CHAPITRE VII

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La lumière reflétait son épiderme en mille étincelles

Cheetah Eye n'avait jamais réellement eu de chez lui. Ou du moins, jusqu'à sa majorité. Il avait bien une maison, mais jamais il n'avait pu la considérer comme telle. Il y était resté enfermé jusqu'à ce qu'il atteigne un âge assez avancé pour pouvoir réfléchir par lui-même et partir. Ainsi, à 13 ans, il commença à sortir la nuit. À cette époque, il s'appelait simplement Baekhyun et était un garçon aussi ordinaire que n'importe qui, excepté le fait qu'il possédait un courage supérieur à la moyenne. Le jeune garçon déambulait dans les rues sans se soucier du lendemain, capuche sur la tête et mains dans les poches. Ses écouteurs dans les oreilles, il ne pensait même pas à prendre part à l'environnement. Il ne pensait qu'à marcher; marcher et marcher encore. Marcher jusqu'à qu'il ne sente plus ses jambes et que ses pieds s'échauffent. Marcher jusqu'à ne plus savoir en vivre.

Baekhyun avait 14 ans lorsqu'il commença à dealer. D'abord occasionnellement puis de façon routinière, à l'ombre d'une ruelle ou au fin fond d'un parc. Ainsi, il ramassa pas mal d'argent pour son compte, malgré le fait que son boss soit assez radin lorsque cela concernait le nombre de billet à refiler à ses employés. L'adolescent avait rencontré cet homme au détour d'une rue tandis que celui-ci était encore sur le terrain, refilant sa marchandise à un drogué du coin. Prit sur le fait, l'homme avait prit peur et l'avait rapidement traîné entre deux bâtiments, le plaquant contre le mur.

- T'es qui toi ? Lui avait-il demandé, de la sueur coulant sur ses tempes.

- Baekhyun, avait dit le jeune garçon sans cillé.

- Ça ne me dit pas qui tu es.

Baekhyun n'avait pas répondu et l'homme s'était calmé, desserrant sa prise. L'homme lui avait demandé si il allait cafter; Baekhyun avait répondu qu'il n'était pas un cafteur. L'homme, devant son manque de réaction, lui avait ensuite demandé si par hasard il cherchait du boulot; Baekhyun avait répondu qu'il ne cherchait rien mais qu'il pouvait tout accepter.

Au point où il en était, l'homme pouvait tant bien même le tuer qu'il ne ressentirait rien.

Et deux longues années plus tard, l'homme se fit assassiner. Coincé en plein milieu d'une guerre de gang, Baekhyun s'échappa de justesse, frôlant la mort du bout des doigts. Il couru et il couru encore, jusqu'à s'en crever les poumons et s'en briser les jambes.

- Tu cours vite, lui avait dit son boss avant de succomber à ses blessures, alors cours.

Il était rentré chez lui, ce matin-là. Il était rentré chez lui comme il l'avait toujours fait; enlevant ses chaussures dans l'entrée et posant son manteau sur le cintre prévu à cet effet. Puis, il avait entreprit de se doucher. Et Baekyun avait frotté, il avait frotté jusqu'à ce que plus aucune trace de crasse ne soit visible sur sa peau laiteuse.

Ses parents ne se préoccupaient pas de lui alors il ne se préoccupait pas d'eux. Il vivait sa vie au gré du vent, à la recherche d'un but qui donnerait du sens à son existence. Et puis, Baekhyun avait ce rêve, ce rêve auquel il s'accrochait depuis qu'il avait appris ce fameux jour qu'il ne serait pas comme tout le monde; qu'il avait un truc en plus ou un truc en moins, un truc qui l'avait rendu différent et dépendant.

Et alors qu'il se retrouvait là, face à ce mur vierge comme il en avait si souvent vu, entouré de ces personnes qu'il avait trouvé et soi-disant sauvé, qu'il avait rassemblé et modelé pour en faire la famille que chacun avait espéré, il repensait à sa vie d'avant. Bombe de peinture à la main, il ne bougeait pas, fixant la surface grise et granuleuse. Les quatre autres garçons parlaient entre eux, rigolaient et se chamaillaient. Et Baekhyun était là, froid et distant, fort et cassant, les écoutant d'une oreille distraite tandis qu'il analysait les tubes qu'il tenait du bout de ses doigts tremblants.

Cheetah EyeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant