Partie 6

367 35 0
                                    

Une sonnerie terriblement désagréable me tire de mon sommeil. Je grogne et laisse tomber ma main mollement pour l'éteindre. Je me mets sur le dos, attrape un oreiller et l'enfonce sur mon visage.

- Bordel.

J'extirpe mes jambes entremêlées dans les draps et les laisse flotter hors de mon lit. Je me lève maladroitement et file sous la douche.

Une fois totalement prête pour affronter ce froid glacial, je claque la porte de l'appartement et dévale les escaliers.

Arrivée au bureau, je récupère immédiatement mon mandat bien mis en évidence puis je me mets à chercher Davis. Ses affaires ne sont pas là, elle ne doit pas être encore arrivée. Je soupire, légèrement agacée et je tourne en rond. Je n'arrive pas à me trouver d'occupation en attendant, je n'ai qu'une idée en tête, rendre visite aux Ty.

Je finis par m'asseoir à mon bureau et regarde ma montre, cette dernière indique de ses aiguilles argentées 7:13.

Je soupire de nouveau et retire mon pardessus, j'allume mon ordinateur qui émet un vieux bruit essoufflé, étant donné que mon écran ne s'allume pas au bout de cinq et interminables minutes, je lui assène un léger coup. En voyant que cette technique peu pacifique fonctionne, un léger sourire se dessine sur mon visage.

- Quelle délicatesse !

Je lève les yeux vers la porte qui s'était assez entre ouverte pour qu'une tête puisse dépasser l'encadrement.

- Entrez Capitaine Luesby, je vous en prie, ne restez pas derrière la porte.

Il obtempère et referme la porte derrière lui.

- Davis n'est pas encore arrivée ? demande t'il tout en s'asseyant en face de moi.

- Non pas encore, je souffle.

- C'est embêtant, j'aurais voulu vous en faire part à toutes les deux, marmonne t'il.

Mes boyaux se tordent légèrement, j'ai un mauvais pressentiment.

- De quoi est-ce que vous vouliez nous faire part ? 

- Monsieur Ty a appelé tard hier soir et il a laissé entendre le fait que vous auriez, vous et Davis, harcelé sa femme de questions. Il a insisté sur le fait que si il vous revoyait chez lui une fois de plus, il n'hésiterait absolument pas à porter plainte.

- Quel enfoiré, je murmure entre mes dents.

- Pardon ?

- Rien Capitaine, je voulais juste savoir en quoi cela pouvait nous concerner ? je lâche avec désinvolture.

- Vous risquez de prendre un avertissement, de plus cette jeune fille s'est suicidée. Malheureusement ce sont des choses fréquentes chez les jeunes, l'enquête est donc eum... inutile, réplique t'il.

- Il était prévu que je retourne chez eux aujourd'hui même accompagnée de Davis. Et pour votre information "cette jeune fille" ne s'est pas suicidée et je vous le prouverais, dis-je d'un calme impressionnant, à présent, avec tout le respect que je vous dois, veuillez avoir l'amabilité de sortir de mon bureau, j'ai du travail.

- Faites attention Ellen, vous n'aurez pas d'autres chances.

Je lui adresse un regard noir pour lui signifier que je ne souhaite pas plus sa présence dans cette pièce que celle d'un animal malodorant.

La porte n'a pas le temps de se refermer que quelqu'un s'empresse de l'ouvrir à nouveau.

- Lieutenant Kearney, je m'excuse de mon retard, je n'ai pas...

Je lève la main pour interrompre une Davis rouge et essoufflée.

- Peut m'importe les raisons de votre retard Davis, vous êtes en retard, c'est tout. Ne retirez pas votre veste, nous allons rendre visite à Madame Ty, je lâche légèrement en colère.

Davis renfile sa manche droite et s'écarte de l'encadrement de la porte pour me laisser passer puis me suis jusqu'à la voiture. Elle s'installe côté passager.

Je mets le contact et jette un dernier coup d'oeil aux bureaux et je vois le Capitaine Luesby nous observer de l'une des fenêtres en secouant la tête, désespéré.

- Davis, nous avons un léger problème, je lâche en appuyant sur l'accélérateur.

- Lequel ? demande t'elle en se tournant vers moi.

- Monsieur Ty a appelé et nous a menacé de porter plainte si nous revenions chez lui.

- C'est une blague ? demande Davis en rigolant presque nerveusement.

- Non ce n'en est pas une Davis.

- Arrêtez la voiture, pose Davis.

- Pardon ?

- Arrêtez la voiture ! hurle t'elle.

J'obtempère en fronçant les sourcils, je m'arrête sur le bas côté. Davis n'attends même pas que la voiture s'arrête et sort immédiatement prendre l'air. Je m'empresse de la rejoindre dès que j'arrête la voiture. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je la prends par les épaules et la tourne vers moi.

- Davis, je commence d'une voix qui se veut rassurante.

D'un mouvement brusque, elle se dégage de mon emprise et ses yeux deviennent humide.

- Lieutenant Kearney, je ne peux pas me permettre que Monsieur Ty dépose plainte contre nous.

- Je sais, mais...

- Non vous ne savez pas ! me coupe t'elle dans un cri.

- Bien sûr que si je sais, je réplique calmement.

- Vous mentez, murmure t'elle en laissant échapper une larme silencieuse.

- Je sais que vous avez été influencée pour jouer un rôle et faire des choses qui n'allaient ni dans votre intérêt et encore moins dans vos principes.

Je m'arrête, mais voyant qu'elle n'ose pas répondre, je m'empresse de continuer.

- Qu'est-ce que vous croyez ? Qu'on engage des personnes sans les connaître

- Depuis quand ?

- Je l'ai su dès votre arrivée, le Capitaine Luesby m'en a fait part quelques minutes après. Je dois avouer que je n'ai pas cherché plus loin, je me suis dit que ça ne nuirait pas à notre relation et certainement pas à notre enquête.

- Je suis désolée, mais je vais vous demandez de me ramener au bureau, je ne peux pas me permettre d'essuyer une accusation, si non s'en est finit de moi et mes rêves de carrière, dit-elle en me regardant dans les yeux pour la première fois depuis le début de cette conversation.

- Vous me faîtes confiance?

- Je crois oui.

- Alors faîtes moi le plaisir de remonter dans cette voiture Davis.

TremblementsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant