Mes talons claquent en symphonie rythmée, en accord avec le bruit silencieux de la légère bruine. Seul quelques passants vêtus tous d'épais manteaux sombre rendent la rue un peu plus vivante. Soudain le souffle d'un vent glacial me fait frissonner et m'oblige à refermer un peu plus mon écharpe autour de ma gorge pour me protéger de cet air assassin.
J'accélère le rythme, ce qui donne un aspect fuyant à mon allure. La pluie, elle aussi, se met à tomber bien plus bruyamment, ruinant complètement notre coordination si parfaitement improvisée. Je n'y prête pas vraiment attention même si cette idée reste en suspend dans un coin de ma mémoire.
La pluie se fait de plus en plus insistante, m'ordonnant de m'activer si je ne veux pas rentrer chez moi dans un état bien plus piteux que celui dans lequel je suis déjà. Je presse immédiatement le pas. Les passants se font de plus en plus rare et je sens plusieurs regards se poser sur mes épaules frêles. Certainement des habitants de ces immondes immeubles qui s'ennuient à mourir par ce temps déplorable et qui n'ont rien d'autre à faire que d'observer le peu de passants qui osent s'aventurer dans cet environnement hostile.
Cette sensation désagréable me force à me presser un peu plus, si bien que je me retrouve presque à courir sous cette pluie battante qui au début n'était qu'une simple bruine. Je fais attention à l'endroit où je mets les pieds, pour ne pas déraper et m'étaler gracieusement sur le sol trempé.
J'arrive enfin devant l'immense bâtiment où se trouve, au septième étage, mon appartement ridiculement petit. Je fouille brièvement dans mon sac à main rouge, un peu usé par le temps, pour trouver mes clefs, et par chance, celles-ci ne se sont pas éclipsées au fond de mon sac.
Je les brandis, insère la bonne clef dans la serrure et active. La porte émet un bruit mécanique m'indiquant que je peux entrer me mettre à l'abri. La chaleur enivrante de l'intérieur me revigore. Je reste quelques instants adossée contre la porte, avant de me décider à gravir péniblement les sept étages qui me séparent d'un confort incertain.
Lorsque je parviens enfin devant la porte lourde et verte de mon logement, dont la couleur n'est pas vraiment en accord avec les éléments de décoration de l'interminable couloir, je suis un peu essoufflée. Je prends la seconde clef et l'insère dans la serrure et je pousse le battant de la porte pour pénétrer dans mon habitat miteux. Il y fait froid. Je regrette presque la montée des étages, qui m'ont tout de même réchauffée.
Je referme la porte et me dévêtis de mon pardessus grisâtre et le suspend à mon porte-manteau. Quelques gouttes tombent sur mon carrelage gelé alors je mets une serpillère à l'endroit où la flaque commence à se former et je balance mon sac à main sur une chaise prévue à cet effet. Je retire mes bottes et les pose sagement sur mon paillasson récemment acheté. Je me dirige lentement vers la salle de bain et j'allume le chauffage.
Je me glisse rapidement sous la douche brûlante qui mord ma peau gelée avec ardeur. Je frissonne à ce contact et profite longuement de cette sensation délectable.
Je décide de me sortir de cette enveloppe faite de vapeur et m'enroule dans une serviette aussi douce que possible. J'attends quelques instants grelottante, ne supportant pas le changement de température. Puis je me force à laisser tomber ma serviette et enfiler un pull bien chaud ainsi qu'un vieux jogging. J'ouvre doucement la porte et regarde la fumée s'enfuir de sa prison.
La chaleur quitte peu à peu mes membres qui se réveillent de cette transe grâce au froid ambiant. Je les laisse se dégourdir et je me dirige vers le salon afin d'allumer le radiateur électrique. Une fois cela fait, j'enfile des chaussons confortable et m'écroule dans le canapé qui semble étouffer un cri de souffrance. Je sors de mon sac à dos, posé non loin, mon calepin bleu, un stylo ainsi qu'un journal. Enfin un bout d'article écrit par un de mes ancien collègue. Paul Huspin. Cet homme est un véritable faucon. Il est capable de vous dénicher n'importe qu'elle information, il suffit de lui demander et de lui donner un petit supplément. Rien de bien méchant, excepté quand ces informations proviennent d'archives peu accessibles.
Mais quand il s'agit d'une affaire, je le remercie. Parce que c'est à moi qu'il en parle en tout premier lieux. Il me fournit quelques informations supplémentaires, que je lui ai bien sur demandé et que la police souhaite dissimuler même aux yeux de ses collègues.
Cet article évoque simplement l'affaire et les connaissances de la police. Il parle de la mort subite d'une adolescente âgée de dix-sept ans. Apparemment, elle se serait suicidée en ingurgitant une trop forte dose de puissants somnifères. Mais j'en doute fort. Emma Ty avait quasiment tout pour elle. Une famille, des amis et de bonnes notes. Je ne dit pas qu'elle n'aurait pas pu avoir des problèmes comme harcèlement ou autre mais on n'avait rien trouvé et ses amis n'avaient rien remarqué d'anormal dans son comportement.
Cela faisait déjà trois jours que la police cherchait sans cesse le pourquoi du comment. Mais il fallait agir, et vite.
Mon téléphone se met à vibrer. Je le prends et décroche espérant entendre une bonne nouvelle.
- Allô ?
- Lieutenant Kearney ? me demande la voix.
- Oui c'est bien moi, j'affirme en sentant le stress monter, peu à peu.
- Ici Lieutenant West. Nous avons la réponse pour votre mandat, pose t'il.
- Et donc ?
- Vous avez l'autorisation.
- Parfait, je viendrais le récupérer demain le plus tôt possible, je suggère.
- D'accord, il sera sur votre bureau.
- Merci West, dis-je.
- De rien.
Et il raccroche.
Je pose mon téléphone sur la table et reprends mon calepin.
Cette fois, je vais faire les choses à ma manière.
NDA : Salut les loustics ! Voilà mon premier chapitre, j'espère qu'il vous a plus même si il n'y a presque que des descriptions, mais ne vous en faîtes pas, ça ne sera pas tout le temps. On se retrouve demain soir pour la suite !
N'hésitez pas à relever les fautes !

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Tremblements
Mystery / ThrillerEmma Ty, une jeune fille de dix-sept ans se serait suicidée, pourtant tout laisse à penser le contraire. En effet, elle avait tout pour elle et la vie lui tendait avidement les bras ainsi qu'une joie de vivre incommensurable. De plus, Emma n'a jama...