CHAPITRE 1 : Une journée comme les autres

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Cela fait maintenant un bon bout de temps que je marche dans cette vaste forêt, des rayons de soleil se faufilant à travers les branches des arbres afin d'éclairer chacun de mes pas, quand enfin j'aperçois la rivière. Heureuse, mon visage s'illumine d'un sourire et je me précipite vers l'eau turquoise. Je me baisse pour profiter de la fraîcheur de cette dernière, plongeant mes mains dans la source. En collant mes deux paumes, je capture un fragment de ce trésor et lève légèrement les bras, la faisant quitter son élément naturel pour ensuite la faire retomber tranquillement, laissant un bruit de mini cascade se faire entendre parmi la quiétude de cet endroit.

Soudain, un bruit de pas attire mon attention. J'observe la rive en face de moi, la cherchant du regard. Et comme je m'y attendais, elle est là. La louve aux yeux de perles. C'est encore elle. Sa beauté m'éblouit à chaque fois que je la vois. Son pelage blanc et pur, ses yeux d'un gris clair comme deux perles envoûtantes, son allure et sa démarche de reine. Elle est d'une magnificence parfaite, toute droite sortie d'un univers imaginaire je suppose. Elle me rend visite chaque nuit, et je suis toujours aussi émerveillée que la première fois que j'ai fait ce rêve, il y a de cela des années déjà.

Elle m'observe d'un œil bienveillant, le calme et la tranquillité de ce lieu me transportant dans cet univers merveilleux. Un léger souffle de vent me caresse les cheveux et fait voler légèrement sa fourrure de neige.

Malheureusement, un bruit m'enlève de cette vision, me ramenant sur Terre.
Dans ma chambre, et plus précisément dans mon lit.

Fichu réveil.

Et voilà qu'une nouvelle journée commence, aussi banale que d'habitude.

_ Malya, réveille-toi tu vas être en retard ! Me lance ma mère depuis le bas des escaliers.

Je me lève péniblement et me dirige vers la salle de bain, la fatigue se faisant déjà ressentir dans tous mes membres engourdis. J'ai toujours beaucoup de mal à m'endormir, alors quand j'y parviens enfin, je me sens bien. Mais c'est toujours à ce moment là, quand j'ai enfin trouvé le sommeil et que je suis absorbée par ce rêve, que mon réveil sonne.

Avec l'allure d'un escargot, j'arrive à destination. Après m'être passée de l'eau sur le visage, je m'essuie rapidement avec ma serviette se trouvant à ma droite. En relevant la tête, mon regard croise le miroir, laissant paraître ma mauvaise mine d'insomniaque. Mes longs cheveux bruns, normalement lisses, sont actuellement en pagayes. Mes habituelles cernes rendent mes yeux moches, comme si j'avais fait un parcours du combattant pendant plusieurs nuits d'affilées.

Quand j'étais petite, les gens avec qui mes parents discutaient disaient que j'avais un regard magnifique, que c'était à la fois bizarre et impressionnant. Mes iris étant d'un bleu océan plutôt inhabituel, toute personne qui me voyait semblait intriguée. Ma mère me disait toujours que si les autres enfants me fixaient, c'était parce que la couleur de mes yeux était rare et différente de celle des autres. Je m'étais donc faite à l'idée que c'était vrai, même si cela ne m'a jamais empêchée d'être mal à l'aise lorsqu'on me regarde ainsi à cause de cette simple différence. J'aurais pu apprécier cette particularité qui me distingue du commun, mais je me suis toujours sentie à l'écart vu que mes camarades et autres - que ce soit des enseignants ou des personnes dans la rue - semblaient comme hypnotisés par ce bleu mystérieux, m'observant tous comme une fourmi au milieu d'une ruche d'abeilles. Autrement dit, je n'avais pas ma place dans cette société qui rejette toute « anormalité ».

Je décide d'aller prendre une douche rafraîchissante, afin de tenter de me réveiller un peu mieux, même si c'est peine perdue. Après un bon quart d'heure à me laver sous une eau plutôt froide, je me sèche avant de m'habiller. Sachant que Hilton High School, le fameux lycée où je fais mes études, est situé dans un coin reculé au nord de la Géorgie et n'étant ni privée ni très connu, l'uniforme scolaire n'y est pas obligatoire. Bien que ce soit une manière originale d'être tous égaux au niveau vestimentaire, je préfère quand même qu'il y ait un peu de diversité et surtout que les filles aient le droit, tout comme ces messieurs, de porter des pantalons à leur guise. J'enfile donc un t-shirt basique blanc ainsi qu'un jean noir. Mes vêtements sont toujours simples et confortables. Je ne suis pas comme toutes ces filles qui se moulent dans leurs habits et roulent des hanches avec leurs talons de dix centimètres seulement pour plaire aux autres. Si les gens ne m'acceptent pas telle que je suis, alors qu'ils ne comptent pas sur moi pour que je leur fasse du lèche botte, surtout si c'est pour m'intégrer dans un groupe de personnes qui me planteront un couteau dans le dos dès qu'ils en auront l'occasion. Je sais, j'ai une étrange manière de penser pour une fille de dix-huit ans.

La Descendante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant