2. Il faut que tu sois parfaite pour cette nuit

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Le lendemain matin, c'est Charlène qui me tira de mon sommeil. Elle ouvrit les deux petites fenêtres qui firent entrer aussitôt un rayon de soleil dans la petite pièce. Puis elle m'apporta mon petit-déjeuner alors que je n'étais même pas encore sortie du lit. Charlène était une femme très serviable, un peu trop même et je désapprouvais sa condition de bonne à tout faire, sans qu'elle n'ait à se plaindre et qu'elle exécute tout ce qu'on lui demandât.

- Negan m'a dit qu'aujourd'hui il allait vous faire visiter le Sanctuaire! Vous serez en compagnie de Simon et de Dwight à ce que j'ai compris. Quelle chance, c'est bien la première fois qu'il propose une telle activité à une de ses épouses.

Je ne savais pas quoi dire, car je me me sentais pas du tout flattée.

- Qui sont Simon et Dwight? demandai-je.

- Ses bras droits. Enfin... c'est Simon qui est son bras droit. Mais je te conseille de te méfier de lui, il est plutôt vicieux. Et Dwight, c'est un homme de confiance du patron, son adjoint pour être plus précise. Lui, il est gentil avec nous, il est drôle aussi. Tu t'entendras bien avec je pense!

- Es-tu aussi une de ses épouses, Charlène?

Je connaissais la réponse, mais je me devais de le lui demander, pour en avoir la certitude. Elle rit à ma question.

- J'aurais bien aimé! Enfin, je pense... il est plutôt bel homme, non? Mais non, je ne suis que sa gouvernante, je m'occupe de lui, un peu comme une maman, ainsi que de ses poupées.

- Ses poupées?

- Oh... je veux dire ses épouses, vous, en l'occurrence.

Je me refroidis sur place. Après m'être préparée comme il fallait, c'est à dire plus sexy que jamais, Negan vînt me cueillir dans le salon où les épouses se retrouvaient. Il y régnait une fausse ambiance chaleureuse, la pièce étant imprégnée de parfum pour femme. Les résidentes pouvaient papoter, se raconter des histoires, certaines se coiffaient entre elles, d'autres restaient seules. Je sus immédiatement que ça ne serait pas l'endroit où je passerai le plus de mon temps. J'avais l'habitude d'avoir la bougeotte, et rester assise sur un fauteuil était loin d'être mon point fort.

- Serra! s'exclama le patron en me voyant. Mais qu'elle est belle! Viens, viens faire une balade avec ton futur époux!

Il me baisa la main et me présenta ses 2 acolytes: Simon, un homme grand et moustachu de naissance, était d'une laideur incomparable, et je crus les paroles de Charlène sur le champ. Il m'afficha cependant un sourire radieux et me salua galamment. Quant à Dwight, son physique n'était pas meilleur: blond comme les blés, il arborait une moitié de visage entièrement brûlée au troisième degré. Il tenait une arbalète dans son dos. Lui se contenta de me sourire timidement. Ils me firent visiter la salle principale au rez-de-chaussée où les «petites gens» vivaient, c'est à dire les gens sans aucune aptitude, les pauvres et les vieillards. C'était une sorte de vieux hangar aménagé, avec des couchettes sales et des tables de bois où étaient exposés les produits frais, comme dans un marché. Ces gens gagnaient leur pain grâce à un système de points, que Negan m'expliqua dans les moindres détails. Plus un homme gagnait de points, plus il remportait gros: une grosse couverture qui le tiendrait au chaud, un gros bol de soupe, une boîte de bonbons, des choses simples qu'ils ne pouvaient même pas se procurer naturellement. Dès que Negan passait dans le coin, je remarquai que tous se mettaient à genoux devant lui. Ils le vénéraient, ce qui accentua ma perplexité de toute cette situation. Ces gens ne semblaient pas le craindre, mais le louer. Plusieurs personnes le saluèrent de façon hyperbolique, en essayant d'être remarqué le plus possible. J'ai pu visiter les jardins, les locaux où la nourriture était stockée, et enfin la Barrière. La Barrière était un endroit très dangereux, aussi m'interdit-il de franchir les grillages qui nous séparaient de ce qui se trouvait de l'autre côté, à savoir un bon nombre de morts. Des pauvres gens avaient pour tâches de maintenir les monstres en se servant de pieux pour les empaler ou de solides chaînes pour les immobiliser. On aurait dit un goulag.

Le Monstre HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant