RIZZOLI & ISLES : en eaux troubles

CHAPITRE 12

« La volupté est faite de désir, de perversité, de curiosité allègre, d'insistance libertine. » - Colette

« Je dépose tout sur le comptoir et on allume la télé ? demanda Jane à Maura déjà partie en direction de la chambre se changer.

- Si tu veux. »

Tout en s'affairant à placer les mets chinois sur le passe-plat de la cuisine, Jane sifflotait. La journée avait été longue et aucune nouvelle donnée n'avait propulsé l'enquête en avant. Autant dire qu'ils faisaient actuellement chou blanc. Au moins, le chien Tobey n'avait pas ramené un troisième os chez son propriétaire. Avec un peu de chance, le tueur patientera bien gentiment le temps que la criminelle identifie les corps.

« Tu as laissé des vêtements ici si tu veux te changer, l'informa Maura en revenant dans la pièce, une tenue de pyjama satinée enfilée après une douche rapide. Les cheveux noués en un chignon négligé, elle était superbe.

- OK. Attends-moi pour choisir le programme. »

Quinze minutes plus tard, un plat cartonné sur les genoux et une serviette en papier prête à l'emploi, les deux femmes zappaient au hasard de leur envie. Pour ce soir, Maura n'avait émis aucune restriction culinaire à la grande joie de Jane. Un bon repas chinois, voilà ce qui remotivait les troupes.

« Bonsoir les filles ! »

Angela venait de pénétrer dans la cuisine par la porte extérieure donnant sur son propre logement. Vêtue d'un pyjama en flanelle dès plus disgracieux, elle plaqua un baiser sur la joue de sa fille grimaçante avant de s'adresser à Maura :

« Dis Maura, je me demandais si je pouvais organiser l'anniversaire de TJ ici cette année.

- Pourquoi Tommy ne le fête-t-il pas chez lui ? répondit Jane surprise.

- Ici, c'est comme un terrain neutre - Angela était mal à l'aise. Je me suis dit que les réunions de famille se faisaient toujours ici donc...

- C'est d'accord Angela. Vous pouvez tout organiser ici.

- Tu vois Maura, tu l'as mal habitué depuis qu'elle vit près d'ici, renchérit Jane faussement contrariée.

- Et toi, tu devrais avoir un peu plus de respect pour ta mère. » Angela administra à sa progéniture un regard noir avant de se draper dans une dignité toute métaphorique et prendre la direction de la porte. « Je devrais adopter Maura tiens ! Comme ça, tu ne serais plus la seule Rizzoli fille dans cette famille. »

Jane rit tandis que Maura hocha la tête de droite à gauche, souriant de toutes ses dents face aux réactions de Rizzoli mère :

« On serait bien embêtée si elle t'adoptait. Ça ferait de nous des sœurs.

- Et techniquement, nous serions dans une relation pseudo-incestueuse, précisa Maura d'une petite moue piteuse.

- Mais heureusement pour nous, tu n'es pas ma sœur. »

D'une voix plus ténue afin de ne pas réveiller le dragon avoisinant les lieux, Jane s'était rapprochée de Maura, un doigt dessinant des tracés imaginaires sur le dos de la main volontairement abandonnée.

« Tu disais ce matin qu'on devrait parler, annonça Maura qui semblait indécise sur la conduite à suivre ». Habituellement, son esprit pragmatique analysait les intentions de la personne s'adonnant au badinage amoureux et s'en suivait une succession d'échanges menant au lit. Pour le coup, non seulement le médecin légiste était désemparé de brusquer son amie par des actes inconsidérés tout en contraignant son corps à de modestes frémissements. « Ça me semble le bon moment pour...