Chapitre 9

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D'un mouvement vif, Aypierre se propulsa en avant et réussit à passer la porte d'entrée de l'immeuble avant qu'elle ne se referme. Il s'attira un regard mauvais de la dame qui venait de sortir, mais il n'avait pas le choix. S'il avait tenté d'utiliser l'interphone, sa demande serait certainement restée sans réponse. Sans compter qu'on ne lui aurait ensuite probablement pas ouvert l'accès à l'appartement qu'il cherchait à rejoindre à tout prix...

Le cœur battant, le jeune homme raffermit sa prise sur la petite boîte qu'il tenait dans ses mains et se mit à gravir les marches des escaliers, délaissant de ce fait l'ascenseur et sa cabine tapissée de miroirs dont les portes rouges étaient pourtant ouvertes. Ce n'était pas qu'il avait spécialement envie de faire du sport, mais l'exercice physique lui semblait être un bon moyen de canaliser la montée d'adrénaline puissante qui l'animait à l'idée de ce qu'il allait faire.

Son étage de destination arriva bien trop vite et Aypierre se surprit à inspirer profondément. Il n'avait pas vraiment peur, mais il était nerveux. Suffisamment pour que ce soit inquiétant. C'était rare qu'il ait du mal à contrôler ses émotions, mais celles-ci faisaient un tel yo-yo depuis la veille qu'il ne savait plus vraiment où il en était. Alors, pour se donner contenance, il se concentra sur son but, posa un regard déterminé sur la porte et ne se laissa pas trop de temps pour réfléchir avant de tendre un doigt pour presser la sonnette.

Il entendit le son se propager dans l'appartement devant lui et compta les secondes dans sa tête en laissant son regard parcourir les détails de cette porte devant laquelle il s'était tenu tant de fois durant son enfance. De nombreuses choses avaient changé depuis cette époque, mais pas l'affection qu'Aypierre portait aux habitants de ces murs.

Il prit une inspiration tremblante et ferma les yeux, priant de toutes ses forces pour qu'il ne soit pas trop tard. Pour qu'il n'ait pas tout gâché. Il pria pour qu'un jour la porte s'ouvre et qu'il reçoive un sourire et de gentilles paroles de bienvenue, comme cela avait toujours été le cas mais n'allait pas l'être cette fois-ci. Comme ça n'allait peut-être plus jamais l'être.

Des bruits de pas retentirent de l'autre côté de la porte et Aypierre se prépara mentalement à lutter. S'il parvenait à faire en sorte qu'on le laisse entrer, il aurait déjà à moitié gagné.

L'intérieur se découvrit sous ses yeux, mais Aypierre n'y prêta pas une once d'attention. Son regard se focalisa immédiatement sur Azenet qui avait ouvert la porte avec une sorte de nonchalance qu'il sembla perdre immédiatement en reconnaissant son visiteur. Ses yeux s'écarquillèrent, et puis sa mine se ferma, au même rythme que le cœur d'Aypierre se serrait. Ce dernier voulut ouvrir les lèvres pour dire quelque chose, mais son meilleur ami réagit plus vite que lui et poussa la porte vers l'avant pour la lui refermer au nez.

Sauf qu'Aypierre n'avait pas dit son dernier mot. Il connaissait trop bien son ami pour ne pas se douter qu'il ne le laisserait pas entrer si facilement. Lestement, Aypierre s'était propulsé en avant et avait glissé son pied dans l'interstice encore présent entre la porte et son encadrement. La porte fut coupée dans son élan et Aypierre se remercia intérieurement d'avoir mis ses épaisses bottes d'hiver pour sortir.

« - Va-t-en, Pierre. »

La voix d'Azenet était éteinte, presque un peu trop faible pour être convaincante. Aypierre se demanda s'il devait y lire une intention de ne pas réveiller sa mère ou plutôt une fatigue quelconque, mais qu'importe. Il aurait tout le temps de s'en inquiéter... une fois à l'intérieur.

« - Aze, je suis désolé, je sais que j'ai merdé hier. Je suis venu m'excuser... »

Il poussa doucement sur la porte, mais ses paroles n'avaient pas dû être assez persuasives, parce qu'Azenet opposa une ferme résistance face à sa tentative.

Une année au lycéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant