plus belle. Si le jeune garçon dans son insouciance n'avait pas encore compris le mal qu'il avait pu causer, il en était parfaitement conscient à présent. La culpabilité se lisait sur son visage comme un livre ouvert.

Une silhouette que j'eus du mal à distinguer derrière mon rideau de larmes apparu vers l'entrée du lycée. Il s'agissait de Mehdi. Il avait visiblement été relâché. Au vu des propos tenus à son encontre pendant la réunion je ne me fit pas d'illusions. Personne n'allait courir dans ses bras. Et c'est exactement ce qui se produisit. Il revint lentement mais sûrement parmi nous sans effusions quelconques. Je pense que les olympiens étaient beaucoup trop drainés émotionnellement pour traiter avec lui. Mais Yaëlle à ma plus grande surprise brisa le cercle pour venir lui tendre la main. Ce n'était pas une embrassade, mais connaissant leur passé c'était extrêmement symbolique. Mehdi ne serrait jamais la main des filles, mais à l'étonnement de tous, il le fit. Avant de tirer la main de Yaëlle et la jeter dans ses bras. Léo déjà extrêmement nerveux était prêt à bondir à tout moment, et les membres de la Team avait déjà encerclé le jeune maghrébin. Mais les scénarios catastrophes étaient finis pour la journée. Nour rejoignit leur étreinte, tendant la main à Félix qui détourna le regard. Alice hocha la tête avant de rire entre deux sanglots. Alors très timidement le petit génie de la classe, jadis gardien de tous les secrets s'approcha et étreignit la fille qu'il aimait tant.

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