Lui

979 88 9
                                    

Ils se remirent en marche une bonne partie de la journée sans croiser âme qui vive, ou pas.

Ils suivaient la route, plus ou moins à distance. Ils découvrirent un chalet dans les bois, où ils s'installèrent une fois s'être assurés qu'il n'était pas occupé, ni par des rôdeurs, ni par des hommes bien vivants, mais souvent bien pires.

Il avait déjà été pillé mais il ferait l'affaire pour la nuit, histoire de s'enfermer et de dormir au moins d'un oeil.

Elle sut s'occuper pendant qu'il s'affairait à trouver de quoi barricader les fenêtres.

Elle trouva une bassine qu'elle remplit au récupérateur d'eau au dehors, au coin de la maison.

Elle découvrit les chambres et la salle de bain où elle se lava rapidement. Puis elle nettoya le pantalon et le maillot de l'homme dans la bassine.

En faisant le tour des pièces, elle dénicha dans une commode d'une des chambres aux murs mauve, une tenue à peu près à sa taille.

Une fois changée, elle se tourna vers le miroir installé sur toute la hauteur de la porte close.

Elle ne se reconnut pas, s'approchant de son reflet, se redécouvrant du bout des doigts. Ces joues creuses, ces cheveux filasses et si longs, ce corps plat, ces bras et ces jambes quasi squelettiques.

Elle paraissait avoir quinze ans dans ces habits d'ado... l'âge de sa fille...

Elle revint dans le salon, où il faisait réchauffer une boîte de conserve qui devait lui rester en réserve, sur un petit feu allumé dans la cheminée.

Il lui jeta un oeil avant de continuer à remuer leur repas.

Elle s'accroupit près de lui, le regardant faire.

Ils dînèrent en silence, comme à leur habitude.

- Va falloir que je te donne un nom si tu ne peux pas me dire le tien... dit-il doucement en tournant la tête vers elle.

Elle croisa son regard furtivement et se leva à la recherche de quelque chose, qu'elle trouva rapidement.

Accroché au téléphone mural, un carnet muni d'un crayon au bout d'une ficelle.

Elle écrivit un mot sur une des feuilles qu'elle arracha et revint vers lui pour la lui tendre.

Il se redressa pour lui faire face et lut l'écriture ronde.

- Enchanté Emma... moi c'est Daryl, lui tendant sa main libre.

Timidement, elle serra doucement cette grande main rugueuse mais chaude.

Les yeux vitreux -TWD - [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant