Chapitre 14

278 14 0
                                    


« Les poètes le savent, les prophètes et les saints : que les mots sont aussi sexuels que le corps des femmes et que le souffle les fécondent s'ils se laissent épouser. » Lorette Nobécourt

« Rizzoli, dans mon bureau ». La voix autoritaire de Sean Cavanaugh résonna dans le couloir tandis que sa tête de bureaucrate stressé s'encadrait dans la fente de la porte. « Et pas dans dix ans ».

Jane rentra la tête dans ses épaules, soupira, jetant au passage un regard larmoyant à Korsak et parti en direction du bureau de son chef, un gobelet de café bien chaud à la main. Pénétrant dans la pièce, Rizzoli afficha un sourire innocent et tendit la boisson chaude au commandant en un geste invitant.

« Non merci. » Au moins, c'était dit. Il ne restait plus qu'à Jane à s'asseoir et à attendre la remontée de bretelle qui s'ensuivrait. « Rizzoli, cette affaire de quadruple homicide n'avance pas d'un iota et mes supérieurs ne me lâchent pas la grappe alors, bon sang, qu'est-ce qui se passe ?

— Et bien..., commença prudemment Jane en se raclant la gorge.

— J'ai eu le docteur Isles au téléphone il y a une heure. De son côté, toutes les analyses et les conclusions ont été formellement déposées sur votre bureau en début de matinée. Pourquoi n'ai-je pas un coupable à interroger ?

— En fait..., tenta l'inspectrice pour la seconde fois.

— Écoutez Rizzoli, coupa Cavanaugh en croisant ses doigts sur l'agenda professionnel qui lui servait aussi de pense-bêtes, je ne mélange que rarement les deux pans de ma vie, mais, en côtoyant votre mère, je suis au fait de certains litiges entre Maura et vous. Alors n'allez pas croire que ceci explique cela parce qu'ici, vous êtes flic et en tant que tel, vous devez vous consacrer à votre boulot. J'ai demandé au docteur Isles de mettre vos différends de côté pour le moment afin que vous continuiez à travailler ensemble. Cependant, j'espère être assez clair dans mes propos Rizzoli : vous devez me fournir un suspect dans les plus brefs délais. »

Le monologue du commandant avait laissé Jane mal à l'aise. Elle détestait voir sa vie étalée au grand jour par le simple fait qu'Angela fréquentait son supérieur hiérarchique. Cela étant, il était en effet grand temps de régler son différent avec sa meilleure amie. La vague de jalousie atténuée, il serait de bonne guerre de mettre fin aux hostilités. Sa mère cesserait de lui rappeler constamment combien Maura et Tommy étaient innocents du baiser échangé et, pour sa part, Jane mettrait à plat le devenir du potentiel couple qu'elle pourrait former avec la légiste.

« Je descends voir Maura, annonça Jane en passant la tête par l'encadrement de la porte constamment ouverte et qui donnait sur la salle d'investigation. Frost et Korsak lui jetèrent un coup d'œil, validant l'information d'un signe de tête tout en se jetant un regard équivoque une fois Rizzoli partie. Sa voix retentit néanmoins à quelques pas de là : "Et pas de commentaires."

RIZZOLI & ISLES : en eaux troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant