CHAPITRE 11

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« Le secret de se faire aimer, c'est de savoir troubler un cœur » - Auguste Guyard

Depuis la découverte du quadruple meurtre au cimetière du Mont Auburn, l'équipe d'investigateurs ne chômait pas. Passant en revue toutes les disparitions déclarées par un tiers-personne, la brigade criminelle s'acharnait à identifier les trois squelettes et l'homme étiqueté sous l'appellation de « John Doe ». Frost, Korsak et les deux Rizzoli feuilletaient les archives et les banques de données de la police locale à la recherche de toutes signalisations suspectes autour du cimetière.

« Alors, vous avancez dans cette affaire ? - Angela papillonnait autour de sa fille et de son amie légiste en quête de potins.

- Non maman et tu serais gentille de ne pas enfoncer le couteau dans la plaie, grogna l'inspecteur en fixant d'un air écœuré la galette d'avoine sans gluten et sans gras qui trônait majestueusement au centre de son assiette.

- Les résultats de tous les ADN ne sont pas encore arrivés et les empreintes de notre victime n'ont fourni aucune concordance, informa Maura à une Angela dépitée par la réaction de sa progéniture. Alors Jane est un peu sur les nerfs.

- Je serais de meilleure humeur si je n'avais pas à avaler cette "chose", pesta Jane en soupirant exagérément, jouant du bout de sa fourchette à déloger les quelques raisins récidivistes.

- Mes produits sont très appréciés par tes collègues, se targua Angela en toisant sa fille d'un air furieux, et tu serais bien avisé de manger plus santé, n'est-ce pas Maura ?

- Tout à fait. Une étude publiée en octobre dernier dans Environmental Health démontre les bienfaits de l'agriculture biologique sur les risques d'obésité, l'absentéisme de pesticides, mais aussi le système neurologique...

- Maura, ça serait sympa que tu me soutiennes parfois, maugréa Jane en fourrant une bouchée de son petit-déjeuner dans sa bouche. Elle repoussa le tout non loin d'elle.

- Désolée.

- Allez, viens, on a du pain sur la planche. À tout à l'heure m'man. »

Et sans plus de cérémonie, les deux expertes prirent la direction des ascenseurs. Jane pressa un doigt sur le bouton menant au sous-sol et croisa les bras. Maura, vêtue d'une coquette robe jaune et d'une veste en cuir se mordillait les lèvres. Jugée sur des escarpins que son amie aurait qualifiés d'« engins de torture », elle fixait l'air renfrogné de l'inspecteur.

Malgré ce qui s'était passé la veille entre elles, Rizzoli et Isles n'avaient pas eu l'occasion de reparler en toute intimité. L'enquête avait pris le pas sur leur vie intimité et pourtant... Prise d'une inspiration subite, Maura arrêta la descente de l'ascenseur à la grande stupéfaction de son amie qui haussa les sourcils.

« On a gagné un peu de temps. Veux-tu que nous reparlions d'hier ? demanda la médecin légiste en observant la réaction de Jane dont le visage se détendit immédiatement.

- Il y aurait beaucoup à dire, mais ce n'est pas le lieu idéal Maura.

- Je sais. Je voulais juste être certaine que tout allait bien. Cette situation et tout ce qu'elle sous-entend si tôt après ta séparation d'avec Casey... sans parler de cette affaire de quadruple meurtre...

- Maura, l'interrompit Jane en saisissant ses mains glacées, je ne regrette rien. Tu es adorable de t'inquiéter pour moi, mais ça va aller. J'avais besoin de tout t'avouer et je ne voudrais pour rien au monde faire un retour en arrière.

- Je sais que je ne te l'ai pas dit hier soir Jane, mais je partage des sentiments semblables à ton égard. »

Inconsciemment, cet aveu aussi simple que sincère ôta une chape de plomb des épaules de la policière qui, après s'être ouverte la veille, craignait que son affection ne fût pas partagée de la même façon par le médecin légiste. En plus de la frustration de ne pas avancer d'un iota sur les meurtres de Mont Auburn, la jeune femme s'interrogeait sur les impressions de son amie légiste.

RIZZOLI & ISLES : en eaux troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant