Partie 9

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Lundi 11 Aout

Je ne pouvais pas voir le soleil mais je savais qu’il partait depuis mon cachot brulant comme un four, je ne percevais plus ces rayons qui s’infiltraient a travers les quelques vielles façades ou les vides pour effleurer mes yeux. Je toussais, je m’étouffais et m’excusai ces petites fautes involontaires, j’étais a ma 130 éme confession ! 

Le dos cassé, je n’en pouvais plus, je me levai du confessorat ; « Père Eddy vous partez ? », cloué dans la nuque par la voix singulière, il gémit. L’image du bon samaritain allait peut-être se ternir aujourd’hui, il devrait s’excuser et partir ou se faire remplacer mais personne ne voudrait d’un autre prêtre, j’étais le seul à garder les secrets de la savane et a ne jamais faire chanter garce aux confessions. Rien de tout cela ne me retenait vraiment, je mentirais avec de tels arguments, c’est la voix qui m’a figé, je la reconnais.

Je me rassis pour écouter ses mots, elle commença par quelques bégaiements ; « Je suis orpheline de puis mes 13 ans .Ma mère est morte due à une overdose. Mon père, alcoolique, un jour m'a violé, bastionné, puis jeté dans la rue. A force de voler pour vivre personne n’ai voulu de moi, je vivais au jour le jour jusqu'à ce qu’un homme me recueillit et me fit des promesses, je l’ai suivi dans un long voyage, croyant enfin en ma délivrance jusqu'à ce qu’il me livre dans une maison close, c’était la première trahison de ma vie. Tant d’années de sale besogne, priant que quelqu’un vienne a mon secours, Dieu mit un homme sur mon chemin, un prêtre, il me sauva de tant de péripéties avant de partir, je l’ai recherche partout sans le retrouver. Une fois encore, désespérée mes besoins m’ont fait reprendre mon ancienne vie malgré moi, force ou pas une fille qui n’a rien ne peut faire grande chose dans ce monde. >> Elle se tut !

« J’ai maudit Dieu de toutes mes forces, j’ai fait souffrir des gens, j’ai infligée milles souffrances a moi-même. Ma vie n’a de raison que dans la douleur, j’ai fait deux tentatives de suicides et vous savez ce qui me plait, c’est qu’elles ont échouées, je croyais que Dieu voulait que je souffre, j’ai fait une dernière tentative hier, j’ai vu une photo de ma mère avant de plonger dans ma baignoire électrifiée, elle croyait en Dieu et ce Dieu n’a rien fait pour elle pourtant elle y crut jusqu'à la fin. Je voudrais croire mon père. » Elle se tut une seconde fois et ne prononça plus un mot.

-Qu’y a-t-il ma fille ?
- Vous pensez vraiment que Dieu va me pardonner ?
-Dieu nous pardonne a tous, c’est bien ce qui est dit ! C’est parfois nous qui refusons de pardonner a nous-mêmes.
- Oh merci.
-il vous pardonnera, j’en suis sur.
-Pourquoi en êtes vous aussi sur mon père ?
-J’en suis sur car je pense connaitre Dieu autant que vous-même.
-Comment ca ? Vous me connaissez ?
- Ah ma fille c’est au comble du désespoir que nait la lumière de la délivrance. Tu m’as retrouvée Luna !
Remontant la vielle planche criblée qui nous empêchait de nous voir, un sourire jusqu’aux oreilles, elle était surprise de me voir, tandis que mon sourire mourrait, elle s’étonnait un peu plus.
-Waouh ! Vous avez dit Luna mais c’est Lunia. Mais comment savez-vous mon nom ?
Ce n’était pas elle, pourtant la voix était si … si pleine de similitudes, la même histoire, le même souffle pourtant ce n’était pas elle. Je ravalais mon discours dans la gorge, ma vie ne connaitra pas un jour de merveille.
Désolé mademoiselle, je vais devoir partir, excusez-moi !
Vous ne m’avez pas encore pardonnée mon père ?
Je me retournai, ces mots sans valeur que j’allais prononcer comme le je t’aime d’un faux amoureux !
-Allez en paix ! Toutes tes fautes sont effacées, fais acte de foi et de pénitence et prie le seigneur de te projeter de la tentation du mal.
Elle partait comme une enfant, joyeuse, les paumes contre le cœur, je rentrai moi le cœur amarre dans l’amertume et la solitude. Les allées demeuraient vides. Point de soleil, point de lune, je m’asseyais à peine sur le lit que mes paupières se serrèrent pour ne plus se libérer.

La SauvageonneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant