RIZZOLI & ISLES : en eaux troubles

CHAPITRE 9

« L'impuissance est la forme la plus courante de la résignation. » - Yvan Audouard

Si la nuit avait été écourtée pour Jane par l'appel de Casey, celle de Maura n'avait nullement bénéficié d'un meilleur traitement. Les deux amies, les traits tirés, buvaient leur café respectif à la cafétéria de la brigade. Rizzoli affichait un air morose et Isles, une léthargie inquiétante.

« Salut sœurette ! Houla, mauvaise nuit ? commenta Frankie en lui décrochant une bourrasque amicale sur l'épaule. » Des yeux noirs lui répondirent et ce ne fut qu'après cette rebuffade silencieuse qu'il vit la tête de Frost faire des signes de dénégation à son intention. « Ben quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Ce n'est pas toi Frankie, le rassura la légiste en regardant sa meilleure amie pénétrer dans l'ascenseur. C'est Casey. Il est passé hier soir chez elle et l'a appelé dans la nuit.

- Aie !

- Oui, confirma doucement Maura en prenant la direction des sous-sols. » Une fois sur place, le médecin fut accueilli par son assistance, Suzie Chang. « Du nouveau ?

- Plusieurs individus ont été enterrés dans le tronc de cet arbre. Trois en tout : deux hommes et une femme. Nous avons prélevé de l'ADN et reconstitué les corps qui ne sont pas entiers cependant.

- Pour l'os du mois d'avril ?

- L'équipe travaille encore dessus.

- D'accord. »

Pénétrant dans la salle d'autopsie, la légiste alluma tous les plafonniers, illuminant ainsi davantage la pièce déjà éclairée. Avec l'état de ses yeux rougis par le manque de sommeil, il était nécessaire de favoriser un éclairage maximal sans quoi, l'experte risquait de rendre un diagnostic erroné.

Comme toujours avec de pratiquer des autopsies, la jeune femme attacha ses cheveux, se munit de gants, d'un masque facial, de chaussons enfilés par-dessus ses chaussures et enfin, sa blouse qui ne resterait pas blanche très longtemps. Fin prête, Maura dirigea la lampe syalitique sur le corps livide qui reposait sur la table préparatoire. Lavé afin de localiser les éventuelles blessures visibles et les lésions potentielles, le corps avait été dévêtu dans un premier temps par son équipe, nettoyé puis examiné. L'étape d'après serait l'autopsie proprement dite, mais dans ce cas de figure, les premières constatations indiquaient une mort par asphyxie. L'analyse des poumons, de la rate et du cerveau confirmerait le tout.

Quand Jane pénétra dans la salle d'autopsie, le corps de l'homme, retrouvé au cimetière de Mount Auburn non loin de l'Orme, offrait une vision quelque peu ridicule d'un abdomen parodiant l'éclosion d'une fleur sanguinolente et malodorante. Malgré l'échangeur d'air, l'odeur qui régnait lors de ses pratiques médicales était abominable. Les fluides corporels pourtant aspirés ou évacués par le bac de lavement tout le long de l'autopsie embaumaient l'espace. Si son amie, le Dr Isles, était depuis des années immunisée à ce genre d'inconvénient, l'inspecteur Rizzoli jouait de prodiges pour ne pas succomber au dégoût et à la nausée inévitable. D'ailleurs, Frost et Korsak descendaient rarement et Jane devait souvent endurer cela seule à seule avec sa meilleure amie et les techniciens qui aidaient le médecin durant l'opération.

Enfilant les protocolaires accessoires en tissu jetable, Jane s'approcha de la table, terminant d'enfiler le masque.

« Alors ? » Jetant un coup d'œil autour d'elles, le regard de Rizzoli s'attarda sur le chariot de dissection qui contenait les organes prélevés, minutieusement catégorisés après leur ablation du corps. « Tu as du nouveau ?