13- Ava

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Je n'ai jamais pris l'avion. Jamais...Nous avons carrément droit à un jet privé, c'est insensé, non ?

Toutes les 4, Margot, Amber, Félicie et moi sommes de la partie pour ce voyage en France, ainsi que les deux Princes et les deux gardes du corps. La Reine est restée au Palais avec William.

Je reste médusée face à la beauté des lieux, on se croirait dans un hôtel de luxe. Tout y est. En haut, nous avons nos chambres Félicie et moi, en face de celle d'Amber et Margot. Thomas et Gabriel ont leur suite respective. Je n'en reviens pas ! La salle de bain commune contient une douche luxueuse. Je ne savais même pas qu'un avion pouvait avoir ce genre d'excentricité. J'ai l'impression d'être sur une autre planète ! Le regard amusé de Gabriel croise le mien. Il lit dans mes pensées. Il s'approche de moi avec un « impressionnant non ? », comme si lui aussi découvre tout cela pour la première fois. Nous dévalons l'escalier pour se rendre en bas. Deux canapés en cuir blanc, dotés en face d'un énorme écran, nous accueillent. Sur la table basse, un bouquet de pivoine et des magazines. Mais le luxe s'étend encore, une table à manger avec 6 fauteuils en bois précieux se dressent dans la pièce.

Oh la la, c'est fabuleux, s'écrie Félicie. On est vraiment dans un avion ?

— À ton avis ! lance Margot.

Nous nous installons Félicie et moi l'une à côté de l'autre, en face de Margot et Amber. Quelle drôle de sensation ! Non pas drôle, désagréable. Pourvu qu'on ne s'entretue pas, pensé-je. Les garçons se mettent de part et d'autre de la table. Le dîner nous est servi par une serveuse. Je me surprends à lui sourire et à me projeter en elle. Et dire qu'il y a un peu plus de trois semaines, je travaillais dans les hôtels de luxe. Ça me semble si lointain à présent. Je glisse un regard vers Thomas qui ne lui accorde aucun regard ni même un merci, quand elle dépose l'assiette devant lui. Ici, elle n'est rien d'autre qu'un objet, une personne-robot qui se doit d'être le plus invisible que possible. Gabriel est en grande conversation avec Amber qui lui fait les yeux doux. Je sens la colère me submerger, mais Félicie me devance.

— Prince Thomas, ne t-a-t-on pas enseigné les bonnes manières ?

— De quoi parles-tu ?

— Un merci envers la serveuse, c'est trop demandé ? ose-t-elle avec douceur.

Je souris. Je n'arrive pas à me départir de la joie qui me vrille les entrailles à cet instant.

— Merci, capitule-t-il, en déployant ses yeux orageux sur ceux de la rouquine.

— Voilà qui est mieux, dit-elle.

— Ça a dû être épuisant de s'occuper des autres, non ? Ava, toi qui a bossé dans un hôtel à faire le lit des gens, comment c'était ? Raconte nous !

Je décèle un vrai plaisir en Margot à me rappeler mon passé, mais je n'en ai plus honte. Il fait partie de moi, il a contribué à celle que je suis aujourd'hui. Gabriel qui a entendu sa pique, réplique :

— Si elle n'a eu que des clientes aussi exigences que toi, la pauvre, j'imagine qu'elle a dû souffrir, dit-il me souriant.

— Ça me fait des histoires à raconter. Il y a eu des clients mémorables, ceux qui vous remercient pour votre travail ; ceux-là se font rares. Et de drôles d'oiseaux, continué-je. Une fois, il y a eu cet homme très riche, il était tout nu dans son lit quand je suis rentrée pour nettoyer la chambre. Il désirait que je lui fasse des choses contre de l'argent, dis-je, la tête baissée. J'ai pris les jambes à mon cou et suis sortie prévenir ma gouvernante. C'est la pire partie de mon métier. Lorsque les gens aisés se croient tout permis et au dessus de tout le monde, dis-je en plongeant mes yeux dans ceux de Margot.

LOVED #wattys2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant