Partie 9

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Je suis Davis et enfile mon manteau. Juste avant de sortir de mon bureau, je jette un dernier coup d'œil sur l'ordinateur d'Emma placé en évidence, et il est certain qu'il est facilement reconnaissable avec les innombrables stickers qui y sont collés.

- Attendez Davis, je chuchote.

- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande t'elle en adoptant le même volume sonore.

Je ne lui réponds pas tout de suite, je préfère fermer la porte avant.

- Je vais cacher l'ordinateur avant que nous partions, je lui confie.

- Vous devenez parano ? lâche t'elle dans un sourire moqueur.

- J'aimerais, mais réfléchissez l'espace de deux secondes. Si Monsieur Ty a prit soin de porter plainte contre nous, il sera tout aussi capable de remarquer que l'ordinateur de sa fille a disparu et donc d'en déduire que nous le détenons, j'explique.

Davis fait mine de réfléchir et lâche un grand soupire.

- Vous pensez vraiment que..

- Je préfère penser à toute éventualité, je la coupe.

Davis semble ne plus oser répondre, alors elle me regarde dissimuler l'ordinateur dans ma bibliothèque.

- Vous avez de réels talents, ris Davis.

- Ne riez pas, il n'est absolument pas visible, je la réprimande.

- Non c'est vrai, mais c'est une cachette basique, constate t'elle.

- Certes, mais personne ne viendra fouiller ici, enfin j'espère, j'ajoute pour moi-même.

Au même instant, nous sortons de mon bureau, que je prends soin de fermer à clefs. J'ai à peine le temps de retirer la clef de la serrure que mon téléphone se met à vibrer dans mon sac. Juste avant que la dernière vibration ne s'enclenche, je parviens à l'extraire de mon sac et décrocher.

- Oui Paul, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? je lâche avec une voix presque désagréable.

- Je voulais simplement savoir si tu avançais ou non, enchaîne t'il.

- Je suis en possession de son ordinateur, mais aucun des mots de passe que tu ne m'as donné ne marche.

- Aucun?! s'étonne t'il.

Un début de sourire se forme sur mes lèvres, je peux voir ses yeux s'arrondir en rond presque parfait et son front légèrement rougir.

- Aucun, je confirme.

Un silence.

- Et que comptes tu faire ? m'interroge t'il.

- J'ai mon idée Paul.

- Très bien, appelle moi si besoin.

- Je n'y manquerais pas, je le rassure.

- Au fait, je t'appelais également pour t'inviter à dîner à la maison. Sur demande de ma femme et de ma fille à qui tu manques énormément, propose t'il.

- Rassure Catherine et Loane, je viendrais. J'apporte le dessert.

- Vingt heure ? soumets t'il.

- Vingt heure, j'affirme.

- A ce soir alors Ellen.

- Attends Paul, une dernière chose, j'ajoute précipitamment, ta fille est bien au lycée Janson ? je demande.

- Oui pourquoi ?

- Je t'expliquerai, à ce soir Paul.

Je mets fin à la conversation téléphonique. Je me tourne vers Davis qui attends impatiemment que j'ouvre la voiture. Une fois dans la voiture je mets le contact et prends la direction du lycée Janson.

- C'était de bonnes nouvelles ? m'interroge Davis.

- On va dire que j'ai quelqu'un d'autre à interroger, je lui avoue.

- Qui donc ?

- Loane Huspin, la fille d'un ami qui se trouve être également dans le même lycée qu'Ambre Cobb et Emma Ty, j'explique.

- Vous pensez donc, pouvoir obtenir n'importe quelle information ou rumeur qui tourne ou a pu tourner sur Emma Ty ? demande t'elle.

- Exactement Davis, j'approuve.

Cette dernière affiche un sourire satisfait, puis il s'efface peu à peu. Davis se passe une main légèrement tremblante dans les cheveux et fixe un point devant elle comme pour ne pas pleurer.

- Je voulais m'excuser pour ce matin, j'ai eu une réaction d'enfant à qui on venait de demander de ranger sa chambre, souffle t'elle durement.

- Vous avez eu une réaction de quelqu'un qui a peur, pas une réaction d'enfant Davis, et ne vous excusez pas pour ça, je réplique d'un voix douce.

- Je sais, mais je devrais savoir surmonter mes peurs.

- Sauf que non, vos peurs sont réelles. Je ne veux en aucun point vous effrayez, mais c'est le cas. Je ne sais pas ce qui vous a fait tant souffert, mais cela fait parti de votre existence, de votre personne et que vous le vouliez ou non, c'est ce qui a fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui.

Un silence.

- Je devrais remercier les personnes qui m'ont fait ça ? s'insurge t'elle.

- Non, en revanche, remerciez-vous, remerciez votre force, je réplique.

- Pourtant j'en cauchemarde encore, révèle t'elle.

- Ne voyez pas que le mauvais côté des choses Davis ! Regardez-vous, vous êtes devenu une jolie jeune femme, pleine d'esprit, de réflexion et probablement contre toutes vos attentes, vous avez intégré nos services !

Un léger sourire point le bout de son nez sur son joli minois.

- Merci beaucoup Lieutenant, finit-elle par dire.

- Un plaisir Davis, maintenant, vous allez me faire le plaisir de sécher vos prémices de larmes, nous sommes arrivés.

Davis s'exécute et sort de la voiture dès que j'arrête le contact. Nous nous dirigeons ensemble, d'un pas décidé, vers l'entrée du lycée là où un nombre incalculable d'adolescent fume leur cigarette, et autre chose si j'en crois mon odorat. Lorsque nous arrivons au niveau du portail, un homme petit avec un début assez flagrant de calvitie nous arrête.

- Z'êtes ni élève, ni professeur. Qu'est-ce vous voulez ? nous agresse t'il.

- Bonjour à vous aussi je réplique en affichant un grand sourire, Lieutenant Kearney, je me présente tout en montrant mon insigne, nous aimerions parler avec le proviseur de ce lycée.

Pendant un instant, il me dévisage, un air apeuré se dessine sur son visage, puis il reprend plus ou moins rapidement ses esprits et pose son regard dérangeant sur Davis.

- Et c'est qui celle-là ? crache t'il.

- Mon associée, je réplique sèchement.

Il se retourne, grommelle dans sa barbe puis il appuie sur un interphone.

- Deux gens d'la police veulent vous voir, dit-il en postillonnant.

Son interlocuteur répond sans que nous ne puissions discerner quoi que ce soit.

- Je vous les envoie tout de suite m'sieur.

Il s'avance vers nous, avec une démarche étrange.

- Bâtiment C, cinquième étage, nous informe t'il, sans ascenseur, s'empresse t'il de préciser.

- Merci, je lâche par pure politesse.

Le petit trapu ne prends même pas la peine de nous répondre et rentre dans son petit habitat.

Nous nous éloignons silencieusement, et une fois que nous sommes hors de son champ auditif, Davis s'empresse de briser ce silence.

- Quel odieux personnage, minaude t'elle.

- Je ne vous le fais pas dire, j'acquiesce.


TremblementsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant