12- Ava

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Hier soir, j'ai pris une balle en plein coeur

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Hier soir, j'ai pris une balle en plein coeur. La balle a perforé le peu d'estime de soi qui me restait, répandant ma honte autour de moi.
Après le petit déjeuner avec le Prince et son fils, nous avons toutes passé la journée en leur compagnie, à mieux apprendre sur William. J'ai volé quelques regards à Gabriel, mais encore embarrassée, je n'ai pas osé aller lui adresser la parole.

Contrairement aux fois précédentes, il m'a donné le cold shoulder treatment. Pas une fois, il n'a pas essayé de me parler. Pour dissimuler ma tristesse, j'ai passé le reste du temps aux côtés de son fils. Ensemble, nous avons joué, lu des histoires, c'était plaisant. J'ai également fui toutes les autres femmes, n'ayant pas envie de faire semblant. Ce gamin, qui a perdu sa mère, est un vrai trésor.

En début de soirée, Gabriel a invité Félicie à se joindre à lui dans ses appartements. Ainsi, tous les trois, telle une famille, ont quitté le jardin sous nos yeux ébahis.

Je me suis sentie si triste. C'est idiot ! Je ne suis même pas là pour être amoureuse, alors pourquoi est-ce que ça m'affecte autant ?

Vers les 23 heures, comme je l'aurai fait à chaque fois, je me suis jetée à corps perdu vers autre chose qui soulagerait ma peine. Je suis descendue à pas feutrés dans la cuisine. Le silence pesait dans tout le Palais. Je sentais ma bouche faire de l'eau. J'avais besoin de combler le vide qui hurlait en moi.

Comment ai-je pu croire un seul instant que j'étais spéciale ? Comment ai-je pu me voiler la face en croyant que le Prince Gabriel Clemens-Rons avait vu que j'étais différente ? Tout cela parce qu'il m'a sauvé des griffes de Margot ? Idiote !

La pièce m'a accueillie avec des doux ronronnements, ceux du frigo. Tout était si bien rangé et ordonné dans une perfection remarquable. Ça m'a rappelé les hôtels où j'ai bossé.

J'ai fouillé un premier placard à la recherche d'un éventuel paquet de chips, rien. Un autre, des conserves à gogo. J'ai décidé de me servir directement dans le frigo. Celui-ci fut rempli de haut en bas. Évidemment ! Allaient-ils remarquer que je pique de la nourriture ? Ava, ce n'est pas le moment de paniquer, ai-je pensé.

De mes doigts habiles, j'ai commencé par prendre précautionneusement un plat. Je l'ai ouvert. Des restes de lasagnes. À même les doigts, j'ai mangé telle une vorace. Je n'ai pas pris le temps d'apprécier la saveur des épices, j'ai empiffré le plus de nourriture possible. Puis, je me suis emparée d'un yaourt et un autre et un autre. J'ai senti l'abîme se remplir de lui-même. Dans ma tête apparaissait l'image du trou béant de mon coeur qui se refermait, du moins pour un peu de temps.

Et comme à chaque fois après, j'ai eu mal au coeur. Je me suis hâtée de me débarrasser des évidences. J'ai honte. J'ai eu le sentiment d'être un voleur, un usurpateur. Tel un meurtrier qui dissimule ses traces, j'ai caché les miennes, le tout orchestré dans un parfait silence.

LOVED #wattys2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant