Chapitre 5

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Je vais mourir, je suis gravement malade et je vais bientôt mourir....

Ce sont ses mots, les mots de ma maman dans sa lettre, je ne peux pas le croire, non, une maman ça ne meurt pas, n'est ce pas? On pense qu'elles sont immortelles les mamans, que nous pouvons compter sur elle, sur leur soutiens, sur leurs conseils, toute notre vie, pourquoi devraient-elle mourir, et puis d'abord, pourquoi cette nouvelle me bouleverse a ce point? quoi? c'est vrai, soyons un peu honnête, je l'aime ma maman, je l'aime plus fort que tout, mais en 10 ans, je ne suis jamais allée la voir, je n'ai jamais fait l'effort de retourner en France, de la prendre dans mes bras, de passer du temps avec elle, alors oui, il y a la distance, certes, mais j'aurais pu lui écrire une lettre, j'aurais simplement pu, répondre a ses lettres, ou encore mieux, les ouvrir et les lires!

J'ai honte, j'ai terriblement honte, attendre que ça vie ce termine pour aller la voir?!!!

Elle nous demande de venir, elle souhaiterait passer ses dernières heures avec ses filles, profiter d'elles comme elle n'a pu rarement le faire, elle dit que nous lui manquons, qu'elle ne veut pas mourir seule, qu'elle a besoin d'amour, et me voila a pleurer, je pleure, je ne peux m'arrêter de pleurer, je suis prise entre la culpabilité, le chagrin, la peur, la honte.

Et soudain, l'angoisse m'envahie, oh non! je vais devoir en parler a Johan, je vais devoir lui demander de poser des congés, cela fait 6 ans que je n'ai pas pris un seul jour de repos, je l'ai bien mérité et puis c'est un cas de force majeure, alors je prends mon courage a deux mains, je toque à la porte de son bureau, et lui explique la situation, je me met a pleurer, ce n'est pas dans mon habitude, je déteste montrer mes sentiments en public, je trouve ça vulgaire, et pourtant, je me vois faire ce que je déteste que les autres fonds, je pleure et lui explique et je le vois très concentré, j'ai terminé ce que j'avais a lui dire, je le regarde et attends, il reste perplexe, silencieux, son silence me pèse, je ne comprends pas pourquoi il réagit ainsi, et d'un coup, a ma plus grande surprise, il se met a rire, a oui, il est mort de rire, je le regarde d'un air surpris, je lui demande une explication, il y a quoi de drôle dans le fait que ma maman va mourir, et que de ce fait, je lui demande 15 jours pour aller en France lui dire au revoir.

Et tout en rigolant d'un air moqueur, il me dit, que en 10 ans, je ne suis jamais allez voir ma mère, que je n'ouvre jamais les courriers" famille" et ne prends jamais les appels, il me dit savoir que je suis en froid avec les miens, que toute la boite est au courant de ça et qu'il ne croit pas un mot de ce que je lui dit, il ne croit pas mes larmes, il dit que je suis une mauvaise comédienne et que je ne vais pas échapper a la semaine d'observation en sortant des excuses aussi improbables que les miennes, il me dit aussi que, si je devais aller  voir ma mère, j'aurais du le faire bien avant qu'elle soit en fin de vie et que maintenant, c'est trop tard, il refuse mon congé, et moi je reste prostrée, il me demande de sortir de son bureau, ce n'est pas de moi, j'ai un fort caractère et je sais très bien me défendre, mais alors là, je ne dit rien, j'ai la tete basse et j'ai honte, je retourne a mon bureau, et prends le temps de réfléchir.

Après tout, même si ses mots sont durs, même si ça me fait profondément mal, je sais qu'il a raison, je sais que j'aurais du prendre soin de ma maman bien avant, tout ça je le savais, mais je ne l'ai pas fait, je vais me racheter, je vais tout faire pour la rejoindre avant qu'elle  ne s'éteigne.



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