Chapitre 7 : Un Cauchemar Sans Fin

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D'un côté de la table : un rouquin grognon ne cessant pas de froncer les sourcils avec un regard de tueur vengeur énervé et de l'autre côté de cette fichue table : une rouquine encore ahurie, le crâne pensant que son petit frère était un pervers qui avait demandé à une innocente fille de se déshabiller...
Et là au bout de cette table, moi, "l'innocente fille" qui n'avait rien compris à la situation.
Aucun des deux abrutis composant la famille Akabane ne se décidaient à parler... Par fierté ? Par dégout ? Par colère ?
Franchement j'en sais rien.
Franchement je m'en fiche.

À vrai dire j'aimais les repas silencieux, ou je pouvais apprécier la nourriture dans le calme, et ça tombait plutôt bien. C'est aussi pour cette raison que je déteste manger avec Kuro, elle ne fait que parler, quand elle ouvre la bouche c'est soit pour se plaindre soit pour le traiter d'idiot.
Je n'ai rien d'un idiot d'abord.

Nous sommes montés dans la chambre de Karma en silence tandis qu'Akane s'était allongée sur le long canapé du salon et s'était empressée d'allumer la télé qui, comme d'habitude, proposait des émissions pourries que seules les femmes aux foyers regardaient.

Karma s'asseya sur une chaise, tandis que je restais debout au milieu de la pièce. Il me dévisagea et me lança un "Assis toi, fais comme chez toi." Je répondit à sa demande en m'asseyant sur le sol au même endroit où j'étais debout il y a quelques instants.
Le roux me dévisagea une fois de plus. Puis lâcha un rire sans prévenir.

Karma : Tu es bête ou quoi ? Tu n'est pas obligé de t'asseoir sur le sol, assis toi sur le lit. Dit il en rigolant, même si je ne voyais pas vraiment ce qu'il y avait de drôle. C'est lui qui m'a dit de m'asseoir après tout.

Je me lèva puis me dirigea vers le lit, je remarqua que Karma ne faisait que me fixait pendant mon trajet, il détourna les yeux et sourit de plus belle.

Nagisa : Je peux savoir ce qui te fait sourire ? Demandais-je passablement agacé.

Karma : C'est juste que... Tu ressembles vraiment à une fille.

Je détourna la tête, j'étais habitué à ce genre de remarque, mais cela m'énervais quand même.
Je ne sais pas pourquoi.
Karma repris un air sérieux.

Karma : Nagisa ?...

Nagisa : Quoi ?

Karma : Tu pourrais m'en dire plus sur toi ? Pourquoi tu es venu à Kunigaoka ? Par exemple ou me parler de ta famille...

Je me stoppa. De quoi parle t-il ? Je ne comprend pas... Que veulent dire ses mots ? Que signifient ils ?
Ma voix dérailla bizarrement avant que je ne puisse sortir une explication.

Nagisa : C'est une femme qui m'a inscrite ici.

Karma : Pourquoi ?

Nagisa : Je ne sais pas.

Karma : Comment ça ?

Nagisa : Je ne sais pas.

Karma : Tu ne sais pas grand chose. Souffla Karma.

Nagisa : Je sais.

Un silence pesa pendant quelques minutes. Karma me fixait intensément. Je n'arrivais plus à faire le moindre geste. Mon esprit s'était désespérément bloqué.
Ce bloquage... Me faisais bien chier.

Karma : Qu'est-ce qu'il t'arrive Nagisa ?

Nagisa : ...

Karma : Nagisa ?...

Ça fait mal, ma voix ne veut pas sortir, mon corps ne veut pas m'obeir.
Karma se leva de la chaise en s'approchant de moi, le visage fermé, les poings serrés. Mon regard ne fixait que le sol, uniquement le sol.
Pourtant je pouvais percevoir ses mouvements, chacune de ses expressions.

Karma me prit par les épaules.

Aucune réaction.

Il mit son visage bien en face du mien, si près que je pus sentir son souffle sur mes joues glacées.

Zéro mouvements.

Ses yeux étaient plantés sur moi, mes yeux, eux, ne lachaient pas le sol.

Plus aucune pensées.

Il s'approcha, doucement... Doucement... De moi.
Jamais quelqu'un n'avait agis aussi délicatement en ma présence.

Quand je suis la, les gens ont peur, il détournent le regard, m'évitent comme la peste.
Et moi je ne comprend pas, je ne comprend rien.

Quand ses lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres des miennes il s'arrêta.
Je ne bouge pas, enfin même si je l'aurais voulu je n'y arriverais pas. Je suis complètement bloqué, mes yeux sont plus vides que jamais.

Karma se retire. Il me fixe. Il essaye de lire en moi. Mais il ne peut pas.
Il n'y a rien à lire dans une coquille vide. Je suis comme un livre rempli de pages blanches ou aucun mots n'a sa place, ou aucune plume n'a jamais pu écrire.

Merde. Je réfléchis trop.

Qui suis je à la fin ? Pourquoi je pense à ça maintenant moi ?

S'il vous plaît sortez moi de ce cauchemar...

S'il vous plaît...

*Pam*

Hein ? C'est quoi ça ? J'ai encore mal...
Mais plus du tout au même endroit. Je porte mes mains sur mes joues, elles sont rouges. Je relève la tête vers l'origine de cette douleur.
Karma. Il vient de frapper les mes joues en même temps.

Karma : T'sais, faut pas laisser les gens s'approcher de toi d'aussi près Nagisa... Il mit sa main derrière son crâne le frottant.

Non...Est-ce qu'il serait... Gêné ?

Alors que je le fixais toujours encore abasourdi de mon réveil, il frappa soudainement dans ses mains.

Karma : Bon ! Au lit maintenant ! Déclara t-il.

Il éteignit les lumières, je me couche dans le futon juste à côté de son lit...
Puis m'endormis espérant oublier les cauchemars, et pour une fois faire un beau rêve.

À Suivre...

Bleu et RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant