CHAPITRE 11 : Le liquide bleu (Nouveau)

37 4 8
                                    


Au moins, je sais maintenant pourquoi Jonathan semblait si inquiet en me voyant. J'espère cependant pouvoir gérer rapidement ce changement qui n'a rien d'ordinaire, afin de ne pas me retrouver dans des situations compromettantes ...

* * *

L'eau chaude coule à flot sur ma peau, censée débarrasser mon corps de la crasse que ces sales types y ont laissé. Mon âme est marquée, tatouée par de récentes cicatrices. Je soupire en prenant conscience de la chance inimaginable que j'ai eu qu'il arrive à temps. Avant qu'aucun retour en arrière ne soit possible. Avant d'avoir été complètement détruite par ces monstres.

« Il m'a sauvée. »

Je me lave mais le terrible sentiment que j'ai d'être salie ne part pas. Je me frotte désespérément les joues, le cou, je me rince, rajoute encore plus de savon, mais je me sens toujours sale. J'ai l'horrible sensation que leurs mains me touchent encore, que mes poignets sont toujours prisonniers, que je ne peux pas m'enfuir. J'ai honte. Honte malgré moi. Je n'aurais pas pu m'en tirer toute seule. Ils étaient trop nombreux, trop forts, trop déterminés. L'odeur de l'alcool et de la cigarette ne me quittent plus, comme si elles faisaient désormais partie de moi. Comme si ce que j'avais subi m'avait suivi jusque dans cette maison.

Jonathan.

C'est sa maison. Je suis chez lui et prends une douche dans sa salle de bain. La gêne me prend la gorge. Je me sens faible, fragile. Un pauvre petit être sans défense qui a besoin de réconfort après tant de violence acharnée. Je me rends soudainement compte que des larmes dévalent mes joues, se confondant parfaitement avec les coulées d'eau qui parcourent mon corps.

_ Malya ?

Je lève brusquement la tête vers Melyssa qui a arrêté de manger et me fixe, inquiète.

_ Tu vas bien ? Ça fait plus de cinq minutes que je t'appelle ... Tu penses à quoi ?

Un soupire désespéré m'échappe sans que je ne puisse le retenir. Les prunelles intenses de la brune ne me quittent pas, cherchant certainement à comprendre mon état intérieur. Un vrai désastre. Voilà ce qui se passe actuellement dans mon esprit. Toutes sortes de pensées et de flashs m'empêchent d'être concrètement présente dans la réalité qui ne semble plus être la mienne.

_ Tu veux en parler ? ...

_ Non, c'est pas la peine.

Je me force à lui sourire, espérant sincèrement qu'elle me laisse tranquille. Le fait que des personnes puissent s'intéresser à moi et s'en faire de mon état devrait me toucher, mais ce n'est pas le cas. Je suis plus embarrassée qu'autre chose et me sens comme un fardeau dérangeant. Je soupire pour la énième fois de la journée et mange un peu le contenu de mon assiette avant que ce soit l'heure de retourner en cours.

* * *

L'après-midi passe d'une lenteur extrême. Heureusement, la sonnerie annonce enfin la fin du lycée. Je me précipite vers la sortie, marchant aussi vite que possible afin de quitter cet endroit. Comme si j'avais un avion à prendre ou qu'un loup était à mes trousses, je cours presque en direction du parking. Le vent frais me caresse le visage et emporte une partie de mes cheveux bruns avec lui. Prenant de grandes inspirations, ayant trop manqué d'air durant toute la journée à l'intérieur de ce fichu établissement, je discerne enfin le portail. J'emprunte rapidement la grande route qui mène jusqu'à chez moi quand un sentiment de liberté se fait enfin ressentir. Ma maison me manque, le séjour que j'ai passé chez les loups-garous s'est avoué plus qu'épuisant. Il ne me tarde qu'une chose, prendre une bonne douche et aller me terrer dans ma piaule.

La Descendante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant