Le lendemain, soir.
Katsuki se retourna et jeta un regard noir à Izuku.
– Arrête de me suivre.
– Je ne te suis pas, Kacchan. Moi aussi, je rentre par là.
Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient cette conversation. En fait, ça se terminait comme ça chaque fois qu'ils prenaient le même train par hasard et se retrouvaient face-à-face à leur arrêt.
– Rentre par ailleurs. Tu me les brises.
D'habitude, Izuku cédait à ce moment-là. Il n'avait pas envie de se battre, et voulait juste rentrer tranquillement. Mais pas ce soir-là. L'attitude égocentrique de Kacchan l'inquiétait particulièrement. C'était peut-être lié à ses réflexions de la veille. L'évidence du fait que le garçon ne se serait pas comporté comme ça avec n'importe qui d'autre le heurta violemment.
– ...Non.
– HEIN ?
Izuku sentait une étrange urgence à résister. Quelque chose en lui le poussait à ne pas s'éloigner. D'instinct. Une petite voix lui soufflait que si il cédait cette fois-ci, les choses ne changeraient jamais. Il resterait pour toujours dans l'esprit de Katsuki le Deku inutile, faible et soumis. Exactement le contraire de l'image qu'il voulait lui donner.
– Je n'ai pas envie de faire un détour.
– Rien à foutre. Casse-toi.
– ...Pourquoi tu fais ça ? Je ne t'ai pas insulté, que je sache. Tu n'as qu'à faire comme si je n'existais pas. Comme avec n'importe qui d'autre
– Si je pouvais, je gaspillerais pas ma salive pour toi.
– Pourquoi tu ne peux pas ?
Katsuki lui jeta un regard indescriptible, puis s'approcha vivement et le saisit par le col. Son visage était crispé par une expression de rage furieuse.
– Je peux pas te blairer, Deku, cracha-t-il. Même quand tu parles pas et que tu fais rien, tu m'énerves. Ta simple présence me donne mal à la tête. Je dois te supporter toute la journée en cours, donc quand c'est fini, j'ai plus envie de voir ta sale gueule.
Il approcha un peu plus son visage de celui du garçon, le regard plein d'une fureur sourde.
– Casse-toi ou je te défonce.
Sur ce, il poussa violemment Izuku, qui tomba à terre. Celui-ci se releva et fixa son vis-à-vis d'un regard triste, puis marcha lentement vers une ruelle secondaire. Il choisissait le détour.
«... Donc Kacchan me détestait bien. »
Les larmes commencèrent à couler avant même qu'il ne s'en rende compte. Sans bruit, sans même que la tristesse ne déforme ses traits, elles ruisselaient sur les joues d'Izuku, de plus en plus abondantes, de plus en plus rapide. Ce n'était pas de la tristesse, en fait. Ça s'apparentait plus à une forme de désespoir vide, de celui qui nous envahit lorsqu'on se trouve dans une situation sans issue, que le destin décide de réprimer violemment un désir tenace. Ce sentiment n'était pas la résignation douloureuse qui suivait chaque brimade de Katsuki au collège. C'était infiniment plus proche de l'angoisse qu'il avait ressenti lorsque, petit, on lui avait appris qu'il n'avait pas d'alter. Le garçon n'arrivait pas vraiment à comprendre la raison de ce désesepoir. Après tout, Katsuki n'était pas le seul apprenti héros. Beaucoup d'autres personnes pouvaient être à ses côtés. Lui-même ne savait pas ce qui le rendait si spécial. Mais quelque chose en lui semblait avoir décidé que ce serait Katsuki et personne d'autre, et ce quelque chose se révoltait violemment. Cette étrange attirance refusait de stopper, et son décalage avec tout ce qui pouvait arriver la rendait immensément douloureuse.
~***~
Katsuki regarda Izuku s'éloigner dans une ruelle, le regard vide, puis se retourna. Le foutu nerd avait cédé. Quelques secondes, il attendit la satisfaction qui suivait en général les moments où il atteignait son but. Il attendit, attendit. Mais à chaque secondes qui passait, il se sentait plus vide. Un agacement angoissé s'insinuait dans ses veines et bouillait dans ses artères, et comme réduisait en poussière l'intérieur de son corps. Sans vraiment s'en rendre compte, il se remit à marcher.
« Je comprends plus rien. Je le déteste au point d'avoir des réactions physiques, et je me sens mal quand il se casse ? C'est quoi, cette merde ? »
Un bruit sur sa droite le sortit de sa torpeur. Dans l'impasse avoisinante, un groupe de délinquants avaient coincé un lycéen chétif contre le mur. Probablement du racket. Ses muscles se tendirent. L'agacement qui bouillait en lui devait sortir, et cette occasion était là. Son poing vola droit dans la mâchoire du premier des délinquants. Il n'utilisa pas son alter ; cela le calmait plus de frapper à l'aide de son corps seulement. Il voulait juste taper, fort, et beaucoup. Pour que l'image d'Izuku s'éloignant, le regard triste, sorte de sa tête. Et plus il tapait, moins il voyait et entendait. Ses sens se fondaient peu à peu dans l'ivresse de la violence. Et puis, peu à peu, ils s'effacèrent totalement. Sa vision tourna au noir, et son corps heurta lourdement le sol. La dernière chose qu'il perçut avant de sombrer dans le coma fut la course de plusieurs personnes s'enfuyant.
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La Théorie de l'Inconscient [Katsudeku]
FanfictionParfois, la nature a décidé que vous détesterez une personne. C'est physique, vous ne pouvez pas la sentir. C'est exactement ce que Katsuki éprouve à l'égard d'Izuku. Exactement. Il le déteste. Au point d'avoir des tremblements quand ils se trouvent...