15- Ava

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« Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre » Dostoïevski

Ava

Je suis debout devant Storm. Il y a du progrès puisqu'il accepte mes caresses. Je ne sais pas si j'ai la fibre animale, mais je peux passer des heures à admirer les chevaux qui galopent. J'aime également observer la nature en plein jour et le ciel qui se pare d'étoiles la nuit.

Les yeux de la bête se plonge dans les miens et j'y vois le reflet de ma propre solitude.

— Eh bien Storm, toi et moi, on est semblable, hein ? Mais, il va falloir te bouger. Moi, j'ai commencé à faire des efforts tu sais. Oui, ce n'est pas si facile, je te l'accorde, mais ça semble en valoir la peine, dis-je.

Je me retourne brusquement lorsque je sens quelqu'un posté derrière moi. Gabriel. Le Prince est là, debout contre la porte et mon coeur fait des soubresauts.

— Tu m'espionnes ? demandé-je un peu plus fort que je ne l'aurai souhaité.

— Non, j'étais venu rendre visite à mon cheval, dit-il en s'avançant vers moi.

Ses yeux se posent sur les miens. Je me sens fébrile. Un sentiment d'incertitude me colle à la peau. Est-ce qu'on est ensemble ? Il a dit « on progresse », ça reste assez vague. C'est également la première fois qu'on se revoit seuls depuis notre arrivée de France, mais je demeure désappointée, il ne m'embrasse toujours pas.

— Ava, tu as perdu ta langue ?

— Euh...non, non, j'allais m'en aller voir Félicie, dis-je, lui tournant le dos.

J'ai les joues en feu, je ne sais pas exactement comment agir avec lui maintenant. Je ne l'ai jamais su de toute façon !

— Le Palais est dans l'autre direction, m'informe-t-il.

— Ah oui ! Merci.

Avant que je ne puisse partir, Gabriel m'attrape le bras et m'attire vers lui, il plaque un baiser sur ma bouche.

— Tu m'as terriblement manqué, dit-il.

— Toi aussi.

Je suis soulagée, il m'a embrassée.

— Tu veux faire un tour avec moi ?

— À cheval ?

— Oui, viens.

Avant que je ne puisse décliner l'offre, il me prend la main et me dirige vers le box de Storm. Après avoir installé la selle, Gabriel me hisse sur l'animal. Il tient les rennes pour moi, tandis qu'il marche à nos côtés, tel mon protecteur. Tout mon corps dodeline sur la jument, mais je me sens tellement bien.

— Est-ce que ça va ?

— C'est parfait !

Nous quittons la ménagerie. Sous un ciel devenu maintenant ferreux, nous nous baladons dans l'immense jardin, s'enfonçant davantage parmi les bois, dont les troncs noueux ressemblent à des paires d'yeux. Plus nous avançons, plus je suis surprise par les lieux qui sont restés dissimulés jusque-là. Un vrai travail de maître a été constitué dans les jardins à l'inspiration anglaise. La nature semble plus sauvage, même si en réalité, tout est finement pensé pour imiter ce côté-là, afin d'en exalter toute sa beauté et sa poésie. L'eau est omniprésente ici et nous longeons les canaux, sur lesquels barbotent des cygnes et des canards.

— J'ai hâte que tu découvres les jardins du Palais en été. Nous y faisons des fêtes somptueuses sur nos bateaux.

— Moi aussi, dis-je, ravie qu'il fasse des projets avec moi. Je suis subjuguée par la beauté des jardins anglais.

LOVED #wattys2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant