7. On est en guerre

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Quatre mois étaient passés depuis l'incident avec le docteur Carson, qui s'était doucement rétabli de son traumatisme. Il continuait toujours d'exercer son métier cependant, malgré les moqueries qu'il recevait parfois de certains Sauveurs. Dans une semaine, j'irais pour ma part entamer mon 5e mois de grossesse. Mon ventre était devenu tout rond et, contrairement à ce que je m'étais imaginé, je me portais très bien ainsi. Mon époux était sans aucun doute l'homme le plus heureux du monde. Comme je ne pouvais plus le combler durant la nuit à cause de mon ventre devenu trop opulent, il passait presque tous ses temps libres avec ses autres femmes, pour me réserver ses soirs où il se blottissait contre moi comme un enfant. J'aimais réellement ma vie, sans prendre en compte les fois où Negan décidait de tuer quelqu'un ou bien partait en raid avec ses hommes; j'avais toujours peur qu'il ne revienne pas, et que Dwight me ramène son corps. Avec Dwight, justement, nous avions une relation très spéciale. Nous étions amis, mais il m'embrassait comme un amant, et je lui parlais comme une maîtresse. Nous n'avions plus eu de rapports intimes depuis cette fameuse nuit mais je le voyais quelques fois quand Negan vaquait à ses occupations, pour un dîner, ou bien une partie de cartes. J'étais libre, mais j'avais conscience de l'interdiction de le tromper, règle que je trouvais légitime, puisque j'étais son épouse. Un jour pluvieux où je faisais du tricot avec Sophie, l'alarme d'un code noir retentit. Au Sanctuaire, il y avait plusieurs codes qui, selon leurs couleurs, indiquaient la gravité d'un incident: le code jaune signifiait qu'il était l'heure de rendre visite aux communautés asservies par les Sauveurs et récupérer la taxe de vivres, chose que je désapprouvais totalement, et qui fut bien des fois le sujet de conflits entre Negan et moi. Le code rouge signifiait qu'un des membres des Sauveurs, ou bien une personne appartenant au Sanctuaire s'était enfuie, ou bien avait disparue. Le code blanc quant à lui appelait le patron à pratiquer une exécution sur un condamné; et tout le monde devait y assister. Le code noir enfin, était le plus rare, mais aussi le plus grave, car il signifiait une attaque de l'intérieur, et l'obligation de se mettre en quarantaine pour les non combattants. Depuis que j'étais arrivée ici je n'avais jamais eu affaire à un code noir, et Negan ne m'avait jamais briefé sur la marche à suivre en cas de catastrophe.

- CODE NOIR! JE RÉPÈTE. CODE NOIR!

Tout le monde stoppa net ses activités et se précipita en tout sens, me donnant très vite le vertige. Le hangar se remplit automatiquement de cris, de pleurs d'enfants, et de bruits d'armes à feu. Sophie, prise de panique, laissa tout notre matériel en plan et me tira par l'épaule.

- Cours! me dit-elle. Vas te cacher dans tes appartements, et n'y sors sous aucun prétexte, tant que ce n'est pas le patron!

- Venez avec moi, proposai-je.

- Non. Nous avons nos cachettes ne t'en fais pas ma chérie! C'est toi qui ne doit pas prendre de risques, protège ton petit!

Et sur ce ils m'abandonnèrent et se mirent à courir vers un autre passage eux aussi. Je me mis donc en route vers les escaliers principaux dans le but de retourner au salon. Beaucoup me bousculaient sans perdre leur temps à savoir qui j'étais. La peur venait de s'être installée partout au Sanctuaire. Soudain, un coup de feu. Deux coups de feu. Et bientôt une avalanche de tirs qui venaient de juste devant le hangar.

- Serra!

Negan venait de s'égosiller pour me tirer de ma rêverie. Je le vis serrer Lucille de toutes ses forces et foncer vers moi. Par instinct, je plaçai une de mes mains sous mon ventre qui commençait à me peser en plus du stress et de l'appréhension.

- Bordel, chérie, qu'est-ce que tu fais là? gronda-t-il. Tu ne devrais pas être là, suis moi tout de suite!

Je ne posai aucune question et le suivis donc en tentant de garder son rythme du mieux que je pouvais avec mes jambes fragiles. Nous passâmes devant le salon qui, contrairement à son habitude, était fermé. Nous montâmes encore quelques étages avant d'arriver tout au sommet du Sanctuaire, dans une pièce que je n'avais encore jamais vue. C'était une sorte de petit placard barricadé rempli de vieilles caisses vides. Étrangement il n'y avait pas âme qui vivait.

Le Monstre HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant