Chapitre 8.

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Le jour se lève. Je suis seul dans ma chambre. Les infirmières passent et repassent pour vérifier que je ne suis pas mort. Le bruit des machines et leur "bips" incessants mais aussi les cris, les pleurs des autres patients résonnent. Je soupire, j'aimerai dormir mais je n'y arrive pas. Mon esprit est encombré par des pensées pour Eliel mais aussi pour Alec.
Alec? Pourquoi essayait-il de me protéger? De prendre soin de moi? Voulait-il réellement mon bien ou voulait il simplement profiter de ma faiblesse? Je souffle, je veux sortir, je dois sortir. Je me sens oppressé entre les quatre murs blancs de cette stupide chambre.
Je fais passer mes jambes d'un côté du lit, prends appuie sur mes bras et je me lève. Je sens mes jambes faibles trembler, mon ventre se retourner. Je fais quelques pas pour finalement tomber à genoux devant les toilettes et régurgiter mon "repas" de la veille. Mes larmes coulent sur mon visage, j'ai honte. Honte d'être faible et de ne pouvoir gérer mes problèmes seuls. J'essuie ma bouche, je me relève et je me regarde dans le miroir. Je suis horrible, je ne ressemble à rien. Mes parents seraient tristes et loin d'être fiers de me voir dans cet état. Mes yeux scannent mon corps et s'arrêtent sur mes avants-bras, des cicatrices plus ou moins récentes s'y trouvent. J'ai envie de le faire, je dois le faire. Je dois faire partir cette douleur mentale. C'est stupide? Je le pensais aussi avant de le faire.
Je cherche quelque chose de coupant dans la salle de bain, évidemment il n'y a rien. Je sors de la salle de bain toujours accroché à cette foutue machine qui est censé me soulager avec des antalgiques. Mes yeux se posent sur le plateau repas qui m'avait été amené, il y avait un couteau. Je l'attrape et retourne à la salle de bain, je me déshabille, je rentre dans la douche et fait couler l'eau chaude. Ma respiration est forte, mes mains tremblent, j'hésite mais finalement je ne peux résister. Je pose le couteau sur mon avant bras et commence à faire des mouvements de vas-et-viens. Quelques goutes de sang apparaissent, puis plusieurs. Bien sur ça me fait mal physiquement mais je me sens mieux mentalement. L'eau se mélange à mon sang, quelques larmes coulent mais je souris. Je suis probablement fou, stupide et inconscient mais je m'en moque. J'en ai besoin, certains fumes, certains boivent et bien moi je me fais du mal, chacun son addiction non?

Je suis de retour sur mon lit, jouant frénétiquement avec mes doigts, je m'ennuie à mourir, soudain la porte s'ouvrit brusquement, ce qui me fit sursauter.
-Désolé de t'avoir fait peur Magnus.
-Alec, salut, ce n'est rien ne t'inquiètes pas.
Il s'approche, me tend un petit sac. Je le regarde bizarrement puis j'attrape ce qu'il me donne. Je l'ouvre, je vois un livre de mots-croisés et une petite boite. Je la regarde, perplexe puis je fini par l'ouvrir.
-Oh mon dieu Alexander tu es fou ! Criais-je.
-Magnus, tu en as besoin. Crois moi ça me fait plaisir. Avoue-t-il.
-C'est d'un téléphone dont on parle !
Il sourit, puis il m'a donné les cours que j'avais raté.
-Owen me les a donné. Dit-il.
Je hoche la tête et observe sérieusement les fiches de cours.
-Je dois y retourner, je passe ce soir. Dit-il.
Il s'approche, m'embrasse le front et quitte la pièce. Je reste figé, je ne suis plus capable de rien. Alec venait de m'embrasser le front, pourquoi? Un frisson parcours mon corps et j'essaie de chasser ces pensées de ma tête pour pouvoir me concentrer sur mes cours.

J'ai passé la moitié de la journée à travailler. Je décide de faire une pause et de regarder le téléphone qu'Alec m'a offert. Je le déverrouille et vois que j'ai déjà les numéros d'Alec et Owen rentrés, je souris et je découvre tant bien que mal toutes les fonctions de mon nouvel objet.

Il est désormais 18h30, l'infirmière arrive et me donne mon plateau repas. Je prends mes couverts et commence à manger. C'est vraiment ignoble, je repousse le plateau, je me lève et je vais dans le couloir. J'arpente les allées, passe devant de nombreuses chambres toujours accompagné de mon chariot qui tient mes perfusions.
-Pourquoi tu as tout ça toi?
Je me retourne et aperçois une petite fille, sa peau est blanche et ses longs cheveux noirs tombent sur ses épaules.
-Parce que j'en ai besoin. C'est pour avoir moins mal. Dis-je.
Elle hoche la tête et s'approche un peu plus de moi.
-Tu as quoi? Me demande-t-elle.
-Hm.. j'ai eu un accident. Mentis-je.
-Moi j'ai une maladie. Avoue-t-elle.
On s'assoit sur un petit canapé.
-Ah bon? Qu'est-ce que tu as?
Elle soulève son tee-shirt et me montre son thorax. Il y a d'énormes cicatrices.
-Mon coeur est nul. Avoue-t-elle.
Je hoche la tête. C'est horrible, elle est si jeune.
-Je suis Magnus.
-Isabelle, mais on m'appelle Izzy.
Elle me prend dans ses bras et m'informe qu'elle doit retourner dans sa chambre. Je me lève et reprends mon excursion.

Il est désormais 20h et je suis de retours dans ma chambre, Alec est là. On parle de tout et de rien, il est vraiment gentil et j'aime parler avec lui. Même si une partie de moi me dit de me méfier.
-On m'a informé que tu pourrais sortir dans 2 ou 3 jours, selon ton état et ta douleur. Lâche Alec.
-Oh super. Dis-je.
En réalité même si je deteste être ici c'est toujours mieux que rien. Je sais qu'Alec va vouloir que je vienne chez lui mais je ne veux pas. Je vais chercher un job en plus de la fac pour pouvoir me payer un appartement. Mes parents m'ont laissé de l'argent sur un compte. Je ne pouvais pas y accéder avant, à cause d'Eliel..
Alec m'embrasse le front une fois de plus et quitte la pièce, je remonte les couvertures sur moi et je m'endors en pensant à ce que j'allais bien pouvoir faire après.

Live or Die.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant